
La gomme arabique, une richesse mal exploitée ?En 1996, Salif Diallo, ministre d’Etat, a conduit en personne une délégation d’une douzaine de techniciens au Tchad pour partager l’expérience de la gomme arabique dans ce pays. Il y a donc eu de l’argent pour une délégation, perdiems, logement, frais de déplacement. J’ai l’impression que ceci était la partie la plus importante du projet. Ensuite, la formation des producteurs a été dispensée un peu en retard, même trop tard, et les producteurs n’ont pas pu l’appliquer cette année-là. Il n’y a pas eu de suivi non plus car il n’y avait pas de moyens conséquents : il y avait des moyens pour payer le salaire d’un certain nombre de fonctionnaires, mais pas pour qu’ils puissent faire un travail de suivi qui aurait pu profiter aux paysans. Mieux aurait valu quelques fonctionnaires de moins et employer ces salaires pour aider les cultivateurs. Une telle affirmation est une vraie révolution car cela veut dire que le travail serait fait pour le bien des cultivateurs. Beaucoup de producteurs n’y croyaient déjà plus malgré tout. Surtout, après avoir récolté leur gomme, ils ne savaient pas à qui et où la vendre. Il y a toujours eu un commerce traditionnel, car la gomme est employée dans beaucoup de ménages ; mais une quantité de gomme plus importante ne trouve pas d’acheteurs. Ne pensez pas qu’il s’agissait de milliers de tonnes. Avec la production d’une tonne de gomme, la vente était déjà impossible. On dit que le gouvernement ne s’est pas assez impliqué dans la filière. Je pense que le gouvernement a déjà gaspillé trop d’argent pour promouvoir cette filière. Plusieurs études, des cartes de tout le pays avec les zones des acacias sénégals. On sait qu’il y a environ 15 000 000 arbres avec une possibilité de 4 500 tonnes de récolte de gomme arabique. L’Acacia Sénégal est utile dans la lutte contre la désertification, pousse facilement, est résistant contre la sécheresse et fournit la gomme arabique. La cellule pour la promotion de la gomme arabique a aujourd’hui encore un certain nombre de fonctionnaires. Des dates-clés 1996 : le Premier ministre a lancé l’opération de promotion de la gomme à Boulsa. En 1996, l’Union européenne a déjà financé un projet surtout pour former des cadres forestiers et des producteurs de gomme, pour faire l’inventaire des peuplements naturels des acacias Sénégals, pour produire des plants et pour réaliser des plantations. 1997 : le Centre national de semences forestières s’est impliqué pour évaluer le potentiel de gomme. Encore en 1997, la Région Wallone de Belgique a appuyé financièrement la CNRST et le CNSF, deux centres burkinabé, dans la recherche de la problématique de la gomme. 17-7-1999 : un autre projet pour la promotion de la gomme arabique. Il y a ensuite la Gomburki, une entreprise d’exportation de gomme. Il y a une association professionnelle des exportateurs de gomme arabique (APEGA). Il y a surtout la promesse de Salif Diallo que la gomme arabique, une bonne source de revenus, peut aider à sortir de la pauvreté, et quelqu’un a même dit que la gomme est notre cacao ou notre café. Maintenant, la réalité. A Louda, il y a un groupement pour la promotion de la gomme : il plante de nouveaux pieds, entretient les arbres, les saigne, fait la récolte, s’occupe du séchage et fait le tri des plantes existantes. Il possède vingt hectares depuis 1996. En 2001, ce groupement a récolté 170 Kg de gomme et l’année précédente 70 Kg. Donc, en argent, à 250 F le kilogramme en moyenne, ce groupement de 15 membres a gagné 42 500 F, et l’année précédente, 17 500 F ! Qui va encore se fatiguer dans la culture de l’acacia Sénégal pour gagner de l’argent avec la gomme arabique ? La plus grande partie de la récolte de la gomme est faite par les bergers quand ils suivent leur troupeau et par les femmes qui cherchent du bois ou des feuilles de sauce. Une petite activité secondaire qui rapporte quelques francs supplémentaires. De fausses promesses aux paysans Le plus grave dans toute cette histoire, c’est qu’une fois de plus on a fait de fausses promesses aux paysans. Ils n’y croient plus. Mais il y a des possibilités que la gomme puisse aider le Burkina. Vu le prix très bas, il faut travailler d’une manière peu coûteuse. Le Burkina peut, avec les acacias sénégals qu’elle possède, produire 4 500 tonnes de gomme. Un arbre donne 300 grammes par an, donc pour 75 F. Si on saigne l’arbre, il peut donner 4 fois plus de gomme, donc 1 200 grammes pour 300 F. 52 arbres par hectare. Si une personne, dans ses temps libres, exploite un hectare, elle ne devient pas riche mais elle gagne 15 000 F, à condition qu’elle saigne ces arbres quand elle va en brousse. . Les études et les évaluations suffisent pour le moment. Le gouvernement donne à ses fonctionnaires qui s’occupent de la filière acacia Sénégal un autre travail, sauf à une toute petite cellule de cinq personnes. Cette cellule s’occupe de faire apprendre la saignée à quelques paysans qui l’apprennent à d’autres paysans pour x frs par personne. La cellule essaie, avec APEGA, d’organiser la commercialisation à partir d’un ou deux points par provinces, mais à ces points-là le prix est fixé par le gouvernement et la gomme doit être propre. Ce n’est pas nécessaire que tout le pays démarre dès maintenant. Il faut commencer là où la récolte est la plus abondante. Une fois que cela a bien démarré, la transformation sur place peut être envisagée. Voilà quelques orientations qui peuvent aider l’exploitation de la gomme qui est très demandée sur le marché international. Mais ne trompez plus les paysans avec des merveilles à gagner : c’est faux. Elever une dizaine de poules rapporte aussi quelques francs et les paysans le font. Ramasser 50 à 100 Kg de gomme arabique semble possible pour des gens qui le veulent, à condition de saigner les acacias. Nous sommes pauvres. Au lieu de ne rien faire ou de perdre son temps au marché ou, pire, au cabaret, mieux vaut gagner quelques sous avec la sueur du travail, mais ne parlez plus "d’une richesse mal exploitée". Ce langage vient d’ailleurs de la bouche de ceux qui ont des richesses. Aidons notre pays, achetons et consommons des produits burkinabè. Bonne nouvelle : Balbeogo Jean-Paul a été condamné, pour détournement, à 5 ans de prison ferme et à plus de 10 millions de francs CFA (Source : RENLAC). F. Balemans B.P.332 Koudougou Le Pays Vos réactions (3) |