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Insécurité dans le Sahel : Djibril Bassolé propose de dialoguer avec les terroristes

Crédit photo : Financial Afrik
mercredi 22 mars 2023.

 

En marge du Global Security Forum de Doha, qui s’est tenu du 13 au 15 mars 2023 au Qatar, l’ancien ministre burkinabè des affaires étrangères, Djibril Bassolé, a accordé un entretien avec le journal Financial Afrik, où il évoque l’importance de dialoguer avec les groupes armés.

Selon Djibril Bassolé, au début, il s’agissait « exclusivement d’un djihadisme à caractère idéologique et transfrontalier ». Il a fait remarquer que les agresseurs venaient de l’extérieur et décidaient souvent de mourir en kamikaze. « Aucun dialogue n’était envisageable avec de tels assaillants ».

Toutefois, l’ancien médiateur des nations unies et de l’Union africaine pour le Darfour estime que de nos jours, le djihadisme prend les formes d’insurrections armées locales ou régionales. « Des jeunes nationaux des pays visés se sont massivement enrôlés dans les groupes djihadistes, dans des alliances stratégiques et idéologiques pour mener des luttes armées contre leurs Etats. Ils s’attaquent aux forces de défense et de sécurité (symboles de l’autorité de l’Etat) et à leurs concitoyens avec une violence inouïe ».

L’ancien envoyé spécial de l’Organisation pour la coopération islamique (OCI) pour le Mali et le Sahel estime que le dialogue avec les groupes djihadistes est indispensable car il permet d’abord de mieux évaluer la situation de l’insécurité, d’en faire un diagnostic précis et de cerner les causes profondes de l’adhésion massive des jeunes nationaux aux actions terroristes. « Le dialogue permet ensuite de réformer le système de gouvernance car je suis de ceux qui pensent qu’en Afrique, l’Etat jacobin centralisateur tel que nous l’avons hérité du colonisateur montre ses limites. Il faudra réformer l’Etat afin qu’il soit plus apte à promouvoir l’intérêt général, à garantir une meilleure gouvernance, à assurer une meilleure répartition des ressources naturelles, bref, à donner aux populations la maîtrise de leur destin », a justifié Djibril Bassolé.

Toujours dans le développement de sa thèse sur le dialogue avec les hommes armés, l’ancien ministre des affaires étrangères a indiqué que le dialogue permettra éventuellement d’envisager des pourparlers de paix voire des négociations. « En tout état de cause, le dialogue fait partie des moyens typiquement africains de régler les conflits et d’apaiser les tensions. Je pense qu’en tant qu’Africains nous devons trouver des voies propres à nous pour résoudre les crises qui minent nos sociétés. Le djihadisme prend par endroit la forme d’une insurrection armée qui pourrait conduire à une guerre civile », a-t-il affirmé.

Se rendre utile dans la résolution des crises

Ayant quitté son pays suite à une évacuation sanitaire en janvier 2021, Djibril Bassolé s’est prononcé sur l’état de sa santé, au cours de cet entretien : « Je rends grâce à Dieu de cette évolution tout à fait satisfaisante de mon état de santé selon les médecins traitants. J’ai subi une grosse chirurgie mutilante qui m’a sauvé la vie. Le suivi et les contrôles périodiques se poursuivent bien par le centre spécialisé de l’hôpital Saint Louis de Paris qui m’a bien pris en charge ».

Condamné en septembre 2019 à 20 ans de prison dans l’affaire du putsch de 2015, Djibril Bassolé fait noter qu’il s’agit d’une question politique qui suscite des passions donc il préfère laisser ses avocats la gérer. « Pour l’heure, je trouve plus judicieux de concentrer mes énergies à me reconstruire et à me rendre utile en particulier dans le domaine de la résolution des crises et des conflits armés comme j’ai eu le privilège de le faire durant toute ma carrière au service de la sécurité puis de la diplomatie », a-t-il confié.

Une synthèse de Cryspin Laoundiki
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Source : Financial Afrik



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