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Burkina/Centre-nord : Le consortium SNV et WWn soulage des populations de Kaya en eau potable

vendredi 1er décembre 2023.

 

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet de gestion intégrée des ressources en eau, intitulé « Eau clé du développement durable (ECDD) », et dans sa composante relative à l’amélioration de l’accès de base, équitable et durable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement des ménages ruraux et urbains dans les territoires ciblés,le consortium SNV (Organisation néerlandaise de développement) et WWn (World Waternet) a réalisé des forages et bornes fontaines dans la ville de Kaya, chef-lieu de la région du Centre-nord, qui accueille le plus grand contingent de déplacés internes. Une visite de terrain du comité technique de suivi, des acteurs-ressources et des autorités locales, le mercredi 29 novembre 2023, a permis d’apprécier ces réalisations hydrauliques et de valider le modèle d’investissement de l’intervention.

Eau clé du développement durable (ECDD), a pour principal objectif de contribuer à la résilience des populations par l’accroissement des moyens de subsistance et l’accès aux services sociaux de base. Mis en œuvre par le consortium Organisation néerlandaise de développement (SNV) et World Waternet (WWn) sur financement de l’ambassade du royaume des Pays-Bas, le projet a la particularité d’« impliquer fortement » les comités locaux de l’eau (CLE) et tous les autres acteurs concernés.
Selon le chargé de projet composante 3, l’expert en eau, Kévin Dipama, la ligne de mire est l’eau potable et l’assainissement. Deux zones, à savoir les villes de Ouagadougou et de Kaya, bénéficient à cet effet de réalisations hydrauliques et d’assainissement.

Ici, vue partielle du système de chloration.

« A Ouagadougou, ce sont les zones non-loties qui sont ciblées, notamment Wapassi et Boassa. Quant à Kaya, il couvre toute la ville. Pour la ville de Kaya, la situation est tout autre, parce que là, l’ONEA (Office national de l’eau et de l’assainissement) avait même un souci d’approvisionnement en eau potable ; c’est-à-dire que la quantité d’eau même ne suffisait pas à la ville. Il y avait cette pénurie d’eau qui existait.

Les responsables du projet ont salué la qualité du travail par l’entreprise, G.BTP & Hydraulique.

Donc, ce que nous avons fait, c’est d’abord de réaliser trois forages à grand débit, supérieur à 5 000 m3 par heure, que nous avons raccordés avec un système de chloration, doté d’un groupe électrogène (pour pallier les cas de délestage) et au système de l’ONEA. Ces trois forages vont donc permettre d’améliorer la quantité d’eau potable dans le système de l’ONEA. Le deuxième aspect consiste à améliorer le système de distribution, en construisant également cinq bornes fontaines dans les quartiers non-lotis, précisément ceux abritant les personnes déplacées internes à Kaya », a présenté Kévin Dipama, précisant qu’il s’agit donc à la fois de renforcement des capacités de production et de distribution (renforcement de la capacité de distribution, pour ce qui est de Ouagadougou).
« A Ouagadougou, nous avons aussi construit des latrines ; donc nous avons amélioré le système sanitaire, parce que dans les non-lotis, ce ne sont pas tous les ménages qui ont les moyens de construire des latrines », a poursuivi M. Dipama.

Le chef de projet, Kévin Dipama

« On souffrait beaucoup … Aujourd’hui, nous sommes sauvés »

A en croire le chargé de projet, ces réalisations sont l’aboutissement d’environ deux années d’intense travail, dont la grande partie a consisté à trouver les forages positifs. « Il y a un facteur qui ne dépend pas de nous : c’est la disponibilité de la nappe. La nappe dans la zone de Kaya est très faible ; donc c’est difficile d’avoir de l’eau. Nous avons fait jusqu’à quatorze forages négatifs avant d’avoir les forages positifs », déroule M. Dipama.

Il revient sur l’approche spécifique et efficiente du consortium SNV et WWn dans le cadre de ce projet. « Nous avons utilisé ce qu’on appelle l’approche GIRE (Gestion intégrée des ressources en eau), qui implique, dès le début, tous les acteurs (bénéficiaires, décideurs…), de la conception à la réalisation. C’est cette méthode-là qui nous a permis, en deux ans, de réaliser ces grands travaux. Grâce à cette approche, nous l’avons fait en un temps réduit », décline M. Dipama, pour qui, cette démarche a l’avantage d’assurer la durabilité des ouvrages.

La journée s’est scindée en deux phases : la visite des réalisations et les échanges en salle. Ici, au praësidium, le cérémonial d’ouverture, présidé par le vice-président de la délégation spéciale de Kaya, Adama Simporé (au milieu).

