![]() Burkina Faso : Roukiatou Sedgo, victime d’excision, se bat contre la pratiqueRoukiatou Sedgo est la coordonnatrice du projet « Vivre avec l’excision », une initiative déterminée à aider les victimes de mutilations génitales féminines (MGF) et à sensibiliser le public sur les dangers de cette pratique. Ayant elle-même subi cette mutilation, Dame Sedgo a choisi de transformer sa douleur en une force pour le changement de mentalités des populations. Une équipe de Lefaso.net a rencontré cette militante pour recueillir son témoignage sur sa propre expérience de l’excision ainsi que les conséquences de cette pratique sur sa vie. Aujourd’hui âgée de 31 ans, Roukiatou Sedgo se souvient encore comme hier de ce qui s’est passé il y a 20 ans lorsqu’elle fut excisée. C’est après l’obtention de son certificat d’études primaires que Roukiatou devrait être conduite au village, soi-disant pour saluer ses tantes. Mais finalement, elle fut conduite dans un village non loin de Ouagadougou où elle sera excisée. « Elles étaient trois vieilles femmes ; une pour tenir les pieds, une autre pour écarter les jambes et la troisième pour effectuer l’excision. Un récipient en terre cuite contenant des pièces d’argent et des lames était présent. Le clitoris était coupé et jeté dans un trou puis recouvert de sable. J’ai perdu beaucoup de sang et pendant une semaine, tous mes habits étaient tachés. À l’époque, on utilisait des morceaux de pagnes et comme il était interdit de se laver, j’étais obligée de doubler les pagnes », se souvient-t-elle. Lorsqu’elle voulut comprendre les raisons qui avaient poussé ses parents à la faire exciser, elle reçut diverses réponses. « Ma mère m’a expliqué que cette décision venait des grands-parents pour éviter que je ne devienne frivole. Une autre raison était la croyance que le clitoris touchant la tête de l’enfant à la naissance pouvait causer la mort du nouveau-né », nous confie-t-elle. Bien qu’elle soit soutenue par ses parents dans son combat contre l’excision, elle a toujours des craintes concernant l’intimité et l’accouchement. Autre énorme défi auquel elle fait face est la perspective de la reconstruction du clitoris, car elle redoute de revivre cette douleur, malgré l’anesthésie. Ayant reçu un soutien psychologique et médical, elle invite les femmes excisées à se tourner vers un centre de santé pour avoir le soutien nécessaire. Hanifa Koussoubé Vos réactions (3) |