Distinction Nansen pour les réfugiés 2021 : Les co-lauréats burkinabè Madiega Diambendi et Roukiatou Maïga honorésLEFASO.NET
mercredi 6 juillet 2022.Le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR) et la coopération suisse ont organisé une cérémonie de reconnaissance et d’hommage aux co-lauréats de la distinction Nansen pour les réfugiés, édition 2021. C’était le mardi 5 juillet 2022, à Ouagadougou. En Afrique, deux Burkinabè ont été choisis pour leur engagement en faveur des déplacés internes. Il s’agit du chef communautaire Diambendi Madiega et de Roukiatou Maïga. Lui à Kaya et elle à Dori, ont malgré le manque de ressources, aidé des milliers de personnes déplacés internes (PDI). Diambendi Madiega n’est pas resté les bras ballants en voyant des PDI arriver à Kaya. Il a fait des dons en nourriture et leur a ouvert les portes de sa demeure. En plus de cela, il a installé des centaines de personnes dans son champ. En quelques mois, ce chef traditionnel a nourri et logé plus de 2 500 âmes. Roukiatou Maïga s’est comportée comme une mère pour tous les PDI qui sont venues frapper à sa porte. Elle a hébergé, écouté, réconforté les femmes et les enfants en détresse. Pour rendre ces femmes autonomes, elle a créé une coopérative agricole. Au-delà des nobles actions citées en amont, Diambendi Madiega et Roukiatou Maïga ont accompagné les PDI dans les démarches administratives pour qu’elles soient prises en charge par des ONG et l’action sociale. Ils ont également été des médiateurs entre les populations hôtes et celles déplacées, afin qu’elles puissent vivre en harmonie. Au sein de la coopérative agricole de Roukiatou Maïga par exemple, les femmes déplacées internes travaillent en symbiose avec celles de la communauté d’accueil. C’est au regard de ces actions, qu’ils ont été choisis pour être les co-lauréats de la distinction Nansen pour les réfugiés en 2021, continent Afrique. Sur 200 candidatures à travers le monde, six personnes et organisations ont été retenues. Très émue par le choix porté sur elle, Roukiatou Maïga a rappelé que tout le monde peut, du jour au lendemain, devenir un déplacé interne ou un réfugié. « Pour moi, aucune rémunération ne vaut un travail reconnu. Toute souffrance humaine doit être un motif pour nous inciter à nous engager en vue de la soulager ou à défaut de l’atténuer. Ce prix montre que je suis une vraie fille du pays des hommes intègres. Je suis très heureuse », s’est-elle exprimée. Elle a invité les populations à faire preuve de solidarité envers ces personnes vulnérables. Diambendi Madiega a profité de cette occasion pour poser des doléances. « Je connais plus de 200 personnes qui sont dans le besoin à Kaya. Malgré les efforts, ils sont nombreux à être dans des difficultés, il faut les aider », a-t-il confié. Le représentant du HCR au Burkina Faso, Abdouraouf Gnon-Kondé a souligné que les co-lauréats sont « des personnes qui donnent ce qu’elles n’ont pas. Quand on est dans un contexte comme celui-ci et qu’on voit des gens partager ce qu’ils n’ont pas, c’est extraordinaire. Ils ont négocié des terres pour qu’on puisse installer des abris. Ils ont travaillé dans le sens de la cohésion et de la réconciliation. C’est un prix qui met en lumière la générosité extraordinaire que possède le peuple burkinabè, exemplifié par ces deux lauréats », s’est-il exprimé. Selon le ministre de la solidarité nationale et de l’action humanitaire, Lazare Zoungrana, cette distinction est une fierté pour tout le peuple burkinabè. Il a déclaré que les lauréats sont des exemples vivants des valeurs traditionnelles, à savoir la solidarité. Il a précisé que la solidarité est le ciment de toute action humaine. La distinction Nansen du HCR pour les réfugiés a été créée en 1954. Elle est décernée chaque année à des personnes, des groupes et des organisations qui œuvrent en faveur de la protection des réfugiés, des déplacés ou des apatrides dans le monde. En plus de Diambendi Madiega et de Roukiatou Maïga, voilà les autres lauréats de 2021 : Nikola Kovacevic (Europe/ Serbie), Saleema Rehman (Asie/ Pakistan), Santiago Avila (Amérique/ Honduras) et l’ONG Yéménite Jeel Albena Association for Humanitarian Development (JAAHD). Samirah Bationo |