Idrissa Nassa : D’une boutique de 3 m² à un empire financier, le parcours inspirant du nouveau "patron des patrons"A l’issue d’un vote, Idrissa Nassa, Président du conseil d’administration de Coris Holding, a été porté à la tête de la présidence du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB). C’était lors de la 13e assemblée générale du CNPB, le mardi 24 octobre 2023 à Ouagadougou. A peine élu et avant même son installation officielle qui a lieu ce jeudi 7 décembre 2023, il donne déjà le ton en annonçant une série de chantiers pour, entre autres, permettre au patronat d’être plus autonome et plus rayonnant. Son parcours est une véritable success story. D’un modeste "célibatorium" à une villa cossue qu’il occupe actuellement, de la petite boutique de commerce général qu’il tenait au puissant groupe bancaire sur lequel il règne, Idrissa Nassa aura fait du chemin. « Je suis un produit du marché, le grand marché de Ouagadougou », affirme-t-il dans un documentaire que lui consacrent les journalistes Jérémie Nion et Alexis Konkobo. « Je vendais des pièces de vélo et de cyclomoteurs », précise-t-il. « Il s’est installé à son propre compte sous l’ère Sankara, quand le grand marché avait déménagé temporairement pour reconstruction. Nous étions alors logés à Poussière yaar, sur la route de Saponé. C’est là qu’il a mis en chantier sa propre affaire », détaille de son côté Amado Konseiga, un commerçant ami de Idrissa Nassa. Grâce aux vols charters, il se met à importer des marchandises de Hong Kong, Taipei...En bon visionnaire, il attaque ensuite le secteur de la distribution des engins à deux roues et engage la diversification de ses activités. « J’avais une imprimerie, j’avais une structure de négoce qui continue de fonctionner, j’étais dans l’hôtellerie, ça continue également de fonctionner », rappelle-t-il. Un de ses gros clients est la Financière du Burkina (FIB) à qui il fournissait des engins à deux roues. La FIB les cédait en vente à tempéraments à ses clients. Et quand la FIB se retrouve en pleine crise institutionnelle en 2002, Idrissa Nassa est appelé au chevet de l’établissement financier en tant qu’investisseur et manager. Ses talents, sa vision et son capital d’expérience dans les affaires, lui permettent, en cinq ans, de recapitaliser et de redresser l’institution, avant de hisser cette société, aujourd’hui considéré comme l’ancêtre de Coris Bank International, au premier rang des établissements financiers du Burkina Faso. Naissance d’une banque A partir de 2007, sa grande vision et son sens de l’innovation l’amènent à transformer l’établissement financier en banque de plein exercice. L’année 2008 consolide sa carrière de banquier avec le début des activités de Coris Bank International. Coris Bank, qui venait ainsi de naître, va par la suite attirer une nombreuse clientèle grâce à une politique audacieuse, au point de se positionner dès le troisième exercice au deuxième rang du secteur bancaire burkinabè. Devant des banques de groupes internationaux, présentes dans le pays depuis plus de 30 ans ! En 2010, il entame, pierre par pierre, la construction du groupe financier Coris, en créant la branche d’intermédiation boursière et la branche assurances. Entre 2011 et 2022, la banque se déploie dans la sous-région en créant des filiales bancaires en Côte d’Ivoire, au Mali, au Togo, au Sénégal, au Bénin, au Niger, en Guinée et en Guinée Bissau. Il lance aussi Coris Bourse en 2010, Coris assurances IARD en 2010 et Vie en 2014, Coris Asset Management en 2013, Coris capital en 2014. Pour piloter ces différentes entités, sont mis en place Coris Holding en 2013, pour les activités bancaires et de méso finance et Coris Invest Group créée en 2020, pour piloter les entités non bancaires. Il convient de préciser que le président du Groupe Coris est aussi bardé de diplômes : économiste gestionnaire, il est diplômé de l’Institut national des techniques comptables du Conservatoire national des arts et métiers de Paris. Il est également titulaire d’un diplôme supérieur de management du programme AMP de la Business School MDE/IESE de Barcelone, diplômé en management et stratégie de l’université de Paris Panthéon Sorbonne et diplômé des Hautes finances de l’IFG Executive Education INSEEC de Paris. Pour ce fils d’un petit commerçant, « on peut réussir dans les affaires en étant honnête. On n’a pas forcément besoin de grands moyens pour réussir. On a besoin d’être travailleur, courageux et d’être honnête. Quand vous êtes honnêtes, vous trouverez toujours des partenaires prêts à vous accompagner. Quand on part du néant, il faut croire en soi-même », conclut-il dans le documentaire qui lui est consacré. Patrons des patrons C’est donc cet homme déterminé qui a été porté le 24 octobre 2023 à la tête du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB) par ses pairs. Il a obtenu 119 voix (plus de 68%) contre 54 voix (plus de 31%) pour Apollinaire Compaoré. L’organisation faîtière des employeurs du Burkina Faso compte 74 groupements et associations professionnelles dont les membres de base, au nombre de plus de 50 000, sont des grandes entreprises, des PME, des micro-entreprises et Très petites entreprises (TPE), actifs dans tous les secteurs de l’économie burkinabè. A peine élu et avant même son installation officielle, le nouveau "patron des patrons" sonne la mobilisation des ressources. Lors d’une réunion de prise de contact avec les membres du bureau entrant et du comité statutaire le 30 octobre 2023, il a affirmé sa détermination à faire en sorte que la structure puisse compter de façon effective sur les cotisations de ses membres. Et pour donner l’exemple, il a annoncé une contribution de 200 millions de francs CFA. Il a été aussitôt imité par trois autres membres du bureau. Si fait que sur un objectif de 500 millions de francs CFA à mobiliser en un mois, ce sont 430 millions qui sont ainsi déjà promis. D.S ********************************** Parallèlement à ses activités professionnelles, M. Idrissa NASSA occupe ou a occupé les fonctions suivantes : Président du Club des dirigeants de banques d’Afrique ; Vice-président du Cercle des hommes d’affaires du Burkina Faso ; Chevalier de l’ordre du mérite avec agrafe économique en 2004 ; Grand Officier de l’Ordre national en 2019 ; Vos réactions (17) |