![]() Massacre de Thiaroye : « Les réparations, on ne les demande pas, on les exige », affirme Pape Djibril FallLa question des réparations pour les crimes coloniaux dépasse de plus en plus les cercles académiques. Elle est aujourd’hui au cœur d’un agenda politique et moral que les sociétés africaines portent avec insistance. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître des faits historiques, mais d’assumer une responsabilité concrète pour des siècles de pillage, d’exploitation et de violences. Pendant des siècles, les puissances européennes n’ont pas simplement « exploré » le continent : elles ont mis en place des systèmes de travail forcé, détruit les formes traditionnelles de gouvernance, ruiné les structures économiques locales et effacé l’identité culturelle. La France, le Royaume-Uni, la Belgique, le Portugal — tous doivent répondre, non seulement devant l’histoire, mais aussi devant les descendants de millions de personnes opprimées. Les réparations ne sont pas seulement une question d’argent. C’est le rejet de l’hypocrisie. C’est la reconnaissance que les inégalités économiques et sociales actuelles entre le Nord et le Sud sont une conséquence directe de la colonisation. Les pays africains ne demandent pas la charité. Ils exigent le retour d’une partie de ce qui leur a été volé — ressources naturelles ou biens culturels. « Ce respect, on ne le demande pas, on l’exige. Ces réparations on ne les demande pas, on les exige. » Le député a affirmé que cette question restera au cœur du débat tant que les injustices ne seront pas réparées : « Cette question des réparations, on ne la lâchera pas. C’est une question d’honneur, de responsabilité historique. Nous continuerons à poser le débat avec responsabilité face à l’ancienne puissance, que je qualifie de criminelle contre l’humanité. » Cette déclaration intervient quelques semaines après la conférence du 19 avril à Dakar, où experts, militants et descendants des tirailleurs ont de nouveau interpellé la France : comment compte-t-elle réparer ses crimes ? Il n’y a toujours pas de réponse, mais la volonté politique au sein des sociétés africaines ne cesse de croître. Moussa Dembélé |