Appel aux gouvernements d’Afrique de l’ouest à faire de la sécurité de l’eau la 1ere ligne de défense contre les effets néfastes du changement climatiqueCommuniqué
jeudi 29 juillet 2021.La nouvelle étude de l’ONG WaterAid Afrique de l’Ouest révèle que selon les prévisions l’impact du changement climatique sur les ressources en eau risquerait de s’intensifier au Niger et Burkina Faso et de menacer la stabilité économique et le développement humain si les Etats concernés ne mettent pas en place des mesures adéquates. Ce rapport paraît alors que les gouvernements africains participent dans quelques semaines à la semaine du climat en Afrique et à la COP 26 et qu’une personne sur trois n’a pas accès à l’eau potable près de chez elle en Afrique de l’Ouest. La région connaît un réchauffement des températures de 2°C depuis 1950, des séries de sécheresses se sont succédé depuis les années 70 avec une baisse généralisée de la pluviométrie. D’ici 2025, les besoins annuels en eau du Niger resteront inférieurs aux ressources en eau disponibles et en 2050, les volumes d’eau connaitront une nette diminution sur l’ensemble des bassins du Burkina Faso affirme WaterAid, selon les analyses détaillées du rapport. Le rapport, intitulé « la sécurité de l’eau pour faire face au changement climatique en Afrique de l’Ouest : cas du Burkina Faso et le Niger » démontre que le secteur des ressources en eau apparait comme l’un des plus vulnérables au changement climatique. Les gouvernements du Burkina Faso et du Niger ont certes pris en compte la question du changement climatique dans leurs politiques et stratégies nationales (Communications Nationales Déterminées, Programme national d’adaptation, etc.) mais pas suffisamment intégré la sécurité de l’eau dans leurs stratégies. La situation risque de s’aggraver d’année en année dans ces deux pays où de nombreuses personnes dépendent de sources d’eau de surface, telles que les fleuves, les rivières et les étangs, qui sont vulnérables aux chocs et aux catastrophes. Ali Sabo, 51 ans, moniteur volontaire d’eau, à Dungass, région de Zinder au Niger témoigne : Que se passera-t-il pour des millions de personnes en Afrique de l’Ouest ? Le nouveau rapport de WaterAid prédit que ces communautés, en particulier les femmes et les filles, seront encore plus exposées et moins capables de faire face à la sécheresse, aux inondations, aux maladies telles que la COVID 19 et aux incertitudes météorologiques. Il est attendu que la demande en eau de la région Afrique de l’Ouest continue d’augmenter en raison de la croissance démographique, du développement économique et de l’évolution de la consommation en eau de certains secteurs tels que l’agriculture, l’industrie et les besoins domestiques. Selon le rapport de la Banque Mondiale (2016) « la raréfaction de l’eau exacerbée par le changement climatique pourrait amener certaines régions à accuser un recul du PIB de l’ordre de 6 %, provoquer des migrations et déclencher des conflits ». Quel sera l’impact du changement climatique sur la disponibilité de l’eau ? Le rapport prévoit qu’en 2050, les volumes d’eau diminueront significativement dans tous les bassins du Burkina Faso avec une baisse de 68,9% pour la Comoé, de 73% pour le Mouhoun, de 29,9% pour le Nakanbé et de 41,4% pour le Niger. D’ici 2080, le Niger devrait connaître une augmentation des températures allant de 2,0°c à 4,6°. La hausse des températures entrainera une recrudescence de phénomènes climatiques extrêmes : sécheresses, inondations et des catastrophes hydro-climatiques en termes de fréquence et d’intensité. Les changements climatiques vont altérer la disponibilité de l’eau dans plusieurs régions. La zone sahélienne court un risque d’asséchement précoce des puits et puisards, un faible remplissage des lacs, une insuffisance d’eau pour les divers usages et une aggravation du stress hydrique. APPEL A UNE ACTION URGENTE POUR GARANTIR LA SECURITE DE L’EAU Alors que les pays de l’Afrique de l’Ouest préparent la Semaine du Climat, les gouvernements du Burkina Faso et du Niger doivent s’assurer que l’eau, l’assainissement et l’hygiène figurent dans leurs engagements en matière d’adaptation au changement climatique afin d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030. WaterAid appelle les gouvernements à inclure l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans la politique de lutte contre le changement climatique en tant que stratégie d’adaptation essentielle. Les deux gouvernements devraient de toute urgence réviser et mettre à jour leur Contributions Déterminées Nationales (NDCs) avant la COP26 et s’engager à encourager une meilleure coopération entre les départements afin de reconnaître l’eau, l’assainissement et l’hygiène comme des éléments essentiels de l’adaptation au changement climatique. Le secteur WASH doit faire partie du travail d’adaptation au changement climatique. Les Etats doivent améliorer la résistance aux crises et la capacité d’adaptation aux catastrophes extrêmes liées à l’eau grâce à des solutions de gestion des risques et des urgences en sensibilisant les communautés aux risques et en renforçant les programmes de gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux d’ici 2030. Malgré l’augmentation du volume des fonds disponibles pour le financement du climat, seuls 7 % de ces fonds sont consacrés à l’adaptation au changement climatique. WaterAid demande aux gouvernements du Burkina Faso et du Niger de donner la priorité pour l’élaboration de propositions de financement nationales qui traitent de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène et du changement climatique afin de s’assurer qu’elles sont en mesure de répondre aux critères fixés par des fonds tels que le Fonds vert pour le climat et le Fonds d’adaptation. Investir dans la construction ou la modernisation des infrastructures WASH peut également contribuer à renforcer la résilience face aux pénuries d’eau liées au climat. Selon une étude récente de WaterAid et Vivid Economics, chaque dollar dépensé pour des améliorations stratégiques de la résilience aux inondations pourrait permettre d’éviter au moins 62 USD de coûts de restauration des inondations . Pour Eric Mamboué, Directeur du Programme Pays de WaterAid Burkina Faso : « Le changement climatique rend la vie plus difficile aux personnes les plus pauvres de l’Afrique de l’Ouest sub-saharienne. Il n’est pas juste que ceux qui contribuent le moins au changement climatique soient ceux qui en souffrent le plus. Le changement climatique menace l’approvisionnement en eau et les services essentiels pour les personnes les plus vulnérables d’Afrique de l’Ouest, et cette tendance va s’accélérer dans les prochaines années. D’ici à 2050, le nombre de personnes vivant dans des conditions de grave pénurie d’eau devrait se situer entre 42 % et 95 %. Nous devons agir maintenant pour nous assurer que chacun dispose d’un approvisionnement fiable en eau potable ». Notes à l’intention des rédacteurs : Pour plus d’information visiter : Suivez nous sur @WaterAidWAfrica |