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Procès du putsch manqué : Lieutenant Boureima Zagré, le « jeune officier » qui devait lire la déclaration du coup d’Etat

LEFASO.NET | Par Marcus Kouaman
mardi 28 août 2018.

 

À la suite du sergent Souleymane Koné, est passé à la barre du Tribunal militaire ce lundi 27 août 2018, le lieutenant Boureima Zagré. C’est ce « jeune officier » qui, en principe, devait lire la déclaration du Conseil national pour la démocratie (CND) sur la Télévision nationale, le jeudi 17 septembre 2015. Plutôt que d’exécuter cette tâche, il s’est rendu à Cinkansé du coté togolais, pour ramener du matériel de maintien de l’ordre.

Le lieutenant Boureima Zagré est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline militaire. À la barre ce jour, l’officier de 32 ans de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), décoré de la médaille des Nations unies pour la paix, et qui fait toujours partie des effectifs de l’armée burkinabè, plaide non-coupable et s’en explique. Avec une mémoire d’éléphant, il revient à la minute près, sur les évènements de cette tentative de coup d’Etat.

Des murmures…

En mission onusienne avec le bataillon Badenya 3 au Mali depuis fin janvier 2015, il était revenu au pays en permission, au début du mois de septembre 2015. Le lieutenant Zagré s’est rendu à Bobo pour un séjour et a regagné Ouagadougou le 15 septembre. Le lendemain 16 septembre, il décide de ramener le véhicule avec lequel il avait effectué son déplacement à son corps d’origine, le RSP, au camp Naaba-Koom II, vers 16h. Sur les lieux, il y avait un rassemblement et il se murmurait, selon l’accusé, que le conseil des ministres avait été interrompu.

C’est à ce rassemblement que le général Gilbert Diendéré a confirmé ladite rumeur. « Le général nous a fait savoir que le conseil des ministres a été interrompu et qu’il allait se rendre au ministère de la Défense pour rencontrer les chefs militaires », a confié l’accusé. Ordre donc a été donné aux officiers de rester aux cotés des hommes au camp. De retour, le général assure que les chefs militaires accompagnaient l’action.

Un visage inconnu pour lire la déclaration

En cette même soirée, les sages composés entre autres de Mgr Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo, et du président Jean Baptiste Ouédraogo, se sont entretenus avec les « putschistes ». L’accusé ayant participé aussi à cette rencontre affirme que le prélat s’est exprimé en ces termes : « C’est la situation de vide qui inquiète, le pays n’a pas besoin de cela. S’il s’agit d’un coup d’Etat, que les gens assument ».

C’est dans cette ambiance et dans le feu de l’action que le client de Me Dieudonné Willi et du bâtonnier Mamadou Savadogo, au petit matin du 17 septembre 2015, a entendu son nom circuler. Il était le jeune officier « désigné », et dont le visage n’était pas connu du public, pour lire, à la Télévision nationale, la déclaration marquant officiellement le coup de force du CND. Ce qui n’a pas été le cas. Finalement c’est le médecin-colonel Mamadou Bamba qui a lu cette déclaration en question. « Le capitaine Dao (Abdoulaye) m’a dit que ce n’était plus la peine que je lise le communiqué », souligne-t-il.

La mission togolaise

Dans l’après-midi du 17 septembre 2015, le lieutenant a reçu l’ordre du commandant Aziz Korogo, chef de corps adjoint du RSP assurant l’intérim, de se rendre à Cinkansé au Togo pour récupérer du matériel de maintien de l’ordre dont la Police nationale et la Gendarmerie auront besoin. Accompagné de neuf hommes tous habillés en tenue de combat « Terre du Burkina », ils ont démarré autour de 19h pour arriver à la frontière togolaise vers 2h du matin.

En ces lieux, il fut joint au téléphone par le capitaine Piasso, officier togolais. En tenue civile avec le conducteur de son véhicule, l’officier traverse la frontière, entre en territoire togolais, suit le capitaine Piasso dans une villa pour embarquer le matériel.

Ce matériel de maintien de l’ordre était essentiellement composé de fusils, de lances-grenades de type cougar, de grenades lacrymogènes à main et pour fusil de type ATL, des cartouches propulsives. Le matériel étant embarqué, retour à Cinkansé-Burkina, changement de tenue et direction le camp Naaba-Koom II dans la même matinée du 18 septembre 2015. Deux incidents se sont produits en cours de chemin, après Koupéla. Des manifestants, qui avaient barricadé la route.
Ce qui a conduit un des militaires de la mission à faire des tirs de sommation. De retour au camp, l’escadron d’intervention de la gendarmerie est passé chercher son lot de matériel et l’Unité polyvalente de la police nationale aussi, dans l’après-midi du 18 septembre 2015.

Resté au camp, ce n’est que le 20 septembre qu’il a reçu l’ordre du lieutenant Gorgo de conduire des hommes à la Place de la nation pour l’occuper et empêcher tout rassemblement. Il y est resté de 6h30 à 18h30, avant de rejoindre la base. Le lendemain 21 septembre, il a été envoyé sécuriser la poudrière de Yimdi qui venait de connaitre une attaque qui avait causé la mort d’un militaire et provoqué des blessés. L’officier qui était en permission d’une mission onusienne, y est resté jusqu’au 23 septembre 2015.

