Les agents d’assainissement : Travailleurs de première ligne et grands oubliés de la pandémie de COVID-19Communiqué de presse
jeudi 18 novembre 2021.De nouvelles études menées par WaterAid montrent que la COVID-19 a aggravé Télécharger les photos et les études de cas ici : Dans certains pays, les agents d’assainissement ont été auréolés du statut de « héros de la lutte contre la COVID-19 », mais dans les pays en développement, WaterAid a découvert que nombre d’entre eux étaient au contraire livrés à eux-mêmes, sous-payés, peu considérés et mal protégés. Au début de la pandémie de COVID-19, WaterAid a mené une étude portant sur la sécurité et le bien-être des agents en charge du nettoyage et de l’élimination des matières fécales. Les résultats ont permis de mettre en lumière les dangers liés à leurs conditions de travail et à la pénurie d’équipements de protection individuelle (EPI), les insuffisances en matière de formation et de protection juridique, ainsi que les pertes de revenus subies par plusieurs millions d’entre eux. À l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, le 19 novembre, les résultats observés en Asie du Sud, au Burkina Faso et au Nigéria montrent que : • Un tiers des agents d’assainissement interrogés au Népal n’ont reçu aucun équipement de protection de la part de leurs employeurs. La catégorie des agents d’assainissement comprend les personnes en charge du nettoyage des toilettes et des égouts, de la vidange des fosses de latrines et des fosses septiques, de l’exploitation des stations de pompage et de traitement, mais aussi du nettoyage manuel des matières fécales, du balayage des déchets et du transport des boues de vidange. Les conclusions de l’étude menée par WaterAid portent également sur les agents de collecte et de nettoyage des déchets solides.
Malgré le caractère vital du service qu’ils fournissent et de leurs missions de nettoyage, de stockage et d’élimination sécurisés des excréments humains, WaterAid n’a pu que constater la marginalisation, la stigmatisation et le mépris habituels dont pâtissaient les agents d’assainissement en raison de leur métier. Nombre d’entre eux sont restés en première ligne face à la pandémie et pendant les confinements nationaux, travaillant dans les hôpitaux et les centres de quarantaine, ou intervenant au cœur de communautés dont l’accès à l’eau potable et à des installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) décentes était limité. « Mon travail m’amène parfois à entrer en contact avec des excréments humains, mais ma seule option consiste à m’essuyer avec un morceau de tissu. Je n’ai pas la possibilité de me laver les mains sur mon lieu de travail. Je dois attendre d’être revenue au bureau. » De nombreux agents d’assainissement ont expliqué à WaterAid qu’ils s’étaient sentis obligés d’aller au travail en période de confinement, même malades, de peur de perdre leur emploi. En Inde, 23 % des agents d’assainissement interrogés ont été contraints de travailler davantage au cours de la pandémie, à raison de deux à six heures supplémentaires par jour. Parmi ceux qui exerçaient dans les hôpitaux, certains ont dû effectuer jusqu’à 30 heures supplémentaires non rémunérées. Au-delà de la menace du virus, il existe des dangers inhérents aux métiers de l’assainissement. La main-d’œuvre est exposée à un large éventail de risques sanitaires et de maladies, et entre souvent en contact direct avec des excréments humains. Les latrines à fosse peuvent être à l’origine d’une blessure ou d’une infection en raison d’un défaut de fabrication ou d’un objet coupant et la présence de gaz toxiques peut entraîner une perte de connaissance, voire la mort. Kambou Jacques, 35 ans, maçon et Vidangeur de latrine, depuis 15 ans dans la commune de Moussoudougou. Il avait déjà l’habitude de se couvrir le nez et la bouche parce qu’il trouvait l’odeur répugnante, mais il n’utilisait aucun vêtement de protection particulier et ne se préoccupait pas des consignes d’éloignement physique liées à la pandémie. Iliyasu Abbas, 50 ans, vidangeur de fosses septiques et latrines à fosse au Nigéria, a déclaré : Dans certains pays, les agents d’assainissement sont confrontés à une discrimination systémique et généralisée. Bien que titulaire d’un diplôme en sciences sociales de l’université de Delhi, un jeune agent d’assainissement indien a expliqué à WaterAid que la stigmatisation dont sa caste était victime l’empêchait de trouver un autre emploi que celui de vidangeur manuel, une activité exercée par le reste de sa famille et consistant à s’occuper directement des excréments humains présents dans les latrines sèches, les fossés à ciel ouvert, les égouts et sur les voies ferrées. Vishal Jeenwal, 26 ans, balayeur de rue, appartient à la communauté des Valmikis, l’un des sous-groupes les plus marginalisés de la caste des Dalits, en Inde. Il a postulé une fonction d’employé de bureau, mais son employeur a découvert son affiliation de caste, et sa situation est aussitôt devenue intenable. Il a confié à WaterAid : « Ils