Burkina Faso : Le CRADAT renforce les capacités d’inspecteurs du travail et de syndicalistes sur les nouvelles formes d’organisation du travail

L’organisation d’un tel séminaire par le CRADAT dans le cadre de son programme d’activités 2023 offre l’opportunité de contribuer à l’objectif de développement durable n°8 en assurant la capacité accrue des États membres à intégrer la protection sociale dans des réponses politiques globales pour soutenir et protéger les travailleurs et les employeurs au cours de leur vie et de leur transition professionnelle.

Depuis quelques années, l’organisation classique du travail connaît une phase de mutation importante laissant ainsi place à une nouvelle forme d’organisation du travail. Le processus de changement de paradigme relatif à l’organisation du travail a été accéléré par l’avènement de la maladie à coronavirus, amenant ainsi les entreprises à proposer de nouvelles modalités d’organisation du travail, plus flexibles, comme le télétravail. Cependant, leurs caractéristiques ainsi que les modalités de leur mise en œuvre restent méconnues.

Des participants lors de la cérémonie d’ouverture

Le Centre régional africain d’administration du travail (CRADAT) veut résoudre cette équation. Dans le cadre de son programme d’activités 2023, il prévoit dans les domaines de la formation et du perfectionnement, le renforcement des compétences des institutions nationales du travail au sein des 18 États membres à travers des activités nationales, sous régionales et régionales. L’atelier de renforcement des capacités au profit des 25 inspecteurs du travail et des syndicalistes sur les nouvelles formes d’organisation du travail et droit du travail à distance s’inscrit dans cette dynamique

« Depuis la crise sanitaire du Covid-19, il y a eu de nouvelles formes d’organisation du travail sans qu’aucun texte réglementaire n’ai codifié cela. Les acteurs du travail, les syndicats ont dû par moments essayer de procéder à des interprétations pour ne pas créer un dysfonctionnement au niveau des relations de travail entre le patronat et le travailleur à travers leur syndicat et également entre l’État qui est le plus grand employeur et les partenaires sociaux et les travailleurs. C’est dans cette optique que nous avons essayé d’organiser dans le cadre de nos activités foraines ce séminaire de Ouagadougou qui est une première ou nous avons réuni dans la même salle des syndicats et les inspecteurs de travail pour réfléchir ensemble sur cette mutation constatée au niveau du changement du mode de travail », a signifié le directeur général du CRADAT, Armand Arsène Hien.

Le directeur général du CRADAT, Armand Arsène Hien, a réitéré l’engagement de l’institution de continuer à œuvrer pour le développement des activités de formation à l’endroit des différents États membres

En initiant ce séminaire, le CRADAT ambitionne outiller les participants de compétences pertinentes en matière de prévention des risques professionnels, de contrôle des lieux de travail, de préservation d’emplois avec les évolutions récentes du chômage technique et du télétravail. Il s’agit également de renforcer les capacités en dialogue social, au regard des enjeux de l’heure.

Pour ce faire, une série de conférences sont programmées. Principal bras financier du CRADAT, le BIT a mobilisé divers experts de Genève et du Burkina Faso pour la réussite de cette session de Ouagadougou. « Je voudrais lancer un appel à tous les communicateurs à bien vouloir apporter leurs précieux appuis et leurs technicités à la réussite de cet atelier tout en les félicitant déjà pour leur disponibilité et leur professionnalisme », a, pour sa part, déclaré le ministre de la fonction publique, Bassolma Bazié lors de la cérémonie d’ouverture.

Pour le ministre de la fonction publique l’importance des NFOT n’est plus à démontrer

Il a souligné qu’il sera très attentif aux résultats de cet atelier qu’ils exploiteront judicieusement aux fins de formuler des recommandations pour un meilleur encadrement juridique de leur dispositif législatif et réglementaire. Tout en remerciant le CRADAT pour son soutien constant, le ministre de la fonction publique a souligné les nombreux avantages qu’offrent les nouvelles formes d’organisation du travail (NFOT). L’un des avantages qu’il a relevés, c’est l’amélioration de la productivité des employés. En effet, dit-il, grâce à la possibilité de travailler à distance, le temps des travailleurs est optimisé ; ce qui leur permet de consacrer davantage de temps et d’énergie à réaliser les tâches qui leur sont assignées.

En plus de favoriser le travail collectif, les NFOT offrent plus de flexibilité, de liberté à l’individu et lui garantit un certain équilibre entre sa vie privée et son travail. De l’avis du ministre Bassolma, la flexibilité est l’un des critères les plus valorisés par les employés dans leur choix de travail. Adopter les nouvelles formes d’organisation du travail permet donc d’attirer et de fidéliser des talents, plus particulièrement les jeunes générations, selon lui. Si cette évolution contribue à améliorer la productivité, il faut cependant signaler qu’elle modifie également les formes et conditions de travail des employés, ce qui suscite de nouvelles interrogations sur la notion de lieu de travail, voire celle de relation de travail.

Photo de famille

Pour rappel, en 2022, le CRADAT a formé plus de 150 inspecteurs du travail dans le cadre des formations nationales et foraines. Le centre ambitionne de former en combinant les formations foraines et sous régionales, plus de 200 inspecteurs de travail et syndicalistes en 2023.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net