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Dédougou : La stigmatisation, une autre cause du terrorisme, au cœur d’un café littéraire

mardi 21 mai 2024.

 

Un café littéraire a réuni un panel d’acteurs de divers horizons le samedi 18 mai 2024 à Dédougou. L’activité, qui est de l’initiative du club littéraire et artistique Zénith de l’université Daniel Ouezzin Coulibaly (UDOC) de Dédougou, s’est penchée sur le livre intitulé Le Prix de la stigmatisation de l’écrivain Ounténi Félix Natama.

Le choix du club littéraire et artistique Zénith de l’université Daniel Ouezzin Coulibaly(UDOC) de Dédougou d’organiser son premier café littéraire autour de cette œuvre littéraire tient à la problématique de la réinsertion dans la vie sociale des personnes ayant vécu un passé carcéral.

Ces personnes, parfois victimes de rejet de la part de la société, sombrent dans la déviance comportementale. Tel personnage principal présenté par le magistrat et écrivain Ounténi Félix Natama dans son roman Le Prix de la stigmatisation qui, face à l’ostracisme dont il a été l’objet après son séjour en prison, a fini par rejoindre le maquis pour terroriser sa propre communauté. Cela soulève la question de la responsabilité de la société, pense le président du club littéraire. C’est pourquoi, « à travers ce café littéraire, nous voulons dire à nos camarades et à la société dans son ensemble de revoir leur regard envers nos frères et sœurs qui ont eu un passé carcéral.

Ounténi Félix Natama,auteur du livre

Ce sont avant tout nos frères et sœurs. Ils sont les produits de la société. Encore plus, ils sont allés en prison et ont déjà purgé leur peine. Normalement, la société ne devrait pas avoir de difficulté à favoriser leur réinsertion », a déclaré Ben Rachid Sawadogo. Il a ajouté que l’activité de l’après-midi du 18 mai ambitionnait aussi d’initier les étudiants de lettres aux bonnes connaissances de la littérature sous l’angle de la promotion du livre et de la lecture.

Ben Rachid Sawadogo, président du club littéraire et artistique Zénith de l’UDOC

Pour permettre, en effet, aux participants de mieux s’imprégner du livre en débat afin que chacun se façonne un regard d’acceptation des membres de la société ayant vécu un passé carcéral, des échanges sur l’œuvre ont été menés. Ainsi, l’auteur lui-même, Ounténi Félix Natama, le directeur de la maison d’édition BUFAC où le roman a été édité, Kontondia Joseph Herbert Thiombiano et l’enseignant chercheur etcritique littéraire à l’UDOC, réunis sur la table autour du modérateur Ilassa Banda, lui aussi écrivain, ont facilité les dits échanges.

Prenant la parole en premier lieu, l’éditeur Thiombiano a révélé que Le Prix de la stigmatisation a occupé le devant de la scène littéraire au pays des hommes intègres en 2023 avec plus de 2 000 exemplaires vendus. « L’œuvre a été présentée comme bestseller au Burkina Faso, c’est-à-dire l’œuvre la plus vendue. Elle est en étude dans plusieurs établissements du pays », a-t-il fait remarquer avant d’ajouter que le roman a fait le tour du monde et serait même en étude dans une école supérieure en République démocratique du Congo. Le directeur de la maison BUFAC a commenté que c’est cette qualité du livre qui a valu sa reconnaissance par l’Etat burkinabé qui a subventionné la réédition du livre à 500 exemplaires.

Kontondia Thiombiano,directeur des éditions BUFAC.

Le mal n’a pas d’identité ethnique

La renommée de Le Prix de la stigmatisation, à en croire l’enseignant chercheur et critique littéraire à l’UDOC, tire ses fondements du respect des normes d’écriture romanesque, de l’actualité de la thématique centrale qui s’est nourrie du phénomène terroriste en présentant des causes et des conséquences du mal dont la société dans son ensemble n’est pas exempte de reproches dans son avènement, selon l’esprit du livre.

