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Violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire : Annan accuse le gouvernement ivoirien de passivité

mercredi 21 janvier 2004.

 

Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Kofi Annan, a dit constater la "persistance de nombreuses et graves violations des droits de l’homme à l’encontre des civils" en Côte d’Ivoire.

Dans son tout dernier rapport sur la Côte d’Ivoire, présenté le 9 janvier dernier, au Conseil de Sécurité, qui se fonde essentiellement sur celui de la mission d’évaluation qui a séjourné dans le pays du 3 au 11 décembre dernier, M. Annan énumère un certain nombre d’exactions dont les populations civiles continuent de faire l’objet, surtout de la part des Forces de défense et de sécurité.

Selon la mission d’évaluation dirigée par le Tunisien Hédi Annabi, qui s’est du reste fortement inspirée du rapport établi par le Groupe des droits de l’homme de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (MINUCI), les populations civiles continuent précisément d’être victimes de "harcèlements, meurtres, arrestations arbitraires, torture, détentions au secret, barrages routiers, fouilles de maisons, vols et extorsions".

Si le rapport de Kofi Annan indexe aussi bien les Forces régulières que les Forces nouvelles, l’ex-rébellion ivoirienne, notamment en ce qui concerne la poursuite de l’utilisation des enfants soldats et les sévices sexuels à l’encontre des femmes qui, selon lui, sont "monnaie courante", il charge particulièrement le Gouvernement de réconciliation nationale, l’accusant de faire preuve d’une réelle passivité. "De plus, le gouvernement n’a pas fait grand-chose pour réprimer les exactions des milices urbaines et de bandes comme celles des Jeunes patriotes qui agressent et harcèlent les civils et s’en prennent aux journalistes qu’ils perçoivent comme proches des partis d’opposition", déplore-t-il.

Le rapport du Secrétaire général de l’ONU relève également la poursuite des campagnes de presse contre les "étrangers" accusés de collusion avec les ex-rebelles et les partis d’opposition, le plus souvent sur la base de leur appartenance ethnique, de leur religion ou de leur région d’origine. "Elles attisent les tensions ethniques et les violences et encouragent le harcèlement de certaines communautés et groupes ethniques", souligne encore le texte, citant en exemple plusieurs incidents qui ont éclaté en novembre dernier à Gagnoa (288 km à l’ouest d’Abidjan), en pays bété (l’ethnie du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo), faisant plusieurs morts et des centaines de déplacés parmi les populations allogènes, essentiellement des Burkinabé et des Maliens, dont les maisons ont été pillées et incendiées.

Le rapport fait par ailleurs état des menaces dont font l’objet des membres d’associations de défense des droits de l’homme "régulièrement harcelés et persécutés quand ils s’efforçaient de dénoncer publiquement les violations des droits de l’homme et d’attirer l’attention sur le situation des droits de l’homme dans le pays".

Selon la mission d’évaluation, citée dans le rapport de Kofi Annan, la quasi totalité des associations de défense des droits de l’homme en Côte d’Ivoire expliquent la poursuite de ces violations et de la violence à l’encontre des populations civiles par la persistance d’un climat d’impunité.

Aussi, réclament-elles la création immédiate de la commission d’enquête internationale prévue dans l’Accord inter ivoirien de paix de Linas-Marcoussis, pour faire la lumière sur les graves violations des droits de l’homme commises depuis le début du conflit, le 19 septembre 2002, et le renforcement du mandat et des capacités de surveillance de la MINUCI dans le domaine des droits de l’homme, indique encore le document onusien.

Le Jour