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Onze décès dans une intoxication alimentaire à Didyr : « Personne ne savait exactement ce que contenait le produit qu’ils ont consommé », selon le maire de Didyr

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jeudi 5 septembre 2019.

 

Une famille à Didyr, commune de la province du Sanguié, a été victime d’une intoxication alimentaire, faisant sept morts le dimanche 1er septembre 2019, dans un premier temps. Deux jours plus tard, le bilan est passé à onze morts. Le maire de la commune de Didyr, Baguinema Bakuan, revient sur les faits.

Selon le récit du maire de la commune de Didyr, Baguinema Bakuan, tout est parti d’une salutation de mariage le soir du 24 août 2019 au cours de laquelle du « zom koom » (boisson faite à base de farine de mil) a été apprêté. Le lendemain, une jeune dame de la cour, sourde-muette, a recueilli les résidus de farine restante du zom koom concocté à l’occasion de la fête. Étalé quelques jours, ce résidu serait redevenu de la farine normale prête à l’emploi. Le samedi 31 août 2019, elle devait utiliser cette farine pour le dîner de la famille.

La famille étant grande, la bonne dame sourde-muette a trouvé sa farine insuffisante et est allée prendre du mil déposé dans une chambre. Selon le maire Baguinema Bakuan, le mil en question était un restant de semences, que le chef de famille avait déposé dans la maison, juste après la période des labours. « C’était de la semence traitée avec des produits de la rue que les paysans aiment acheter, aux fins d’empêcher que leurs semis soient attaqués par des oiseaux, des insectes ou autres nuisibles », confie le maire de la commune. Des produits que même les services compétents ignorent la composition, ajoute-t-il.

Etant sourde-muette, la dame n’a pas pu entendre parler de la particularité de ce mil. Elle l’a alors utilisé pour grossir sa farine et apprêter le repas aux environs de 20 h. Après le dîner, il n’y avait aucun problème. C’est le lendemain matin que tous les membres de la famille ont été pris de convulsions de maux de ventre. Le concours de circonstance a fait que le problème n’a pas été pris au sérieux au tout début puisque tous liaient les maux de ventre aux résidus de zom koom utilisés dans la cuisine. C’est le décès des suites de maux de ventre de deux jeunes de la famille, qui étaient en brousse avec des animaux, qui a suscité de vives inquiétudes.

A l’annonce du décès des deux jeunes, le père de famille agonisait aussi. Le temps de conduire les membres de la famille au CSPS, le père est décédé. Les autres ont été transférés immédiatement à Koudougou, où quatre autres personnes ont trouvé la mort la même nuit et une autre le lendemain, portant le nombre de décès à huit. Les trois qui complétaient la liste à onze décès ont succombé à Ouagadougou.

La dernière victime a été la dame qui a préparé le repas, décédée le 4 septembre à 1h du matin. Depuis le début des décès, le maire annonce que c’est le 4 septembre qu’il y a eu un début d’espoir pour les restants avec la libération de trois personnes à Koudougou et de trois autres à l’hôpital Charles de Gaulle. Trois personnes sont toujours en hospitalisation au CHU de Bogodogo, deux enfants et un jeune toujours dans état critique.

« Dès le premier jour, nous avons dépensé plus de 500 000 F CFA mais le véritable problème c’était quel produit leur administrer puisque personne ne savait exactement ce que contenait le produit qu’ils ont consommé », a déploré le maire de la commune. On a donc fait appel au concours du Laboratoire national de santé publique et les résultats sont toujours attendus. Selon le maire, parmi ceux qui ont consommé le repas, il n’y a que les plus petits qui survivent ou ceux qui ont pris une moindre quantité.

Au total, 21 personnes ont été victimes de l’intoxication. Parmi elles, il y a eu 18 qui ont séjourné dans des centres hospitaliers et une personne non retenue à l’hôpital. Comme la famille vivait un peu à l’écart, il n’y a eu que ses membres qui ont été concernés plus un tout petit d’une autre famille qui était avec son camarade. Le mauvais moment au mauvais endroit pour ce dernier qui aurait trouvé la mort le lendemain.

Malgré tout, le maire se console de la forte mobilisation autour de cette tragédie. Les ressortissants de la commune, les autorités administratives locales, tous dans un même élan, ont donné du temps et de l’argent pour que les prises en charge et les encouragements aux proches soient assurés. La mairie y a mis près de 800 000 F CFA en dehors des cotisations des ressortissants de la commune et les bonnes volontés qui ont aussi manifesté leur soutien.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net



Messages

  • Les terroristes nous terrorisent et la pauvreté et l’ignorance nous achèvent. Beaucoup de peines à lire.
    Beaucoup de courage aux proches ! RIP

  • Un désastre ! Paix aux âmes des victimes, prompt rétablissement à ceux qui sont en soin ou qui viennent de sortir d’hôpital. Condoléances à la grande famille BAKOUAN et alliés. Motion aux ressortissants de la commune, aux autorités et amis pour la mobilisation dont ils ont fait montre au cours de ce triste événement. Fasse Dieu que cela ne se répète plus jamais

  • Paix à leurs âmes et prompte rétablissement aux rescapés malades. Il est plus qu’urgent de sensibiliser les populations et principalement les paysans sur l’usage des produits chimiques. Même des arachides en phase de maturité sont traitées contre les rongeurs et les oiseaux, puis déterrées ensuite pour être vendues aux populations. Alors, nous sommes malades et mourons à petit feu sans jamais savoir de quoi nous souffrons.
    Merci à la Mairie pour le geste immense car même à ouaga aucune mairie n’est capable d’un tel geste (on les connaît : maximum 100 000 avec une forte délégation)

  • Paix à leurs âmes et toutes mes condoléances à la famille éplorée !. Qu’Allah nous protège car nul n’est épargné avec les problèmes de tout genre.

