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Commerce équitable : La partition de l’intellectuelle africaine

jeudi 16 mars 2006.

 

Dans le cadre de la Journée internationale de la femme, le Comité des étudiants volontaires pour un commerce équitable a initié le 11 mars dernier, une communication sur « le rôle et la place de la femme intellectuelle dans le processus de développement, femme et APE ».

Interpeller la conscience des étudiantes sur les accords qui régissent le commerce international et qui jouent négativement sur les Africains. C’est le souci qui a guidé le comité des étudiants volontaires pour un commerce équitable à initier une communication sur le rôle des femmes intellectuelles dans le processus de développement et un aperçu sur les APE. Pour la conférencière, Mme Awa Somé, du Réseau de communication et d’information des femmes (RECIF/ONG), les accords de partenariat économiques (APE) sont purement des accords de libres échanges réciproques entre pays ACP et ceux de l’Union européenne.

Ce qui implique que les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) doivent ouvrir leurs frontières aux produits de l’UE. Alors que « le principal enjeu de l’ouverture de nos marchés aux produits de l’UE réside dans la concurrence. Nous pensons que les ACP ne sont pas à mesure d’exercer une concurrence à partir de 2008 », a laissé entendre Mme Somé.

Selon la conférencière, cette concurrence au plan industriel, entraînerait une désindustrialisation au niveau des pays ACP qui se traduirait par des pertes d’emplois. « L’impact sur les salaires ou l’emploi, affecterait considérablement les plus démunis, ce qui augmenterait le taux des pauvres dont la majorité est constituée de femmes. Au Burkina Faso, sur les 41% de pauvres, plus de la moitié sont des femmes », a-t-elle encore indiqué.

En dehors de ces accords défavorisants, pour les pays ACP, la question de la subvention accordée par les gouvernants des pays du Nord à leurs agriculteurs a été aussi évoquée. Au regard de cette donne, la conférencière a été amenée à se poser un certain nombre de questions : l’envahissement de nos marchés par les produits de l’Europe, permettra-t-il aux femmes de vendre les produits issus de leurs petites unités de transformation du lait ? Pourront-elles exporter un jour, leur produits made in Burkina vers l’Europe avec les conditions de contrôle de la qualité, des normes ? Comment les femmes déjà pauvres supporteraient le fardeau des pertes d’emplois lies à la fermeture des entreprises ?

Mme Somé reste convaincue que des alternatives doivent être analysées avant la signature des accords qu’elle a rebaptisés « armes de paupérisation économique ». Il s’agit de la souveraineté alimentaire, de l’intégration régionale, de la promotion des industries ou PME.

Au terme de la réflexion, Mme Awa Somé est arrivée à la conclusion que la femme intellectuelle à un rôle prépondérant dans la lutte pour un monde plus juste où les droits des femmes seront reconnus, où la pauvreté sera réduite et leur situation socioéconomique améliorée.

« Cela ne sera possible que si les femmes intellectuelles, déjà actives et les étudiantes, futures intellectuelles, ont une analyse des politiques de développement et s’engagent à donner à leurs sœurs, leurs mères analphabètes, l’information juste et un accompagnement conséquent » , a souligné Mme Somé.

Gabriel SAMA

Sidwaya