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Hydrocarbures : Les solutions alternatives de Pierre Claver Damiba

vendredi 17 novembre 2006.

 

Les perspectives de développement des biocarburants. C’est l’énoncé de la conférence publique donnée hier dans la salle de conférences de l’ex-CGP. Animée par l’ancien ministre de la République et aujourd’hui consultant international, Pierre Claver Damiba, la conférence a été organisée sous l’égide du Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES).

« Encore une rencontre sur les hydrocarbures ! ». Cette phrase, beaucoup peuvent la lâcher après l’évocation de cette conférence donnée par Pierre Claver Damiba. Et pourtant ! Les prix des hydrocarbures ont beau baisser, mais la question demeure toujours d’actualité.

Surtout que le Burkina Faso n’a pas découvert une nappe de pétrole enfouie quelque part jusqu’à l’heure où nous écrivons. D’ailleurs le thème était quelque peu original, puisqu’il a laissé tomber les notions de prix, d’offre, de demande, du marché international pour parler des énergies de remplacement, particulièrement les biocarburants.

En effet, dans de nombreux pays, l’on se tourne vers les alcools et huiles végétales comme substituts au pétrole sorti des raffineries. Ce carburant bio est tiré soit à base de canne à sucre, de betterave, de maïs, de blé, du colza, du tournesol, du soja, du coprah, du coton, etc. Pour le moment, ces biocarburants ne représentent que 2% de la consommation mondiale actuelle.

A cause de certains problèmes techniques, dit-t-on. Mais il est également à ajouter que dans les années à venir, cette proportion ne cessera d’augmenter. Conséquence, le Burkina a donc intérêt à rester dans cette dynamique.

Déjà, des expérimentations seraient en cours pour la production des biocarburants à base de graines de coton, de canne à sucre et de noix de pourgères. Et le conférencier s’est même dit être l’avocat de la culture d’une plante, le tournesol, au Burkina.

Bientôt du maïs dans nos réservoirs ?

Pourtant à notre sens il y a un grand « Mais ». L’on peut légitimement se demander si le Burkina, avec ses terres arides et dont la population vit d’une agriculture de subsistance, peut connaître un avenir avec du carburant fabriqué avec du maïs, de la canne à sucre ou du tournesol ou que savons-nous encore ? Un exemple pour mettre à nu cette difficulté.

Pour que les Français puissent se passer du carburant, rien que dans les transports, il faudrait trouver trois ou quatre fois l’espace en champs qui y est actuellement.

Quand on calcule la productivité à l’hectare de l’agriculteur de l’Hexagone et celle du pauvre paysan de chez nous, l’on se pose des questions sur la pertinence de cette idée d’autonomie en carburant à partir de produits vivriers de chez nous.

Cette interrogation taraudait donc tellement les esprits qu’elle a été posée au conférencier pendant la pause. La logique de Pierre Claver Damiba est la suivante : « Cela nécessite le développement d’une plate-forme industrielle pour produire le supplément de céréales qui servira à fabriquer le biocarburant. C’est dans le cadre de suppléments de céréales que nous nous situons. Il ne s’agit pas de soustraire l’énergie à partir de la production vivrière ».

Mais tout de même, pourquoi ne pas mettre plutôt l’accent sur l’énergie solaire qui est gratuite et inépuisable au Burkina Faso ? N’est-ce pas tout simplement parce que nos maîtres à penser (les Occidentaux) n’en ont point et il nous faut pour cela suivre une mode qui semble marcher ailleurs ? Pour M. Damiba, c’est une question d’ordre du jour d’une conférence.

« L’énergie solaire et éolienne existe. Mais le thème d’aujourd’hui porte sur l’énergie de la biomasse, à partir des graines, de l’alcool. L’énergie solaire est aussi une alternative qui vaut la peine d’être considérée ». Comme il fallait s’y attendre, la SONABHY était fortement représentée pendant cette conférence publique. A commencer par son Directeur général, Jean Hubert Yaméogo.

Sur la question, il pense qu’il ne s’agit pas pour nous d’imiter quelqu’un. Pour lui, C’est le souci de faisabilité qui a prévalu. « C’est vrai que l’on peut s’attendre à une réflexion d’ensemble sur l’ensemble des énergies de remplacement. Mais en attendant, l’on parle des énergies dont la production pourrait être effective d’ici là ». Et un brin rieur, il a fait une allusion à notre bonne lumière naturelle tant enviée. « De toutes les façons, même si c’est un effet de mode, nous ne perdons pas à attendre parce que notre soleil ne va pas disparaître de si tôt ».

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga



Vos commentaires

  • Le 17 novembre 2006 à 13:36, par Babs En réponse à : > Hydrocarbures : Les solutions alternatives de Pierre Claver Damiba

    Bravo !............. Le journaliste pose les bonnes questions !!!!...........

    Moi je dis que si le Burkina se lance dans cette course qu’il croit être une aubaine pour être un fournisseur des puissances industrielles avant d’être certain que sa population va se nourrir en QUANTITÉ ET QUALITÉ, c’est une honte !.............. Le gouvernement et tous ces messieurs riches feraient mieux de s’occuper des pauvres agriculteurs et de valoriser les techniques écologiques et biologiques qui ne favorisent pas l’érosion du sol et la désertification !!!!.............................
    Je crains fort qu’on se dirige vers une sur-exploitation des sols pour produire ces surplus de céréales !

    Je suis résolument CONTRE pour le moment, parce que l’urgence pour le Faso c’est lutter contre le désert et la faim, et les maladies !!!