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Procès Thomas Sankara et douze autres : Les témoins Arsène Yé et Boukary Douamba à la barre

Lefaso.net
lundi 22 novembre 2021.

 

Le bal des témoins entendus dans le cadre du procès Thomas Sankara et douze autres, s’est poursuivi ce lundi 22 novembre 2021 au tribunal militaire. Le capitaine Arsène B. Yé, a poursuivi sa déposition, en répondant aux questions des différents conseils. A sa suite, c’est l’adjudant-chef major de gendarmerie Kuilga Boukary Douamba, chef de service de la table d’écoute au moment des évènements du 15 octobre 1987, qui est venu livrer son témoignage à la barre.

Interrogé par l’avocate de la partie civile Me Anta Guissé, le capitaine Arsène B. Yé a affirmé qu’il était très proche de Thomas Sankara mais échangeait avec Blaise Compaoré. Et lorsque l’avocate lui demande s’il n’avait pas perdu confiance en Blaise Compaoré après l’assassinat de Thomas Sankara, le témoin rétorque qu’on lui avait dit que ce qui était arrivé était un accident.

Aussi, poursuit-il, à la vue de tous les anciens camarades du Conseil national de la révolution (CNR) qui avaient rejoint le Front populaire, il s’est dit pourquoi ne pas continuer avec la nouvelle tête dirigeante qu’il considérait comme une continuité de la révolution. " Je n’ai jamais travaillé en fonction d’une personne mais en fonction de mes convictions politiques. Et tout ce que j’ai fait, c’est pour mon pays et pas pour un homme", précise-t-il.

Arsène B. Yé soutient n’avoir jamais été porte-parole de la coordination du Front populaire

Me Guissé a aussi cité des documents confidentiels des services de renseignement français, dans lesquels il était mentionné que Arsène B. Yé, était le porte-parole de la coordination du Front populaire dès le 16 octobre 1987 et c’est à ce titre qu’il aurait confirmé que Thomas Sankara avait bien été exécuté. A cela, le témoin répond qu’il ne y’avait pas de coordination du Front populaire le 16 octobre 1987, à fortiori un porte-parole. Il dit ne pas non plus avoir souvenance, d’avoir confirmé à qui que ce soit que Thomas Sankara avait été exécuté.

Les documents confidentiels, mentionnent aussi que le médecin militaire faisait partie des proches de Blaise Compaoré qui s’étaient éloignés de Sankara. Celui-ci dit reconnaître avoir occupé des postes avec le Front populaire dirigé par Blaise Compaoré mais sans plus. Avant le 15 octobre 1987, il dit n’avoir pas eu vent de ce que Blaise Compaoré voulait exécuter les leaders de la révolution. Il reconnaît toutefois, que la crise entre Sankara et Compaoré était palpable, mais personne n’imaginait que le dénouement serait un coup d’état sanglant dans lequel le père de la révolution allait être tué.

"Quand tu étais du CNR, tu savais qu’il y’avait une crise, c’est le comment du dénouement que l’on n’a pas vu venir. Il fallait que la crise trouve une solution. Ça aurait pu être une entente, on aurait pu trouver une solution, pas forcément le coup d’état...Quand on disait Sankara, c’était Blaise Compaoré, personne ne pouvait rentrer entre eux. Et personne ne pouvait imaginer cela". Il dit donc avoir été surpris par le coup de force, qui a coûté la vie à Thomas Sankara et douze de ses compagnons.

A la suite du capitaine Arsène B. Yé, c’est le chef de service de la table d’écoute, l’adjudant-chef major de la gendarmerie Kuilga Boukary Douamba, qui a été appelé à la barre. De son récit, on note que le temps a eu raison de plusieurs souvenirs qui auraient pu servir dans le cadre de ce procès. Il raconte que le jour des évènements du 15 octobre 1987, il est arrivé aux environs de 16h moins à la garnison de la gendarmerie, pour prendre part au sport de masse.