  • Paix aux âmes des disparus.
    Il est impératif d’interpeller encore les autorités sur les dangers que nous couront avec l’expansion incontrolée de l’usage des herbicides et autres produits chimiques par nos agriculteurs et éleveurs. En l’espace de 10 ans, c’est devenu la règle dans certaines régions. Au finish, quand vous achetez des céréales au marché, vous ne savez pas avec ques résidus chimiques elles sont souillées. Pendant que les produit developpés veulent bânir des produits comme le Glyphosat , nous assistons à son Expansion chez nous. Le problème c’est qu’après ces morts par empoisonnement, il faudra s’attendre à des cas beaucoup plus nombreux, et dramatiques dans 10 , tout au plus 20 ans avec les cancers qui en découleront. Ajoutons cela à nos problèmes actuels et le manque et l’inaccessibilité de traitements appropriés , et le scénario du film ne peut qu’être horrifiant. Malheureusement , ca ne sera pas un film mais las bien triste réalité.
    Pour finir j’en apelle à la responsabilité de chacun de nous et de la ligue des consommateurs de sensibiliser nos frères et seouers sur les grands dangers que nous courons.

    Passakziri

  • Mes sincères condoléances les plus attristées à la grande famille Bakouan et à l’ensemble de la population de Didier. Il est nécessaire et très urgent de renforcer la réglementation et le contrôle de son application en matière d’importation, de gestion et d’utilisation des pesticides et autres produits chimiques. dan notre pays. Des jeunes circulent partout avec des pesticides très dangereux que les gens achètent pour divers usages. Ces produits dont on ignore souvent la vraie composition et la provenance sont non seulement dangereux pour ceux qui le manipulent mais leur usage incontrôlé est nuisible pour la faune et la flore. Les services techniques (agriculture, environnement, santé...) doivent renforcer l’encadrement des populations en matière de choix et de gestion (stockage, utilisation, élimination etc) des pesticides.

  • Paix à leurs âmes. Nos condolénances à la Famille Bakuan et courage.C’est très triste de voir disparaitre toute une famille à cause d’une intoxication.alimentaire. Que le SEIGNEUR les accueille dans son Royaume Céleste.

  • hum hey les gourounsi ; la faim va vous tuer , doublé de l’ignorance ; on fait comment ?
    Toutes mes condoléances à la famille Bakouan et prompt rétablissement aux malades ; je vais vous envoyer des sacs d’arachides ;
    merci à toutes les bonnes volontés pour ce élan de solidarité

  • Paix à leurs âmes.
    Du courage chef BAKUAN !
    Il faudra en profiter pour sensibiliser en fois de plus la population sur les produits non homologués. Au besoin, la mairie peut aider un projet privé à avoir des financements pour une boutique d’intrants, de semences et autres produits.

  • Très désolant et très accablant. Puisse le Seigneur accueillir ces victimes dans son paradis et donner un parfait rétablissement à ceux encore malade. merci au maire Bauinma et à la population pour leur solidarité exemplaire. Nos Condoléances à la famille BAKOUAN et( que le Seigneur sèchent leurs lames.

  • Toutes mes condoléances à toute la population de la belle cité de Didyr. Que leurs âmes reposent en paix.

  • Toutes mes sincères condoléances a la famille Bakouan ! Puisse le maitre absolu les accepter dans son royaume éternel et guérir ceux qui sont toujours hospitalisés !

  • Mes sincères condoléances à toute la famille mon frère !
    Que Le Seigneur vous console !
    Paix aux âmes des défunts !

  • Triste,évènement.
    Mes condoléances aux familles des victimes.
    Que Dieu console les cœurs.
    Courage à .M. le maire ainsi qu’à ses conseillers..

  • Après ce drame, chacun s’inquiète bien légitimement de l’invasion de notre agriculture par les pesticides.
    Tout le monde s’interroge sur la circulation de produits toxiques mal ou pas identifiables au cœur de nos marchés.
    Mais personne ne semble s’émouvoir que l’on puisse laisser à la charge d’une seule "jeune dame handicapée", la confection d’un repas pour plus de vingt personnes...?
    Personne ne pouvait-il l’assister ?
    Si l’on conserve des produits toxiques sous forme de semences (donc d’apparence consommable), ne doit-on pas s’assurer qu’elles soient inaccessibles.
    Au minima, ne doit-on pas en informer clairement les résidents de la cour, fussent-ils sourds et muets ?