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Compagnies aériennes : Air Burkina contre la "concurrence déloyale"

mercredi 21 décembre 2005.

 

Le langage de vérité. C’est ce qu’entendaient tenir les responsables de Air
Burkina à leurs clients et à l’opinion publique, en réunissant, le 19 décembre
2005 dans la salle Zoodo de l’hôtel Silmandé de Ouagadougou, la presse
nationale.

D’entrée de jeu, Mohamed Ghelala, directeur général de la société,
a fait un briefing sur la situation actuelle du paysage aérien burkinabè
marqué par l’arrivée d’une nouvelle compagnie.

Abordant les tarifs de cette
société concurrente qui sont excessivement bas par rapport aux prix
préalablement en vigueur, M. Ghelala les a qualifiés d’irrationnels. Ils sont,
a-t-il expliqué, intenables à la longue, compte tenu de l’étroitesse du marché
national et des nombreuses charges auxquelles font face les compagnies
aériennes.

Le caractère suicidaire des tarifs actuels

C’est pourquoi il considère la situation comme une concurrence déloyale,
une agression à l’égard de Air Burkina. Mais, a-t-il poursuivi, "nous sommes
en mesure de répondre à l’agression". D’où les nouveaux prix promotionnels
pratiqués par la société depuis un certain temps.

Ces nouveaux tarifs
s’inscrivent dans une logique de légitime défense. C’est à son corps
défendant que la compagnie l’a fait. Cela pour conserver les emplois (200) de
son personnel et continuer à jouer sa vocation d’entreprise citoyenne. Aussi
Air Burkina n’entend t-elle pas maintenir indéfiniment ses prix actuels compte
tenu des nombreuses charges et coûts liés à l’activité du transport aérien.
Soutenir le contraire, c’est faire preuve, selon Ali Diallo, directeur commercial
et de Réseau, de démagogie.

Prenant des exemples concrets sur la rotation
Ouaga-Cotonou-Ouaga avec un Airbus, il a démontré le caractère suicidaire
d’une telle option à long terme. Ainsi, avec un avion de 75 passagers par vol,
avec un tarif de 40 000 F CFA H.T par passager, on a un chiffre d’affaires par
vol de 6 032 000 F CFA, contre des charges totales de 13 500 000 F CFA. Ce
qui donne un déficit par vol de 7 500 000 F CFA.

La lucidité de la clientèle

C’est pourquoi, à travers cette sortie, la compagnie espère être comprise par
sa clientèle à qui elle demande toujours confiance et fidélité. Pour sa part,
elle garantit sécurité et confort. A ce niveau, il faut noter que son programme
sureté a été approuvé par la Direction générale de l’Aviation civile française.

En outre, elle s’active pour être à la hauteur des normes de sécurité IOSA d’ici
à juin 2006. Tous ces efforts visent donc à satisfaire la clientèle et à l’armer
contre le "discours démagogique" des compagnies concurrentes. Du reste,
Air Burkina, forte de ses 40 années d’expérience, n’a pas peur, selon son
directeur général, de la concurrence, pourvu seulement qu’elle soit loyale.

A
ce propos, elle a vu, par le passé, des compagnies qui sont venues faire le
spectacle un temps et disparaître par la suite. Elle est donc confiante quant à
sa capacité à surpasser les difficultés actuelles qu’elle considère comme
passagères, et espère tout simplement que la clientèle saura faire preuve de
lucidité et de responsabilité.

Par Grégoire B. BAZIE
Le Pays