C’est alors qu’il entend des crépitements d’armes vers le conseil. Étant en tenue de sport, il regagne son domicile situé à Tampouy pour se changer et revenir défendre la garnison. À son retour, il constate un dispositif au niveau du pont de Tanghin, avec des militaires aux bérets retournés. Étant dans l’incapacité d’atteindre la caserne, il bifurque dans un six-mètre et passe la nuit dit-il, sous les canaris d’une dolotière. Ce n’est que le lendemain matin, qu’il a pu retourner à son domicile pour se changer et revenir à la caserne. C’est là qu’il apprend le décès de Thomas Sankara. Il joint alors l’Onatel, afin de déconnecter les lignes sous écoutes, puisque selon lui les donneurs d’ordre ne sont plus là.

La table d’écoute n’avait pas d’archives

Selon le témoin Boukary Douamba, lui et ses collègues du service de la table d’écoute, avait pour mission d’écouter les conversations des lignes mises sous écoute, de les retranscrire pour en faire des fiches d’information et ensuite effacer les enregistrements. Les fiches d’informations étaient ensuite transmises au commandant de la gendarmerie Ousseni Compaoré et aucune copie n’était gardée. Il précise que les numéros à mettre sous écoute leur étaient remis sans nom.

C’est à force d’écouter, qu’il reconnaissait souvent les voix des concernés. Et à ce sujet, il affirme avoir reconnu les voix de Jean Pierre Palm et de Blaise Compaoré bien avant le coup de force de Octobre 1987, mais dit ne pas se souvenir de la teneur de leurs conversations. Les propos du témoin, viennent selon le président du tribunal, corroborer le fait que ce n’est pas Jean Pierre Palm, qui aurait fait détruire la table d’écoute.

Boukary Douamba, le seul gendarme du service de la table d’écoute à avoir été arrêté

Dans son récit sur les évènements, le témoin a affirmé que quelques jours après le 15 octobre, des éléments de la gendarmerie sont venus l’escorter arme sous la tempe jusqu’à l’escadron. Il y a trouvé Jean Pierre Palm, Djibril Bassolé et Gaspard Somé. Jean Pierre Palm aurait dit de le mettre dans la salle C et c’est dans cette salle qu’il sera détenu pendant un mois, avant d’être libéré en mi-décembre.

Boukary Douamba soutient que jusqu’à ce jour, il ne sait pas pourquoi il a été arrêté, puisque personne ne lui en a donné la raison. Il dit imaginer, que cela était sûrement lié à la table d’écoute. Pour le président du tribunal, il semble évident que c’est parce que le témoin savait beaucoup de choses, qu’il a paru nécessaire aux hommes forts du moment de l’intimider.

Jean Pierre Palm soutient n’avoir jamais donné l’ordre d’arrêter Boukary Douamba

Rappeler à la barre par le président du tribunal pour être confronté aux propos du témoin, Jean Pierre Palm soutient n’avoir jamais donné l’ordre à des éléments de procéder à l’arrestation du chef de service de la table d’écoute. Selon lui, un chef de corps n’envoie pas des éléments arrêter un gendarme, c’est à son supérieur hiérarchique qu’il donne l’information de la sanction du gendarme. Il ajoute également, qu’il n’était pas à l’escadron le jour de l’arrestation de Boukary Douamba avec Djibril Bassolé et Gaspard Somé comme le mentionne le témoin.

"Gaspard et moi c’était chien et chat depuis la mort de Seydou Bancé qui était un grand ami. On ne se fréquentait plus, depuis qu’il était allé tuer Seydou Bancé. Et lorsqu’il venait à la gendarmerie, il se rassurait toujours que je ne sois pas là", explique Jean Pierre Palm. Il ajoute également, qu’il n’y avait pas de salle C au moment des faits à l’escadron de la gendarmerie. Outré par les propos de Jean Pierre Palm, le témoin l’a invité à dire la vérité.

