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Trois Burkinabè tués à Duékoué

mercredi 18 février 2004.

 

Les démons de la violence se réveillent à nouveau à l’Ouest et singulièrement à Duékoué. Hier mardi, 17 février, peu après 8 heures du matin, selon les informations parvenues à notre rédaction, quatre paysans burkinabè (tous des hommes) venus de la sous-Préfecture de Guehiebly dans le département de Duékoué ont été pris à partie par des jeunes Guéré du quartier, alors que ceux-ci passaient devant l’hôtel le mont Gao.

Battus, molestés, trois des paysans ont été tués sur le champ. Et l’autre a été grièvement blessé, Ouédraogo Karim. Ce dernier a été évacué à l’hôpital général de Duékoué.

Comme une traînée de poudre, la nouvelle de l’affrontement inter-communautaire a gagné toute la ville. Branle-bas dans les quartiers. Au marché, c’est la panique. Les Burkinabè organisent la riposte. Les autorités administratives qui ont senti l’embrasement se profiler à l’horizon, sollicitent la force Licorne qui quadrille aussitôt le quartier guéré. Des éléments de la force française sont même pris à partie par des jeunes, très excités. Entre temps, un détachement des FANCI vient aider la force Licorne à tenir le quartier guéré.

Les populations traumatisées par cet autre événement sanglant se terrent chez elles. La ville, elle, est paralysée. Plus tard, l’information parviendra à notre rédaction selon laquelle les quatre victimes ont été dépouillées des fonds de la vente de leurs produits agricoles et principalement le cacao.

Au moment où nous mettions sous presse, les autorités locales poursuivaient la médiation entre les deux communautés afin de ramener le calme dans la ville. Face aux rumeurs d’une nouvelle attaque, des jeunes Guérés aidés de miliciens afin de saccager le commerce et autres domiciles, l’armée française a dû déployer des chars.

Depuis le déclenchement de la crise militaire en Côte d’Ivoire, les affrontements intercommunautaires sont signalés dans le département de Duékoué. Et de façon récurrente, entre Burkinabè et Guéré.

Autant dire que l’ONU a eu le nez en envoyant en Côte d’Ivoire un émissaire en la personne du Sénégalais Doudou Diene pour la Commission des droits de l’Homme en vue d’enquêter sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance.
Assurément, la paix en Côte d’Ivoire passe par l’Ouest.

Coulibaly Brahima
Le Patriote