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Marchés des tôles : la fatwa de Benoît Ouattara

mercredi 6 décembre 2006.

 
Benoît Ouattara

Comme de nombreux autres secteurs tels le sucre, l’huile, il est indéniable que le marché des tôles au Faso n’est nullement épargné par la fraude.

C’est pourquoi le collectif des entreprises industrielles burkinabè de production et de transformation des métaux a sollicité une réglementation sur les tôles et le fer à béton. L’appel fut entendu par les autorités qui répondirent par l’arrêté n°2004-084/MCPEA/MFB/MITH du 10 août 2004.

On se disait que cette mesure s’appliquerait à tous les opérateurs. Que nenni ! Certains réengagèrent leur sport favori, au su et au vu de tous.

Un contrôle inopiné effectué en avril 2006 révéla encore que certains fabricants, et pas des moindres, foulaient au pied l’esprit et la lettre de la réglementation en vigueur. L’affaire avait fait grand bruit en son temps, du fait de l’application partiale de l’arrêté interministériel.

Et c’est le même reproche que certains industriels réitèrent en cette fin d’année aux autorités gouvernementales en charge du Commerce et des Entreprises. "Le ministre Benoît Ouattara saura-t-il faire preuve d’équité dans le traitement de ce dossier sensible ?" C’est la question que certains opérateurs exerçant dans le domaine se posent depuis.

Il nous revient, en tout cas, qu’un énième arrêté, n°06-125/MCPEA/MHU du 13 novembre 2006, vient d’être pris réglementant le poids des tôles ondulées, galvanisées et aluzinc, des tôles bac galvanisées, alu ou aluzinc et instituant une marque indélébile d’identification. Mais cet arrêté pénaliserait nombre de fabricants qui menacent de fermer boutique, parce qu’en parfaite contradiction avec celui du 10 août 2004, sans disposition transitoire aucune.

Pourquoi un tel durcissement de ton même si le besoin de mettre de l’ordre paraît évident ? On ne le sait trop. En attendant, Benoît Ouattara met sa fatwa en vigueur : "Aucun manquement relevé ne sera toléré et tout contrevenant s’exposera à de très lourdes sanctions. Les cas de violation des dispositions de l’arrêté n°06-125/MCPEA/MHU du 13 novembre 2006 seront réprimés. Pire, l’administration pourrait reconsidérer sa position en retirant l’autorisation d’implantation". C’est donc dit, mais cette fatwa pourra-t-elle s’appliquer à tous ?

Du côté de la zone industrielle de Kossodo, en tout cas, l’inquiétude des ouvriers ne cesse de se mêler à celle des investisseurs. Peut-être d’ici là, en saurons-nous davantage.

J.A.T.

L’Observateur