Armelle Ouédraogo
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Vos commentaires

  • Le 22 novembre 2021 à 18:52, par caca En réponse à : Procès Thomas Sankara et douze autres : Les témoins Arsène Yé et Boukary Douamba à la barre

    De plus en plus les détails d’élément nous permet de comprendre le complot contre le camp Compaoré. Acceptons simplement cette thèse et un règlement de compte en rivaux du pouvoir. L’un ou l’autre devait mourir pour la survie de leur révolution et malheureusement c’est Thomas Sankara le maillon faible qui est partie. L’existence du complot est irréfutable du camp Sankara grâce au témoignage de Boukari Kaboré qui dit voulait en finir avec Blaise Compaoré. Le procès sans Blaise Compaoré a au moins un sens positif.

  • Le 22 novembre 2021 à 20:48, par Ka En réponse à : Procès Thomas Sankara et douze autres : Les témoins Arsène Yé et Boukary Douamba à la barre

    Quand est ce que Jean P. Palm va décidé d’assumer ses actes ? En le regardant dans la salle, nous pouvons dire que l’ombre et la mort des âmes tuées hantent cet homme. Ce que nous pouvons retenir, et que les juges militaire peuvent faire pour ce menteur, c’est qu’il n’y a jamais de meurtre parfait... qui l’aurait cru....d’une manière ou d’une autre le fou ou le menteur a toujours une vérité, et cette vérité viendra par les témoins de bonne foi qui passeront encore devant les juges. Merci a Kuilga Boukary Douamba pour sa franchise.

    • Le 23 novembre 2021 à 08:44, par caca En réponse à : Procès Thomas Sankara et douze autres : Les témoins Arsène Yé et Boukary Douamba à la barre

      Bonjour Vieux Ka ! Comment ça va chez vous ? J’espère que le procès de Thomas Sankara correspond à vos attentes ? En vous lisant, je remarque quelques incompréhension. Quand est ce que Jean P. Palm va décidé d’assumer ses actes ? En le regardant dans la salle, nous pouvons dire que l’ombre et la mort des âmes tuées hantent cet homme. Ce que nous pouvons retenir, et que les juges militaire peuvent faire pour ce menteur, c’est qu’il n’y a jamais de meurtre parfait... qui l’aurait cru....d’une manière ou d’une autre le fou ou le menteur a toujours une vérité, et cette vérité viendra par les témoins de bonne foi qui passeront encore devant les juges. Merci a Kuilga Boukary Douamba pour sa franchise.
      J’ai cru comprendre que le procès concerne l’assassinat de Thomas Sankara contre Blaise Compaoré mon mentor et non Jean P Palm et ses collègues de la gendarmerie. Voyez vous que la justice des hommes n’a jamais pu apaiser des cœurs et régler des problèmes. Bien que l’instruction du dossier judiciaire a été tronquer en faveur des gens du pouvoir, notre cher Blaise Compaoré demeure l’élu de Dieu. La manipulation des uns comme des autres n’ont pas pu prouver préparer le programme de l’assassinat. La thèse du complot des deux camps demeure le seul élément qui pourrait expliquer le carnage du 15 octobre 1987. Et cette thèse n’a jamais été cachée dans la nuit même du carnage. Si les premiers témoins à charge n’ont pas pu ajouter des éléments probants de preuve, comment des éléments isolés pourraient apporter des preuves irréfutables ? Acceptons simplement que le Burkina a mal dans ses hommes politiques caractérisés par des crises de jalousie autour du roi. Depuis l’indépendance à nos jours, ce sont toujours des gens à côtés et par jalousie qui divisent des amis du pouvoir. Thomas Sankara a été assassiné pour l’intérêt supérieur de la révolution et tout comme la démission de Blaise Compaoré pour ’intérêt supérieur de la démocratie.
      Je te conseille à soulager ton cœur dans la sainte parole de l’Evangile du salut.

  • Le 23 novembre 2021 à 09:40, par TANGA En réponse à : Procès Thomas Sankara et douze autres : Les témoins Arsène Yé et Boukary Douamba à la barre

    Internaute N°1 caca, laisse les choses se poursuivre et tu verras la vérité.
    A connait pas, à demander !
    Wait and see car les langues vont se dénouer.