Les mots marginaux en mooré, fonction primaire et secondaireL’objet du présent article est de présenter ls mots marginaux en moore et d’apporter des informations sur leur fonction primaire et secondaire. La réalisation de cet article a nécessité des recherches bibliographiques, des collectes de terrain, et des entretiens avec les locuteurs du moore. Cela nous permit d’avoir non seulement des connaissances sur les méthodes d’analyse concernant les mots marginaux, mais aussi d’avoir un lexique bien fourni de ces mots. Dans notre article relatif aux mots marginaux, il ressort que certains auteurs comme DUBOIS (1973), définissent les onomatopées comme imitant un bruit. Mais toutes les onomatopées n’imitent pas de bruit. Quand en français je dis : et paff, il se trompe encore, le bruit est produit et non imité. Coucou désigne le bruit de l’oiseau qui le produit. Le nom de l’oiseau dérive de l’onomatopée. Ping-pong est devenu un nominal. Tout cela confirme l’arbitraire dans la marginalisation. L’approche sémantique a beaucoup d’insuffisance, on parle des idéophones sonores et des idéophones non sonores. Dans le domaine de la fonction on parle souvent d’imitation, c’est dire qu’on tombe encore dans l’arbitraire. Il y a beaucoup de contradiction entre les auteurs. Certains posent le problème de la catégorisation en disant que ce n’est pas normal et d’autres disent que c’est bien normal. D’autres soutiennent que s’il y a catégorisation, il faut qu’il y est caractérisation. Il faut le caractériser par rapport aux autres unités et c’est ce que nous allons faire. On a affaire à une catégorie qui est invariable. Nous allons poursuivre cette analyse à travers quelques questions : pourquoi des mots marginaux ? Sont-ils marginaux parce qu’ils sont rares ? Ou sont-ils marginaux parce qu’ils n’ont pas de classe ? Est-ce que l’invariabilité suffit à dire qu’un mot est marginal ? Les mots marginaux sont des représentations arbitraires, des décisions personnelles. C’est un ensemble de mots qui cherchent à être classé. Chaque langue à sa manière de représenter les objets. Mais est-ce que certains idéophones peuvent dériver d’un nom ou d’un verbe ? Ou est-ce que les mots marginaux sont dérivés d’un nom ou d’un verbe ? Les mots marginaux ne viennent pas de la langue, mais à partir des mots marginaux on peut créer des mots de la langue.
Pour répondre à ces questions, nous allons nous baser sur les différentes définitions et la morphologie des mots marginaux en mooré. Le mooré est une langue gur, parlé au Burkina Faso en Afrique de l’ouest. Cette langue, selon NIKIEMA (2012), mais aussi NIKIEMA ET KINDA (1997), « a une grande capacité d’accueil des idéophones, qui en mentionne toutes les deux pages en moyenne, ce qui peut être estimé à environ 5% des entrées du dictionnaire orthographique du moore. Il y a eu des études consacrées aux idéophones du moore. Notamment SORGHO C (1991) et Sorgho (sd), puis NIKIEMA et KINDA (1997). Du point de vue morphosyntaxique, les idéophones en moore présentent les caractéristiques suivantes : 1. Productivité dérivative et restrictions combinatoire Le radical des idéophones non onomatopéiques sert souvent de base à la formation de verbes, des noms ou des adjectifs. 1. pog-paala yelga fu paal zamm 2. tomadga yaa miuug mass Il s’établit ainsi comme une relation de présupposition entre modificateur et modifié qui donne à l’idéophone la possibilité de remplacer tout le syntagme, sans être lui-même tête de syntagme : 2. Processus dérivationnel des idéophones en moore On rencontre des processus mis en œuvre par les idéophones dans leur formation. Nous avons notamment le redoublement et la réduplication. 3. laaga yaa pɛɛlg farrr/fara 4. muyã yaa vimm/vima On note quelques formations où les éléments répétés sont reliés par un élément tampon, notamment (tɩ) : 5. a biiga sɩnga taba-tɩ-taba 6. a wata ne pakɩ-tɩ-lakɩ Il n’y a pas de combinaison du redoublement vers la droite et de la réduplication dans les idéophones, ce qui semble bien indiquer que les deux processus assument la même fonction morphologique. Les idéophones peuvent être formés par suffixation. Les suffixes typiques sont (ɩ, ʋ, a). Ils s’adjoignent à une structure CVC et sont suivis d’un coup de glotte. 