disaient que quelqu’un comme moi ne pourrait jamais réussir dans un autre secteur [que celui de l’assainissement]. J’ai tenté ma chance à plusieurs autres postes, mais finalement, par dépit, je me suis remis à faire ce que ma famille a toujours fait : nettoyer. » L’équipe de tournage de WaterAid s’est intéressée à la pratique de la vidange manuelle dans un court métrage intitulé The Burden of Inheritance (« Le poids de l’héritage »), centré sur une communauté indienne marginalisée et enfermée dans le piège de la pauvreté. Le film sera diffusé en avant-première sur la plateforme WaterBear à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, mettant ainsi en lumière les exclus et donnant la parole à une partie de la société jusque là réduite au silence. Tim Wainwright, Directeur général de WaterAid, a déclaré :
« Les services EAH jouent un rôle crucial dans la protection de la santé publique et seront déterminants pour la survie et le rétablissement de nos sociétés après cette pandémie et les celles qui suivront. Néanmoins, sans les agents d’assainissement, ces services ne pourront pas être opérationnels. Il est important que nous soutenions cette main-d’œuvre, y compris financièrement, non seulement pour des raisons de santé publique, mais également pour des motifs économiques – afin de garantir à tous l’accès à des services d’assainissement décents et à un futur plus radieux. » « Il est important que le gouvernement, les autorités locales, les employeurs et la population prennent des mesures pour soutenir les agents d’assainissement et leur permettre d’exercer leur profession en toute sécurité, dans la dignité et avec la reconnaissance qu’ils méritent. Ces agents essentiels doivent être protégés par des lois, des politiques et des directives garantissant l’accès à des équipements adaptés, à une bonne formation, à un salaire décent, à l’assurance maladie et à la sécurité sociale. Ils doivent également bénéficier de la reconnaissance, du respect et du soutien des institutions et des citoyens. Nous avons tous un rôle à jouer pour combattre et éliminer les discriminations profondément ancrées dans nos sociétés dont les agents d’assainissement ont été les victimes pendant bien trop longtemps. » FIN Pour accéder au dossier de presse complet, veuillez consulter la page suivante : https://washmatters.wateraid.org/publications/sanitation-workers-forgotten-frontline-workers-covid-19-world-toilet-day Vous pouvez télécharger les photos et le rouleau B des études de cas portant sur les agents du Nigéria à l’adresse suivante : https://wateraid.assetbank-server.com/assetbank-wateraid/images/assetbox/c8227b92-ae38-4bc0-8004-649af97358dd/assetbox.html Pour l’étude menée au Burkina Faso : https://washmatters.wateraid.org/publications/assessment-health-safety-dignity-sanitation-workers-banfora-burkina-faso WaterBear est la première plateforme de diffusion interactive entièrement consacrée à l’avenir de notre planète. Elle offre un accès à des contenus primés et inspirants, qui permettent aux abonnés d’approfondir certains sujets, d’apprendre et de passer à l’action. #JournéeMondialeDesToilettes Pour en savoir plus, veuillez contacter : Roch W. OUEDRAOGO, Manager Communication, rochouedraogo@wateraid.org ou sur +226 25 37 41 70 Carla Prater ou Susan Springate, chargées principales des relations avec les médias, De nombreux agents travaillent clandestinement et la défécation reste un véritable tabou dans de nombreuses sociétés, ce qui complique encore un peu plus les problèmes auxquels font face les agents d’assainissement. WaterAid s’efforce d’éveiller les consciences et d’accroître le soutien aux agents d’assainissement en plaidant pour que les gouvernements reconnaissent et protègent les droits de cette main-d’œuvre. Ces travailleurs de première ligne, dont le rôle est à la fois vital et négligé, font également l’objet de recherches complémentaires destinées à explorer de nouvelles pistes pour améliorer leurs conditions de travail et leur accès à l’autonomie. WaterAid s’efforce de démocratiser l’accès à l’eau salubre, à des toilettes décentes et à une bonne hygiène pour tous et dans le monde entier, en moins d’une génération. Cette organisation internationale à but non lucratif opère dans 28 pays afin de changer la vie des personnes les plus pauvres et les plus marginalisées. Depuis 1981, WaterAid a permis à 28 millions de personnes d’accéder à de l’eau salubre et à près de 29 millions, de bénéficier de toilettes décentes. Pour plus d’informations, consultez www.wateraid.org, suivez @WaterAid ou @WaterAidPress sur Twitter, ou retrouvez la page Facebook de WaterAid à l’adresse www.facebook.com/wateraid. • 771 millions de personnes à travers le monde (une personne sur dix) ne disposent pas d’eau salubre à proximité de chez elles . • Environ 290 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladies diarrhéiques causées par le manque d’accès à l’eau et à l’assainissement. Cela représente plus de 800 enfants par jour, soit un enfant toutes les deux minutes . |