A peine disponibilisées, les populations ont pris d’assaut ces réalisations hydrauliques, justifiant ainsi le besoin crucial qui existait en la matière. Un véritable ouf de soulagement que femmes, hommes, enfants rencontrés à ces bornes fontaines ne se sont pas réservés d’exprimer. C’est la fin d’un calvaire, lisible sur les visages. « C’était vraiment une préoccupation pour nous, en toute sincérité. Ces réalisations tombent à pic, parce que l’eau était une réelle préoccupation. Ce n’est pas un soulagement pour les familles seulement, même le centre de santé que vous voyez, il n’y avait pas d’eau. Aujourd’hui, c’est un amer souvenir, nous prions Dieu qu’il donne la force aux donateurs pour qu’ils puissent en faire davantage et pour d’autres populations. Nous vendons du café ici à côté, nous faisons le lavage des engins, des habits…, ce sont nos activités depuis que nous sommes venus à Kaya ici par la force des choses. Je vous assure que ce n’était pas du tout facile pour nous, comment avoir l’eau pour mener les activités ? C’est pourquoi, nous n’avons pas de mots pour dire merci à ceux qui ont pensé à nous, en construisant ce forage », s’est réjoui ce chef de famille, Ousmane Sawadogo.

Même expression de joie chez Adjaratou Sawadogo, pour qui, ces ouvrages hydrauliques ont un impact social indescriptible, tant cette question d’eau était cruciale.
« Avant, même quand une femme accouchait au centre de santé ici, il fallait courir à travers la ville avec un bidon pour chercher l’eau. Ça faisait trop pitié. Aujourd’hui, nous sommes sauvés », renchérit cet autre déplacé interne, Abdoulaye Sawadogo.
Naimata Sawadogo est également, en cette matinée, et devant ses récipients d’eau, reconnaissante. « On pouvait faire le pied de grue devant certains points d’eau, en vain. Maintenant, on n’a plus soif, la soif ne fatigue plus nos enfants, nous faisons proprement nos lessives, nous nous douchons bien, nous cuisinons convenablement. Avant, on souffrait beaucoup. On pouvait s’aligner devant certains points d’eau, du matin au soir, parfois on gagne, parfois on retourne bredouille. Avec ces réalisations, on rend grâce à Dieu et aux initiateurs », exprime-t-elle avant d’inviter les populations à en prendre soins.

122 000 PDI dans la seule commune de Kaya, bouffée d’oxygène pour l’ONEA

« On se donne des conseils sur comment garder propre, maintenir l’ordre à la borne fontaine ; la personne qui arrive doit s’aligner, si elle trouve un rang », a quant à elle, ajouté Salimata Pafadnam, précisant au passage qu’il y a certes parfois baisse de pression, mais que ces réalisations contribuent sans contexte à l’amélioration de leurs conditions de vie.

Une bouffée d’oxygène pour Juliette Sanou, directrice régionale de l’ONEA de Kaya, bénéficiaire de ces réalisations pour les populations. « Comme vous le savez, Kaya enregistre d’importantes arrivées de populations déplacées internes, si fait qu’actuellement, nous sommes dans une grande insuffisance en matière de desserte en eau. Nous avons donc vraiment besoin d’accompagnements pour qu’on puisse desservir conséquemment la population. L’accompagnement du projet arrive à point nommé ; il a pu réaliser trois forages et cinq bornes fontaines. Avec ces trois forages, ce sont des m3 supplémentaires dans la production d’eau de l’ONEA. Avec toutes les autres infrastructures que nous avons, les eaux se rejoignent, sont ensuite traitées et distribuées à la population.

La directrice régionale de l’ONEA de Kaya, Juliette Sanou, de retour en salle pour poursuivre l’atelier de redevabilité et de validation du modèle d’investissement pour constater les réalisations du projet.

C’est donc un grand soulagement », accueille-t-elle.
Appui pris sur cet apport, la directrice régionale de la nationale de l’eau de Kaya a saisi l’instant pour lancer un cri de cœur : « Nous avons besoin de telles initiatives avec le projet Eau pour le développement. Ça vient soulager beaucoup l’ONEA, parce que quand nous regardons les investissements que nous avons à faire, c’est un peu compliqué ; les montants sont très élevés, les financements ne sont pas toujours disponibles, etc. C’est donc un cri de cœur envers d’éventuels partenaires qui peuvent toujours nous accompagner dans ce sens et même au partenaire actuel, pour étendre encore ses actions, ça va beaucoup soulager l’ONEA et les populations ».

Pour le vice-président de la délégation spéciale de Kaya, Adama Simporé, si le rôle de l’Etat est de veiller au bien-être des populations, à travers notamment la mise en place d’infrastructures sociales de base (accès à l’eau, alimentation, éducation, santé…), il n’en demeure pas moins qu’il ne peut pas, à lui seul, tout faire. « C’est pour cela que nous saluons et remercions le consortium des partenaires (SNV et WWn, ndlr), qui a mis en œuvre ce projet », apprécie-t-il.

Le vice-président de la délégation spéciale de Kaya, Adama Simporé, jauge ici l’apport de ces réalisations.

« Kaya est une ville qui accueille le plus grand nombre de déplacés internes ; les besoins se sont donc accrus, toutes les infrastructures qui étaient-là sont vite dépassées (parce que la population a doublé, nous avons 122 000 personnes déplacées internes dans la seule commune de Kaya : chef-lieu de la province du Sanmatenga, ndlr : https://lefaso.net/spip.php?article118893). Voilà pourquoi, ce projet est le bienvenu dans la commune, pour essayer de renforcer les capacités en matière de desserte en eau pour les populations hôtes et déplacées », mesure le vice-président de la délégation spéciale, plaidant en outre auprès du consortium et d’éventuelles bonnes volontés pour le volet assainissement, une autre préoccupation dans cette ville de Kaya.

O.H.L
Lefaso.net



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