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Burkina : Au-delà du « VERBE », c’est la « CHAIR » qu’il nous faut

Tribune
lundi 30 octobre 2023.

 

Les boucliers levés ces jours-ci contre la CGT-B et le collectif des organisations qui adhèrent au meeting commémoratif du 31 octobre 2023, sont porteurs de réel danger, aussi bien pour les « menacés », que pour les « menaceurs », estime, dans cette tribune, François N. Ouédraogo, ingénieur hydrologue à le retraite. Il en appelle au simple bon sens de tous et de toutes, pour que nous évitions ensemble la « paix des cimetières »

« Au commencement était le verbe, et le verbe était tourné vers Dieu, et le verbe était Dieu ». C’est ainsi que commence l’Evangile selon Saint Jean, du jour de noël. Mais attention ! Ne prenons pas le mot « verbe » au sens grammatical du terme où c’est la simple traduction du mot latin « verbum », qui est à son tour la traduction du mot grec « logos », qui signifie « parole ». Il s’agit plutôt ici, de la « parole créatrice », qui agit, qui construit, qui organise le cosmos. Dès sa première page, la Bible nous dit que Dieu a tout créé par sa Parole. Ainsi on y lit entre autre, ce qui suit : « Dieu dit : « que la lumière soit ». Et la lumière fut... » En somme, poursuit la Bible, rien n’est créé sans cette parole créatrice.

Dans le contexte de tension politique, économique, sécuritaire et sociale actuelle que notre pays traverse, il est bon de savoir si c’est le « VERBE » ou la « CHAIR » que les uns et les autres nous servent ou veulent nous servir.

En effet ces temps-ci, les propos virulents et incendiaires qui circulent dans les réseaux sociaux et autres médias en ligne, en papier et même en ondes de radios et/ou de télé, sont d’une extrême menace contre la paix et la cohésion sociales. Or aujourd’hui, ce qui importe le plus pour les burkinabé des villes et des campagnes, c’est la paix et la cohésion sociales pour gérer au mieux leur pauvreté qui reste elle, quoi qu’on dise, une réalité qui s’impose à tous et qui perdure hélas malheureusement, dans le temps.

Je ne pense pas que le climat délétère actuel qui prévaut dans notre pays, où les uns ne semblent plus reconnaître les mérite et les sacrifices des autres qui, peut-être, leur ont permis d’être eux-mêmes vivants aujourd’hui avant d’être des soutiens de qui que ce soit, soit porteur d’avenir pour les burkinabé que nous sommes. Je ne crois même pas qu’il soit porteur de résultats, y compris pour IB, le MPSR II, les FDS, les VDP et par-dessus tout, la reconquête du territoire national, qui semble constituer pourtant l’enjeu majeur du débat public orageux que notre pays vit aujourd’hui. Qui a dit que parler, parler et parler ; menacer, menacer et menacer dans les réseaux sociaux et à partir des ronds-points de nos grandes villes, suffisent à eux seuls pour nous ramener paix, quiétude et sérénité ? Qui a dit que l’on peut engranger des résultats tangibles contre le terrorisme d’une part, contre l’impérialisme et ses valets locaux d’autre part, à partir des seuls ronds-points ?

C’est pourquoi je pense très sincèrement, que les boucliers levés ces jours-ci contre la CGT-B et le collectif des organisations qui adhèrent au meeting commémoratif du 31 octobre, sont non seulement très mal venus, mais aussi constituent un réel danger, aussi bien pour les « menacés », que pour les « menaceurs » car, comme l’a dit quelqu’un en commentant les films d’actions, « les bandits ne font pas que tuer, il sont en général eux aussi tués ». Alors j’en appelle au simple bon sens de tous et de toutes, pour que nous évitions ensemble la « paix des cimetières* », c’est-à-dire le silence absolu et la totale soumission de citoyens, doublement terrorisés. En somme, évitons absolument le retour de périodes noires que l’on croyait à jamais révolues, celles caractérisées entre autres, par l’effroyable slogan suivant : « si tu fais, on te fait et il n’y a rien ». L’histoire récente de notre pays nous enseigne que cela est non seulement contre-productif, mais aussi se paye parfois cache en termes de justice. Suivez mon regard vers la MACA et autres, MACO, sans oublier en passant, les exilés emblématiques qui font des pieds et des mains pour ne pas revenir dans leur propre pays ! Exactement comme s’ils étaient des apatrides ! Quelle honte !

L’un dans l’autre, il est utile et urgent que les uns et les autres fassent une bonne lecture de l’histoire, aussi bien récente qu’ancienne de notre pays pour éviter de se fourvoyer et de fourvoyer le pays tout entier. Ne prenons donc pas le « VERBE » pour la « CHAIR » car comme le dit l’adage, « la preuve que la pomme existe, c’est qu’on la mange ». Et à cet autre adage d’ajouter « quand les résultats s’imposent d’eux-mêmes, la tête acquiesce toute seule ». Et comme personne d’entre nous n’est maître de la « parole créatrice », faisons simplement confiance à notre peuple, ce meilleur juge qui, depuis toujours, n’a jamais manqué de reconnaissance à ses dignes fils et filles qui se sont battus pour son émancipation.

* L’expression « paix des cimetières » fait allusion à ce silence si lourd et si triste qui règne dans les cimetières. Imposé à la société, un tel silence est tout simplement dramatique.

O. Frank
ouedfan@yahoo.fr



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