7. baaga yɩka tʋpɩ n gãd soaabã 8. a basame tɩ yi fɩlʋ 3. Le statut des mots marginaux en moore En moore nous avons deux types de mots marginaux : ceux qui sont des mots-phrases et ceux qui ne le sont pas. 3.1. Mots-phrases 9. paga zõone n kelma killl… 10. buula koom zota habbb 3.2. Les mots qui ne sont pas des mots phrases 11. nikẽema zii bii 12. biiga yɩka tʋpɩ n gãda ma Des mots qui imitent quelque chose et des mots qui expriment quelque chose. Nous allons essayer de voir plus clair. Pour la seconde approche, l’idéophone a un sens général et l’onomatopée est une sous-classe de l’idéophone. Au regard de toutes ces définitions, nous constatons que beaucoup d’études ont été faites sur les mots marginaux. Ce qui montre leur importance dans les différentes langues. Nous observons cependant un flou total dans la définition de ces mots marginaux, et les définitions qu’on donne ne sont pas fiables. Cela nous amène à proposer une démarche théorique pour le classement des mots marginaux. 4. Proposition d’un classement des mots marginaux Au regard des différentes analyses, il est impératif de mettre de l’ordre dans le classement des mots marginaux. La présente approche va permettre de tirer un trait et de proposer un classement pour les mots marginaux. Mais avant, il faut reconnaitre que chaque langue a des mots appartenant à des classes faciles à définir comme les noms et les verbes. Le classement peut aller des flexions spécifiques aux fonctions syntaxiques, c’est-à-dire primaire et secondaire. 4.1. Classement par flexions spécifiques Nous commençons par cet exemple : 13. biiga bʋt a ki C’est dire que ces noms et ce verbe ont des catégories bien définies et acceptées. Ces mots sont bien clairs et ne souffrent d’aucune ambiguïté. Mais quand je dis : 14. fuuga yaa kẽeg yoom 15. sɩlga sĩga laa En (14), habit est un nom ; yaa est le verbe être conjugué ; kẽega est un adjectif. Mais yomm que nous avons traduit par ‘‘idéophone’’ marque en fait le degré de la couleur bleu. Mais quelle est sa catégorie ? 4.2. Classement par fonction En partant des différentes définitions et des mots marginaux en moore, il faut préciser qu’un mot marginal n’est pas un nom, ni un adverbe, encore moins un verbe ou un adjectif. La présente approche se propose de classer les mots marginaux à partir de leur fonction. Nous parlerons de fonction primaire et de fonction secondaire. 4.2.1. Fonction primaire 4.2.1.1. Prédicat En mooré, les mots marginaux modifient les termes adjectivaux en fonction prédicative. Exemples : 16.yaa sablg limlim 17.yaa sablg valvale 4.2.1.2. Quantité verbal et quantité adjectivale Sur le plan morphologique, les mots marginaux ne sont pas marqués par un morphème qui les caractérise ou qui les range dans une classe bien précise. Dans la plupart des cas, ils sont invariables et occupe toujours la dernière position dans le syntagme. Exemple : 18. a siga laa 19. saaga niida soaa En mooré, tous les mots marginaux sont postposés aux adjectifs. Exemple : 20. tiiga puug yaa kẽeg yomm 21. raoua fuug yaa pɛɛlg faddd 22- kɔaasa kõsa nemda boro 23- paga wẽe biiga mu 4.2.2. Fonctions secondaires En mooré, le mot marginal peut jouer la fonction de verbe ou d’adjectif. 4.2.2.1. Verbe : En mooré, les mots marginaux sont postposés aux verbes qu’ils accompagnent. Chaque mot marginal peut seulement modifier un verbe ou les autres verbes de sens voisins. Exemples de mots marginaux qui modifient le verbe : 24.Wedra weka pao 25.bʋʋga menma soyy Dans (24), l’onomatopée décrit la manière dont la liane à éclater. Cela peut se dire de tout objet qui éclate. 4.2.2.2. Adjectif En mooré, les mots marginaux sont postposés aux termes adjectivaux. Chaque mot marginal ne peut modifier qu’un terme adjectival spécifique. Exemples : 26. paga paama fu paal zamm 27. tɩɩga vãad yaa kẽeg yomm 29. rawa zoda irrr 30. biiga rɛgla rʋka ku En (26), comme dans tous les autres exemples, les mots marginaux sont une expansion des adjectifs. Le degré le plus élevé ou pour signifier ‘‘très’’ se fait également par réduplication du mot marginal. Exemple : 31. yaa zamzam 32. yaa basbas CONCLUSION Les différentes définitions des mots marginaux rendent difficile leur classement. Les mots marginaux ne viennent pas de la langue, mais à partir des mots marginaux on peut créer des mots de la langue. Au regard de la morphologie et du sémantisme qui varie d’une langue à une autre, les mots marginaux ne peuvent pas être classés par rapport à la catégorie. Dr OUEDRAOGO Tiga Alain Bibliographie NIKIEMA (2012) Sites : dictionnaire.reverso.net, consulté le 15 octobre 2015 |