Burkina/Situation nationale : Les propositions de Me Hermann Yaméogo pour une sortie de criseDéclaration
lundi 22 avril 2024.Me Hermann Yaméogo, dans cette déclaration en date du 18 avril 2024, fait une analyse "critique" de la situation nationale. Pour lui, les responsabilités sont partagées. Il fait surtout des propositions prospectives pour une sortie de crise. Lisez plutôt ! De Me Hermann Yaméogo SITUATION NATIONALE ET RESPONSABILITÉS PARTAGÉES : ANALYSES CRITIQUES ET PROPOSITIONS PROSPECTIVES. Jamais notre pays n’a vécu une telle jonction de faits négatifs et en un mot tragiques, suscitant avec raison tant de critiques et de visions désespérées du futur. On se rendra compte d’abord que seule une sédimentation au fil des régimes de dérives gouvernementales érosives de la solidarité nationale, de la confiance en l’Etat, en la démocratie aux politiques, et aux intellectuels aura conduit à la situation présente. On verra ensuite que la transition objet d’attaques par des individus, des structures organisées ou non, est le fruit de certaines de ces dernières qui ont été les bras politiques, économiques, et surtout les boucliers humains pour l’avènement de Traoré. Après la preuve s’imposera d’elle même que les fautes premières s’originent autant d’un passé intermédiaire que récent et que, certains mêmes de ceux qui sont aujourd’hui les plus enclins à des condamnations, portent personnellement ou collectivement des parts de responsabilités cumulatives déterminantes dans le drame nationale, et dans l’adhésion de la masse toujours laissée pour compte, aux tests de formes atypiques et hybrides de gouvernances. Du reste l’expérience de cas similaires ( et à venir ), en Afrique, résultants des mêmes conditions désolantes de gouvernances, d’incapacités d’unions sacrées en cas de déchirures nationales et d’addictions aux coups d’état confirment la démonstration. Il apparaît alors qu’une analyse objective des avaries nationales ( qu’on a vu venir mais dénoncées en vain ), suivie de propositions d’aides ne saurait se faire sans établir et sans partager ces responsabilités, et d’autre part sans aiguiser la volonté commune d’inversion du cours tendu de notre destin, par des astreintes collectives comme : – Pratiquer une gouvernance plus soucieuse de la restauration des bases de la république scellées dans un contexte osé en 1958, mais depuis bien acculturées par le peuple ; – Accorder une importance prioritaire aux demandes sociales, aux valeurs de solidarité ; – Renforcer le dialogue, les formes de démocratie directe ( révocation des mandats), le droit à la différence et à l’enrichissement social par la critique constructive ; – Intégrer la culture de la réconciliation et de la Concorde nationale dans la mise en place de mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits ;
– Rompre avec cette édification d’une histoire manipulée et ségrégative, quand à contrario nous demandons à hue et à dia la réfection de l’histoire de l’Afrique et des africains. Exemple : fixer dans la mémoire nationale que le départ des bases militaires étrangères ( lutte pour la souveraineté ), n’est pas récent mais daté des années 1960 quand nos péres fondateurs l’ont acté avec un courage à fortes doses de témérité pour l’époque ; – Sortir du sectarisme endémique idéologique, politique, générationnel et historique, pour nous libérer de nos instincts ataviques de vengeances, d’exclusions, de haines et donner tout le dû respect à la complémentarité des générations, des sexes et des humains ; – Ne plus accorder autant de grandeur surfaite à la mythologie révolutionnaire basée sur des concepts de ruptures frivoles et arrêter de perpétuer des gestuels et propos surannés et de jouer au jeu de la momification de personnages juste pour des combinaisons politiques ou marchandes. Cela libérerait la conscience des jeunes pour une maîtrise plus assurée des enjeux de la vie. Toute révolution qui se perd dans les miasmes de la haine, de l’exclusion, de la non protection de l’espèce humaine et de la nature est ipso facto réactionnaire. Ceci dit, si nous avons adhéré à des idéaux proclamés de la transition Damiba puis Traoré, ce n’est ni sous influence ni par peur. C’est en raison de ce que des préalables pour lesquels nous nous battions étaient observés par le premier, et reconfirmés sous le parrainage de la faîtière des organisations coutumières, religieuses et traditionnelles par le second. Cette position ne nous a jamais empêché de conserver notre esprit de critiques constructives en assénant nos « vérités » toujours suivies de propositions. Une constante dans l’expression ( en dépit de rétorsions multiples ), de nos convictions depuis des années et dont nombre sont présentées aujourd’hui comme primordiales. Il en va notamment de : – La refondation des institutions ( pas de fac-similé de démocratie ), et des partis politiques qui gagneraient avions nous dit à être mis en berne pendant la période de réadaptation des formes de gouvernances et de préparation du retour à la démocratie électorale après éradication de la fraude systémique ; – La quête d’une souveraineté non utopique ; – la gestion équitable des richesses nationales ; – la stratégie de lutte contre le chômage et la corruption ; – L’interdiction des bases militaires étrangères ; – la relecture de la coopération ; – la création de la monnaie africaine ; – la réactivation du panafricanisme et de la réconciliation ; – La liaison de la réconciliation au socle de la justice avec la justice transitionnelle ; La conception d’un retour à des élections dans un contexte d’occupation du territoire, et sans avoir traité les graves défaillances électorales ( ayant brisé des vies, des familles, cultivé l’incivisme et pire rongé les fondements de l’Etat républicain ), pour nous, qui en dénoncions si justement les faits comme étant des bombes à retardements pour le futur. Cet avis sera largement défendu par nous mais en solitaire, sous la transition Kafando/Zida. Il en sera de même sous le président Roch Kaboré auquel