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Dialogue inter-togolais : de Lomé à Ouagadougou

mercredi 23 août 2006.

 

En cette année 2006, le dialogue inter-Togolais a fait ses premiers pas en République du Togo. N’ayant pas pu parvenir à un consensus, les parties prenantes ont décidé de faire recours à un facilitateur externe en la personne du président du Faso, Blaise Compaoré. Le film d’un dialogue...

Avant de recourir au facilitateur Blaise Compaoré, les Togolais avait tenté une reprise du dialogue national dans leur pays. C’était le 21 avril 2006 sous l’égide d’un bureau dirigé par Me Yawovi Agboyibo. A ce niveau, les Togolais ont abouti au paraphe d’un document par 7 parties prenantes sur les 9 engagées. L’Union des forces du changement (UFC) de Gilchrist Olympio et la Convention de Léopold Gnininvi n’avaient pas jugé bon de s’engager dans cet “Accord”. Néanmoins, le bureau a apprécié favorablement les progrès réalisés. Il a estimé à 80 % le règlement des points inscrits à l’ordre du jour. Toutefois, un certain nombre de points méritaient d’être approfondis pour permettre aux frères togolais d’arriver à un consensus. Il s’agit du mode de scrutin, des conditions d’éligibilité, de la composition de la CENI, de la question de l’armée, de la gestion de l’impunité...
Sur ces points, nous a indiqué Me Agboyibo, “les participants ont estimé qu’il fallait recourir à une facilitation extérieure. Cela est d’ailleurs prévu dans notre règlement intérieur” (in Sidwaya N°5661 du vendredi 28 juillet 2006 p.3). Ainsi, un “choix consensuel” s’est porté sur Blaise Compaoré, président du Faso.

Une délégation du bureau du dialogue composée du président Me Yawovi Agboyibo, de la vice-présidente, Mme Wala Tchengaï Kissem et du rapporteur Gilbert Bawara, est diligentée à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, le 26 juillet 2006. L’objectif de cette mission était d’informer officiellement le président Blaise Compaoré du choix des Togolais. En réponse, le facilitateur choisi accepte d’apporter sa contribution pour la réconciliation du peuple togolais. “Ce n’est pas la première fois que le président Blaise Compaoré le fait”, s’était d’ailleurs rappelé Me Agboyibo au micro de notre journaliste le 26 juillet.

La méthode Compaoré...

En effet, le facilitateur a perçu cette nouvelle mission comme un devoir envers la sous-région et envers l’Afrique. Sans perdre de temps, il met en place un chronogramme de travail qui débute le 7 août 2006 avec une série de rencontres. Toutes les 9 parties prenantes au dialogue inter-Togolais (voir encadré) sont reçues les unes après les autres. Une démarche qui permet à chaque partie de se “vider” devant le facilitateur.

Ces consultations sont élargies aux chefs religieux et coutumiers, au président de la République togolaise Faure Gnassingbé, au Premier ministre Edem Kodjo. Cette étape des consultations a duré jusqu’au soir du mercredi 16 août. A peine les audiences séparées terminées, le facilitateur Blaise Compaoré ouvre la plénière où les parties prenantes se sont retrouvées. Il remet à chaque délégation composée de cinq membres un projet d’accord que lui-même a concocté après avoir tâté le terrain. Les participants avaient la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 août 2006 pour prendre connaissance du projet avant son examen dans la matinée.

Le premier jour des débats s’est déroulé sous la supervision du ministre d’Etat burkinabè en charge des Affaires étrangères, Youssouf Ouédraogo. Le facilitateur lui-même s’étant excusé pour prendre part à la fête nationale du Gabon.

Les péripéties d’une signature

Avant l’entame des débats proprement dits, des partis de l’opposition togolaise à l’instar de l’UFC ont jugé le projet du facilitateur “insuffisant”. Mais ils étaient déjà optimistes d’avoir un document de base à améliorer.

Effectivement, les échanges se sont déroulés toute la journée du jeudi 17 août. Et ils se sont poursuivis le lendemain avec le facilitateur revenu de son voyage. Les échanges reprennent de plus belle.

Le président Blaise Compaoré initie une rencontre parallèle avec certains délégués à l’hôtel Sofitel Ouaga 2000 où étaient logées toutes les délégations. Le reste des participants sont restés à la salle internationale de conférence de Ouaga 2000 où se tiennent habituellement les travaux. Après plus de 4 heures (9 h - 13 h) de huis-clos à l’hôtel, le facilitateur se retire et prend rendez-vous à 15 heures pour la reprise de la plénière à la salle de conférences. Il avait le sourire aux lèvres en montant dans son véhicule. Ce qui laissait déjà présager le bout du tunnel dans le dialogue inter-Togolais.

Le soir à 15 heures comme annoncé, la plénière reprendra à huis-clos. Le facilitateur n’est pas présent, le ministre d’Etat Youssouf Ouédraogo dirige les travaux.

Des délégués qui sortent parfois pour se relaxer, nous apprenons que les parties prenantes sont parvenues à un accord. Le directeur de la presse présidentielle burkinabè nous confirmera cette information, tout en précisant qu’il reste de petites corrections à apporter au document. Finalement, c’est à 21 heures (heure de Ouagadougou) que les journalistes ont été invités à rentrer dans la salle pour immortaliser le paraphe de “l’Accord politique global”. Un document de référence qui sera signé deux jours plus tard, soit le dimanche 20 août 2006 à Lomé au Togo, en présence du facilitateur Blaise Compaoré, des parties prenantes au dialogue et du président togolais Faure Gnassingbé.

Koumia Alassane KARAMA (karamalass@yahoo.fr)

Sidwaya