Production du coton OGM : "Ne jouons pas à la roulette russe avec notre agriculture"Dans les lignes qui suivent, le Syndicat national des travailleurs de l’agropastoral s’insurge contre la décision du gouvernement d’imposer aux paysans la production du coton OGM. Une mesure qu’il condamne sans appel et met même en garde nos dirigeants à ne pas jouer à la roulette russe avec notre agriculture. Le Syndicat national des travailleurs de l’agropastoral condamne la décision du gouvernement, en matière de politique agricole, qui, impose aux paysans une production au sujet de laquelle on sait qu’à court ou moyen terme, ils ne tiendront pas. Nous, avons toujours condamné l’option pour le génie génétique dans l’agriculture. Nous, paysans, savons que l’agropastoral constitue un domaine vital, et partant, très sensible pour le monde rural. En conséquence, il n’est pas juste de jouer notre agriculture et notre élevage à la roulette russe. Notre inquiétude se situe à bien de niveaux : e) Dans les interventions du ministre d’Etat de tutelle, il ressort de façon récurrente que sur l’ensemble des terres arables disponibles, il n’y a seulement qu’un tiers, qui est exploité. Les deux tiers restants vont être cédés aux grands producteurs pour que les petits aient de l’emploi dans les grandes exploitations. Est-il envisageable, qu’en ce troisième millénaire où la machine a pratiquement remplacé l’homme, on songe à transformer ses paysans en ouvriers agricoles ? PARLONS DE GAIN Les spécialistes affirment que les producteurs auront trente-six mille francs (36 000) de plus par hectare. Ce qui est concret, les dépenses à l’hectare sont les suivantes : COTON CONVENTIONNEL INTRANTS (crédits consentis par la SOFITEX) DEPENSES PERSONNELLES DU PRODUCTEUR Nettoyage du champ....... 7000 f/ha Total : 108300 f/ha SEMENCE CONVENTIONNELLE Semence conventionnelle actuelle....... 885 x 2....... 1770 f/ha DEPENSE TOTALE EN COTON CONVENTIONNEL A L’HECTARE 209625 f/ha COTON BT INTRANTS_ Total : 95515 f/ha Insecticides coton BT : (2 traitements conquest ou équivalents) soit 8080 x 2 = 16160 f DEPENSE PERSONNELLE COTON BT Nettoyage du champ....... 7000 f/ha Total : 103500 f/ha SEMENCE Sans savoir combien elle s’élèvera, nous la prenons au prix bollgard (une toxine) pratiqué en Afrique du Sud. Soit 60 dollars/25kg = 60 x 540 = 1296 fcfa/kg 25 Prix à l’ha = 1296 x 36 46556 f/ha LE DROIT DE PROPRIETE INTELLECTUELLE - DPI Nous le prenons à la taxe du bollgard 2 pratiquée aux USA, soit 99 dollars/ha ou 540 x 99 = 53460 fcfa/ha Coût de la semence plus UPI 53460 + 46556 = 100016 fcfa/ha A supposer que le semencier oublie que son bollgard 2 est doté d’une deuxième toxine, qu’il oublie les frais d’importation et qu’il consente à garder la taxe pratiquée aux USA Les frais s’élèveront pour le coton BT à la somme de....... 199015 + 100016..... 299031 f/ha Comme nous pouvons le constater la semence seule alourdit les frais de production de : 98246. NB : Les renseignements sur le prix de la semence OGM en Afrique du Sud, et sur son DPI sont tirés du dossier Grain intitulé : Le coton BT à la porte de l’Afrique, paru en avril 2004. Quant au leurre d’un gain, nous n’y croyons pas du tout. D’ailleurs le chercheur dans son interview déclare : « II faut bien dire. C’est ce que nous disons toujours. Il s’agit d’une plante quand même, et il y a tout un itinéraire technique qui accompagne. Il ne s’agit pas de dire que c’est du coton OGM, on part jeter puis on revient s’asseoir. Ben, vous voyez, les travaux classiques se font dans la parcelle, mais vous voyez bien, vous avez une parcelle OGM. La même variété, qui ne contient pas le gène, mais vous ne savez même pas que c’est un coton OGM. Donc, il faut faire les travaux : les labours, les apports d’engrais ; c’est, vraiment... Il faut appliquer tout un itinéraire, pour atteindre le potentiel de production ». Cette mise au point se ressent comme une brèche qu’on ouvre, pour qu’à l’heure des comptes, l’analphabétisme des paysans ne soit mis à contribution pour se disculper. La méthode de 98, utilisée pour réhabiliter le faux pesticide et décliner la responsabilité civile, est prête à être réutilisée. La lutte contre la pauvreté ne passe pas par les OGM. Surtout en ce qui concerne le coton. Nous avons toujours dit que si une réelle volonté politique de lutter contre la pauvreté habitait les dirigeants, on ne mettrait pas de barrières entre eux et les paysans qui crient, mais en vain, les maux qui les minent. Jusque-là, il n’est organisé que des rencontres spectacles, qui ne peuvent donner lieu à des décisions citoyennes pour alléger la souffrance des paysans. Il faut un dialogue franc avec les paysans, où les maux doivent être examinés dans leur laideur réelle. Les non-producteurs de coton s’adonnent à l’agriculture biologique. Nous savons que les règles pour la certification sont très sévères. Qu’adviendrait-il si le pays présentait une pollution généralisée ? Doit-on sacrifier tout le peuple aux intérêts des multinationales ? Nous persistons que l’acte est condamnable, il relève du terrorisme. Nous demandons au gouvernement de nous sortir, nous et les générations futures, de ce péril. Houndé, le 12 octobre 2006 Le secrétaire général national Ousmane Tiendrébéogo Observateur Paalga |