
Burkina : Conseil national de la jeunesse, d’hier à aujourd’hui..., une faîtière qui peine à convaincre !Le Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso (CNJ-BF) fait, une fois de plus, l’actualité de la mauvaise manière. Depuis sa création, cette faîtière des organisations et mouvements de jeunes peine à convaincre qu’elle honore sa vocation. La structure semble plus diviser qu’elle n’unit les jeunes, et le mandat écoulé n’a pas dérogé à cette réalité. Ce qui a finalement obligé l’autorité compétente à suspendre le bureau exécutif national, pour expiration de mandat depuis juillet 2024. Plus que l’expiration du mandat, le Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso (CNJ-BF) brillait également de débats internes entre le camp du président sortant et ceux-là qui l’accusent de transformer la structure en un « bien personnel ». Le mandat actuel de la structure se termine donc, comme il a commencé. Sous tous les régimes, l’on a pointé, à tort ou à raison, les pouvoirs de surfer et de manigancer pour avoir le contrôle du CNJ-BF. Ce qui n’est pas de nature à faire un fonctionnement serein et à permettre à la structure de satisfaire à sa vocation. Créé en 2008, à la suite d’un congrès des jeunes qui s’est tenu les 2 et 3 décembre 2008 à Ouagadougou, suivi de l’élection du bureau exécutif national de cette faîtière des jeunes, le Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso venait ainsi de satisfaire à une des recommandations de la première édition du Forum national des jeunes, en juin 2005, autour du thème : « Responsabilisation des jeunes dans l’édification politique et économique du Burkina Faso ». Outre ce point, les jeunes avaient recommandé l’adoption d’une politique nationale de la jeunesse, la célébration régulière de la journée internationale de la jeunesse, la création d’un corps de volontaires du développement, la création d’un ministère plein de la jeunesse, la mise en place d’un Fonds de soutien et de promotion aux initiatives de jeunes (ce qui a donné le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes : FAIJ)... ainsi que l’institutionnalisation du forum. Ce cadre regroupant toutes les catégories de jeunes issues des contrées du pays, était donc devenu un rendez-vous annuel incontournable entre la jeunesse et le président du Faso. De 2005 à 2014, ce Forum fut organisé chaque année dans une ville différente du Burkina Faso, avec un tête à tête entre les jeunes et le président Blaise Compaoré (ce format était qualifié par des observateurs d’unique en Afrique ; des pays comme le Mali, le Niger et le Togo ont par la suite emboîté le pas). En résumé, à sa création, et pour ne s’attarder que sur celle-ci, le CNJ-BF était appelé à être une structure permanente entre les organisations de jeunesse et les décideurs, à œuvrer à la participation à la formation civique, technique et professionnelle des jeunes..., à harmoniser les actions des organisations de jeunesse.
Il sera réélu pour un deuxième mandat dans une condition de bras-de-fer entre son camp et le ministre en charge de la jeunesse d’alors, Dr Smaïla Ouédraogo. Cette élection, tenue courant 2021, l’a été dans une tension entre deux camps ; l’un accusant le président sortant, Moumouni Dialla, candidat à sa propre succession, de manipuler les textes en sa faveur tandis que l’intéressé et ses partisans chargent le ministre Smaïla Ouédraogo de vouloir imposer son candidat à la tête de la structure. A l’image du cas présent, tous les organes qui ont dirigé la structure de sa création à ce jour ont été, soient taxés d’appartenir à des officines politiques, soient de conduire un CNJ-BF à la solde de clan politique. A tort ou à raison donc, l’ombre des jeux politiques du moment a toujours été perçue sur cette structure. Conséquence, le CNJ-BF n’est jamais parvenu à brasser large et à convaincre par rapport aux missions qui lui sont assignées. Il reste peu connu de la cible et moins attrayant. Pourtant, plusieurs motifs militent à ce que le CNJ-BF soit la structure la plus en vue et la plus dynamique (importance numérique des jeunes, créativité et punch de cette frange sociale, mobilité, etc.). Malheureusement, c’est loin d’être le cas ; le CNJ-BF divise plus les jeunes qu’il ne les unit, il suffit de se documenter sur son actualité. C’est dire donc que la situation actuelle de la structure, qui vaut la suspension de son bureau exécutif national jusqu’à nouvel ordre, n’est pas une particularité. Il faut l’inscrire dans une vue globale, car le CNJ-BF semble traîner une tare congénitale, à travers notamment son rapport avec le ministère en charge de la jeunesse. Ce semble être un véritable handicap pour le CNJ-BF, quand on connaît les enjeux attachés au département en charge de la jeunesse et ce que vaut la jeunesse dans le jeu politique de conquête ou d’exercice du pouvoir. La transition étant perçue comme un moment propice aux reformes, engager le Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso dans la voie ne sera pas une mauvaise idée. Procéder à la mise en place d’un nouvel organe dirigeant dans les mêmes mécanismes du CNJ-BF, c’est le jeter en pâture aux mêmes problèmes. Des reformes pourraient permettre à la structure de jouer pleinement son rôle au profit des jeunes et partant, de la cause nationale, quand on sait par exemple que parmi les recommandations pertinentes faites par les jeunes, il y a une vingtaine d’années, que le CNJ-BF devait porter, figurent la création de comités villageois de lutte contre la drogue, l’abus d’alcool et les pratiques traditionnelles néfastes, et même l’amélioration de la gestion de la faune !. O.L Vos réactions (1) |