De cette date jusqu’à son retour au Mali, le 1er octobre 2015, il est resté à la maison. Durant tout son récit et malgré les questions de relance, l’accusé a nié avoir exécuté un ordre manifestement illégal ni reçu un ordre de la part de l’auteur d’un attentat à la sûreté de l’État. Son interrogatoire se poursuit le mardi 28 aout 2018.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)

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Messages

  • Voilà que ça commence à sentir bon.Dans ce procès du putsch le plus foireux de la planète,il fallait aller droit au but en commençant par les têtes brûlées ou si vous voulez les têtes d’affiche que sont ces 2 généraux d’opérette et certains officiers car avec ce petit récit de ce lieutenant Zagré,on comprend déjà des implications extérieures que sont le Togo,la CI.Alors quand l’éphémère virtuelle première dame fatou diendéré fuit pour se cacher au Togo,ce n’est pas par hasard.Donc en plus des matériels venus du Togo et aussi de la CI,il y avait aussi des mercenaires venus de ces 2 pays pour soutenir ces félons (cf les écoutes téléphoniques soro-bassolé qui sont très authentiques sauf pour des individus de très mauvaise foi)

  • L’officier qui fait honte à la nation. Que froideur ! J’espère bien que ce n’est pas le monstre FROID.

  • Mon cher Lieutenant, vous êtes très naïf ! Votre récit même confirme que vous êtes justement coupable des faits qui vous sont reprochés. Comment tout en étant en mission onusienne à l’étranger et permissionnaire, vous vous retrouvez au coeur de l’action dans le putch jusqu’à aller chercher des armes à l’étranger ? Des armes qui ont pu blesser ou tuer. Vous êtes un gros poissons. Si je vous suis, vous étiez même prêt à lire la déclaration si l’on avait pas décidé autrement. On vous voit venir aussi avec cette histoire de prélat et hierarchie militaire. Qui était fou à l’époque pour s’opposer à la volonté du RSP et de ses chefs. Une sagesse dit que si tu ne peux rien contre le voleur il faut l’accompagner. C’est ce que chacun à fait. Vous n’avez pas consulté les gens ; vous les avez mis devant le fait accompli. Ils disent quoi ?

    • Il veut noyer le prélat, alors que nous avions appris qu’ils avaient faillit " faire le prélat " parce qu’il leur avait dit que le putsch était bête..... Où est la vérité ?

  • Ce monsieur est non seulement exécutant du coup d’état, mais aussi un commanditaire. Il doit subir toute la rigueur de la loi et porter avec l’ensemble des officiers du espère l’entièreté du coup d’État.

  • Les choses se précisent avec les interrogatoires des officiers. Ce qui est sûr, d’ici la fin de ce procès, on en saura davantage sur ce coup d’Etat le plus bête du monde. Ainsi donc le Togo aussi y était impliqué. Lors de l’insurrection d’octobre 2014, le nom du Togo circulait avec la presence de mercenaires pour aider à nous mâter, nous les contre-la modification de l’article 37. Heyi Togo ! Heyi Togo Heyi Togo ! Ngaow ! Cela fait la deuxième fois que tu fourres ton nez dans nos affaires ici au Faso et on espère que c’est la dernière fois, sinon .....
    Vivement que le tour des autres officiers arrive vite pour nous situer. Du courage aux juges et aux avocats dans cette affaire.
    La Patrie ou la Mort, Nous Vaincrons !

  • Maintenant les choses se précisent : Si depuis l’ouverture de ce procès les éléments du RSP prenaient la peine de dire la vérité en respectant les règles d’un bon militaire qui sont la discipline, la sincérité et l’obéissance, en disant aux juges qu’ils ont obéi en bon militaire les ordres des généraux, l’indulgence les seront accordé sans condition.

    A part le valeureux l’adjudant Jean Florent Nion, avec sincérité et l’intelligence à montrer aux juges militaires qu’il était un bon militaire en obéissant aux ordres de ses supérieurs, tout le reste mentent pour sauver leur peau.

    Malgré les ruses des deux derniers Zagré Boureima et le sergent Koné Souleymane devant les juges, leurs petites phrases les trahissent complètement : Comme dire que ‘’’(le général Diendéré de retour de la rencontre avec les chefs militaires dans la nuit du 16 septembre 2015) a dit que les chefs militaires accompagnaient l’acte qui a été posé,’’’ et qui montre qu’ils sont tous complices des généraux pour ce coup d’état a la maternelle. Militaires de lâche, quoi qu’il arrive, la vérité sera sur la table a la fin de ce procès.

  • "Un militaire sans formation politique, est un criminel en puissance" dixit Thom SANK. Point barre !

  • pendant ce cirque de justice 8 FDS sont tues par une mine artisanale

  • en faisant le compte combien voulait le portefeuille de la communication et des relations avec le parlement : mamadou bamba, damis le paranoïaque, benjamine douamba et maintenant qui nous dit que ce lieutenant zagré n’y pensait pas............ et peut être même izdine touré