Paix et cohésion sociale au Burkina Faso : Interpeace analyse les facteurs de conflit et de résilienceLEFASO.NET
jeudi 22 octobre 2020.Ce jeudi 22 octobre 2020, s’est ouvert à Ouagadougou un forum national de validation des résultats de l’initiative « Jeter les bases d’une paix durable au Burkina Faso : Analyse participative des facteurs de conflit et de résilience ». Le forum est organisé par Interpeace, une organisation internationale pour la consolidation de la paix. C’est en juin 2019, qu’Interpeace avec l’appui financier du Royaume des Pays-Bas a démarré l’initiative « Jeter les bases d’une paix durable au Burkina Faso : Analyse participative des facteurs de conflit et de résilience ». A en croire Alessia Polidoro, Représentante régionale d’Interpeace en Afrique de l’Ouest, cette initiative s’inscrit dans la dynamique du gouvernement burkinabè de rétablir la paix et la cohésion sociale au Burkina Faso.
Elle s’est focalisée sur la nécessité de disposer d’une analyse nuancée des différents éléments du conflit, en écoutant les populations pour comprendre davantage leurs perceptions autour des dynamiques locales de conflictualité et les facteurs de résilience susceptibles de bâtir une paix durable. L’analyse a fait ressortir les principaux facteurs de conflits et obstacles à la paix, qui sont essentiellement des facteurs structurelles et interconnectées d’un point de vue historique et communautaire. Ainsi, on peut citer l’inégalité dans l’accès et la jouissance des opportunités existantes, le déficit de bonne gouvernance entrainant une rupture de confiance entre gouvernants et gouvernés, une gouvernance sécuritaire tournée vers une « promotion » de l’auto-défense, les stéréotypes-ethniques avec le risque de fragmentation sociale et le régionalisme. L’analyse relève également comme facteurs de conflit, la dilution de la légitimité de l’autorité traditionnelle comme entrave à la cohésion sociale et l’instrumentalisation de la religion comme moyen de diffusion des idéaux de l’extrémisme violent.
Face à ces principaux facteurs de conflits, Interpeace a fait des recommandations. Il s’agit entre autres, de rétablir la confiance entre acteurs étatiques et acteurs communautaires, de mettre en place des mécanismes locaux de prévention et de gestion concertée des conflits autour du foncier et des ressources naturelles, d’impliquer activement les jeunes dans les politiques publiques et processus décisionnels, d’établir un cadre de dialogue entre l’Etat et la communauté peule et entre les autres communautés, afin d’éviter des radicalisations à base identitaire, etc. Traduire les résultats de l’étude en actions concrètes Le forum national de validation des résultats de l’initiative « Jeter les bases d’une paix durable au Burkina Faso : Analyse participative des facteurs de conflit et de résilience », qui se tient les 22 et 23 octobre 2020, sera le lieu pour Interpeace de présenter les résultats de l’analyse sur les facteurs de conflits et de résilience, aux différents acteurs locaux, nationaux et internationaux.
Le forum sera aussi l’occasion d’approfondir la réflexion sur les thématiques prioritaires et les capacités à mobiliser pour bâtir une paix durable au Burkina Faso, mais également d’approfondir et prioriser les recommandations de l’étude en vue de définir de manière collégiale un agenda pour la paix et la cohésion sociale au Burkina Faso. « Nous attendons que les participants puissent échanger sur les conclusions de l’étude qui a vu la participation de toutes les couches de la société burkinabè pendant plus de huit mois de recherche sur le terrain. Nous souhaitons que ces conclusions puissent être validées, traduites en actions précises et concrètes qui seront mises à la disposition des différents acteurs qui œuvrent pour la paix au Burkina Faso », a laissé entendre Alessia Polidoro.
La ministre déléguée chargée de la Décentralisation et de la cohésion sociale, Madiara Sagnon, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du forum, a tenu à féliciter Interpeace pour la pertinence de l’initiative. « L’intérêt des conclusions de la présente analyse réside dans le fait qu’elle met à notre disposition, une masse critique d’informations de première main, directement venue du terrain et qu’elle nous permet d’écouter la voix du Burkinabè lambda, trop souvent exclu des processus de consultation et de prise de décision », a indiqué la ministre. Justine Bonkoungou |