nous demandions de différer les élections grâce à une union sacrée à laquelle étaient déjà disposée la faîtière des organisations coutumières, religieuses et traditionnelles de même que les partis politiques de l’opposition et de la majorité et une grande majorité de structures de la société civile. Les circonstances étaient réunies pour banaliser le vide juridique ( présenté comme prétexte absolu pour aller aux élections du 26 novembre 2020), et créer les conditions d’une gestion consensuelle du pouvoir pour faire prioritairement face aux défis sécuritaires et au préalable de la réconciliation. ( multi sectorielle car intéressant aussi bien le domaine politique que d’autres et surtout celui des forces armées ). Les joies, délices et divers profits personnels du marché électoral, s’imposeront malheureusement vite aux acteurs et décideurs politiques. L’insécurité et les souffrances populaires gagneront en force avec les bénédictions des terroristes. La rupture positive, de même que l’audit de notre démocratie avant toute élection on le comprendra bien, restent pour nous insistons-y des exigences conséquentes. Mais comme il faut à chacun accepter et assumer sa part de responsabilité, nous demandons à la transition un peu plus d’égards pour le droit national et international, pour les droits de l’homme, pour ses engagements assermentés. Nous lui demandons par-dessus tout de ne pas alourdir davantage ses propres responsabilités et de ne pas retomber dans les mêmes erreurs de gouvernances, même si les réalités du monopole des moyens de contraintes et donc du rapport de forces pourraient l’y encourager. Depuis que le pays est en guerre, conscients que pour vaincre les terroristes nous ne pouvions échapper à cette forme passagère de dictature constitutionnelle, nous demandions la mobilisation générale, l’économie de guerre et en conséquence les pouvoirs exceptionnels inscrits dans notre loi fondamentale, mais avec toujours in fine la condamnation de toute répression à connotation génocidaire, de toute violation des temps d’habilitations et des obligations de contrôles indépendants à posteriori. Ces pouvoirs constitutionnels légalement obtenus de nos jours, ne devraient pas aller jusqu’à méconnaître ( comme des instances internationales en font le constat conformément à des dénonciations en national ), d’autres dispositions constitutionnelles ou du droit international consacrant le respect des droits fondamentaux même en temps de guerre. Que le pouvoir prenant donc la bonne mesure des expériences du passé, de la tradition républicaine relevée de notre nation, de la surdose des souffrances populaires en finisse avec les enrôlements forcés, enlèvements, entraves aux libertés publiques, sanctions judiciaires sans habilitations légales et autres faits attentatoires à l’éthique républicaine et aux droits fondamentaux. Pour éviter l’ouverture d’autres fronts de combats et l’égarement dans des refondations illusoires de gouvernances, et pour ne pas avoir aussi à nous laisser dire qu’on a vu venir sans rien tenter, nous disons qu’on ne perd rien à parier sur la concertation pour conjurer cette autre crise qui se profile au terme de la transition en juillet 2024. Que le président Traoré suite à sa décision de conserver la constitution ( Ce que nous ne comprenons pas ), écarte en fin de transition le passage en force cru ou déguisé. Qu’il acte au-delà des visées d’habilitations gouvernementales pour des assises nationales par l’ALT, une initiative plus légitimaire et moins inventive. Il peut lancer une consultation non légalisante des représentations issues de la dernière législature dissoute, ni uniquement axée sur des adeptes acquis, mais soucieuses des réalités de la diversité nationale. Qu’à la suite une commission soit mise en place pour des propositions, intéressants tant les questions nationales à l’exemple des conditions du retour à la normalité démocratique, qu’internationale comme l’intégration régionale à forme concentrique qui concilierait la double appartenance à l’AES et à la CEDEAO. Le président sur l’appellation de son choix, convierait alors les organes de la transition, des structures et personnes ressources à prendre les décisions qui s’imposent. Il s’agira pour lui d’une offre de compromis national se gardant de faire des seuls organes de la transition, tous liés par les effets du vide constitutionnel des juges et parties, mais aussi d’un compromis historique résultant des sollicitations suivantes :
– Ensuite opter pour la réssoudure avec l’Etat de droit et partant de la soumission de l’Etat au même titre que les citoyens au droit, à ses piliers comme la justice pour favoriser la pacification nationale et l’implémentation de la concorde nationale qui nous fait tant défaut, pour vaincre à jamais les terroristes et restaurer l’ordre républicain tant dans les esprits, la vie sociale que l’entièreté du territoire reconquis. Il est prévisible qu’avec une telle motivation la prorogation de la transition sera acceptée pas juste pour la forme ( proroger pour proroger ), mais pour lui permettre après rénovation, dans le dessein de sa promesse originelle, de respecter ses engagements en réalisant en même temps que la libération du territoire national, les réformes indispensables pour notamment refonder la gouvernance et la démocratie électorale. La restauration de la confiance en l’Etat et donc du civisme y gagnerait en valeur. Deux chemins à la fin se présentent à nous à cette croisée de notre histoire nationale. – Celui de l’aventure sur lequel nous errons depuis déjà si longtemps au prix le plus fort ; – Celui de la raison que nous peinons comme tout toxicomane à emprunter. Pour autant le sursaut collectif reste l’objectif patriotique à réaliser urgemment. Qu’à ce stade d’interpellation vitale des burkinabé , les mannes de nos ancêtres, nos dieux traditionnels, ceux du livre et notre restant de sagesse légendaire nous aident en guidant nos pas vers le chemin idéal pour le salut collectif. Me Hermann Yaméogo Vos réactions (19) |