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Immigrations : Dénoncer l’exclusion en Europe mais aussi en Afrique

mercredi 30 août 2006.

 

Tout comme au sein de l’Union européenne, différentes organisations en Afrique prônent la libre circulation de leurs différentes populations au sein de leurs espaces. Mais s’il y a une notion qui est caduque sur le continent africain, c’est bien celle de la libre circulation des personnes.

« Un pour tous, tous pour un » est une devise valable pour toutes les communautés dont le partage et l’entre - aide permettent un mieux-être, un mieux-vivre des populations. Toute organisation qui se veut crédible prend en compte cette valeur de solidarité. Ainsi, on crée une entité, un ensemble ou une globalisation qui ne fait plus de différence entre les ressortissants d’un espace. Les frontières sont donc au profit des personnes.

Elles sont donc libres de leurs allées et venues au sein de la communauté. L’Union européenne (UE) en est une belle illustration. Grâce à un espace Chenggen, les populations des pays membres sont libres de se rendre dans un autre pays tout en sachant qu’ils y ont des droits qui les protègent. Cette espace de l’Union européenne est un but poursuivi depuis plusieurs années dont la concrétisation est à la hauteur des espérances. Plus qu’un exemple, ce modèle inspire bien les Africains. Ainsi, on parle de CEDEAO, UEMOA, UA... En Afrique, on dénombre plus de 13 grosses organisations. Des pays appartiennent à cinq, six organisations et même plus.

On défend sa monnaie dans une organisation, sa culture dans une autre, on prend part à l’organisation de l’espace linguistique... Il y existe toute autre forme de communauté.

La multiplicité des organisations devrait logiquement permettre la libre circulation des personnes, un facteur important dans toute marche commune vers le développement. Malheureusement, fort du constat qui se dégage, la notion de libre circulation des personnes inscrite dans les textes des organisations (qui ont eu le mérite de les avoir) et soutenue par les politiques, est restée lettre morte. En effet, l’intolérance et le refus du voisin sont plutôt monnaie courante en Afrique.

Des Etats pourtant « adeptes » de la libre circulation des personnes parce que signataires des accords en la matière ont des lois taillées sur mesure qui ne font que renforcer le sentiment d’exclusion à l’encontre de leurs voisins.

Ainsi, au mépris des accords, on ne tient plus compte des liens historiques, de l’espace géographique oubliant par la même occasion que l’ensemble des textes et lois d’une organisation forment un tout, une entité indissociable où l’on ne choisit pas ce qui est bon pour soi uniquement. Des pays agissent ainsi parce qu’aucun texte au sein des organisations ne sanctionne concrètement sur le terrain, ceux qui ne respectent pas l’accord.

Dans d’autres pays, la haine, la xénéphobie sont visibles. Lorsque les « étrangers », les « réfugiés » ou encore « les clandestins » en partance pour l’Europe sont molestés ou traités de tous les maux par d’autres Africains, se pose clairement une problématique. Les Africains sont-ils prêts à accepter d’autres Africains ?

Récemment encore, un pays de l’espace CEDEAO, menacerait de mettre en cause le fameux accord de la libre circulation des personnes en saisissant son organisation de peur de se faire « envahir » par des « clandestins », des « étrangers ». Ce pays a eu le mérite de poser sur la table une préoccupation face à laquelle beaucoup tourne en rond. En réalité, chacun bat les cartes à sa façon et tourne le jeu à son profit. Mais on ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire.

Si l’affaire de l’église St Bernard il y a dix ans en France et toutes les autres formes qui font entraves à la dignité humaine, préoccupent tant les politiques africains et les populations, chose normale, ils devraient non seulement se comporter en conséquence mais aussi décrier les mêmes pratiques en Afrique avec la même vigueur car la charité bien ordonnée commence par soi-même.

A y voir de près, on est en passe de conclure que la libre circulation des personnes, l’acceptation de l’autre ne sont pas possibles entre des pays en développement où les tensions, les guerres entre voisins et le changement perpétuel des textes d’accords sont un véritable climat austère à l’intégration des peuples, pourtant point de départ de toute organisation d’avenir.

Hamadou TOURE (hatoure@yahoo.fr)

Sidwaya