A cela, le docteur Tétuan Faho ajoute la maîtrise de la langue française, l’utilisation des figures de styles et l’abondance des expressions idiomatiques dans la construction du texte par l’auteur. Pour le critique littéraire, le chemin suivi dans le livre part de l’univers du village à celui de la ville. « Les œuvres, soit vous commencez en ville et vous vous retrouvez au village soit vous commencez au village et vous venez en ville. Cette règle d’écriture a été aussi respectée », a-t-il avoué.

Dr Tétuan Faho, critique littéraire à l’UDOC

Toutefois, les qualités dévoilées cachent des faiblesses parmi lesquelles le regard critique du docteur indexe le faible ancrage culturel. « L’ancrage culturel a un peu manqué. Vous verrez dans l’œuvre une absence d’affiliation parentale de Fiéro (personnage principal : ndlr). Fiéro n’a pas d’oncle, de cousin, de tante, etc. Il y a un problème. On ne peut pas le rattacher à sa société », a-t-il titillé.

Des étudiants captés par ce qui se dit sur le roman

Loin de vouloir se justifier comme il l’a exprimé, l’auteur du livre a rétorqué que « la thématique du terrorisme et surtout de la stigmatisation est tellement sensible qu’il fallait marcher avec tact comme si c’était sur des épines qu’on marchait de sorte que déjà à travers les identités, on ne puisse pas indexer quelqu’un ». Il explique alors qu’il a choisi délibérément de faire foisonner dans son livre presque toutes les ethnies et diverses localités du Burkina afin que le lecteur de n’importe quelle contrée du pays s’y retrouve et garde à l’esprit que « chacun est responsable de ce qui nous arrive ». En substance, l’écrivain a précisé qu’il n’a pas voulu qu’à travers l’œuvre on puisse accuser tel groupe ethnique d’être responsable des actes terroristes « alors que toutes les ethnies » y sont mêlées. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Yacouba SAMA
Lefaso.net



Messages

  • Je reste sur ma faim. L’article ne nous explique pas en quoi la stigmatisation est une cause. Un titre mielleux pour attirer le lecteur. Cela est bien pour le faso-net mais mauvais pour la société.

    Au delà de cet article je pense qu’il y a une confusion générale entre un facteur favorable(vulnérabilité) et une cause.
    Ce n’est pas la même chose.

    Prenons ce scénario :
     tu as ta maison avec la porte avec quelques fenêtres tournées vers la rue et d’autres fenêtres à l’arrière de la court.
     un voleur craiyant une exposition et des imprévus venant de la rue et ne voulant pas risquer la faillite de son entreprise maléfique choisi d’aller à l’arrière de la court, scie une fenêtre, entre par celle-ci, et te vole.
    Qui viendra dire que la fenêtre est une cause du vole ?
    La fenêtre arrière est simplement une vulnérabilité qui à été utilisée pour commettre ce mal.
    Mais voila des causes possible : La propension du voleur à avoir l’objet sans fournir l’effort de travail honnête.

    Si L’analyse n’est pas radicale(allant à la racine), la solution ne va pas atteindre la racine du mal et l’éliminer. Nous serons condamnés à une répétions du mal. Si nous pensons que c’est la fenêtre la cause, la solution ultime sera de les bouchées. Cela ne va empêche le voleur de revenir en plein midi flatter un enfant ou l’employé de maison pour rentrer dans la maison commettre son forfait.

    Cela dit si nous reconnaissons l’aspect vulnérabilité nous allons choisir de renforcer les fenêtres arrières. Mais comme nous savons par analyse radical qu’une vulnérabilité n’est pas une cause nous allons chercher d’autre éléments de mitigations ou d’élimination du risque. Voila quelque uns :
     La lumière à l’arrière de la cours
     Un chien de garde
     Un changement de culture(la posession materiel ne sera plus une valeur pour la société, peut être la solution ?! )
     etc.

    Transposer au terrorisme :
     un renseignent au top
     Des forces armé au top et au combat
     Un changement de culture ( reprendre sa souveraineté, moins de stigmatisation, richesse équitablement partagé, etc.)
     etc.

    Je propose donc à tous de pousser l’analyse et d’arrêter d’affirmer que la stigmatisation est une cause du terrorisme.
    Elle n’est qu’une vulnérabilité de la société burkinabé sciemment utilisée par certaines forces du mal.

    Notez bien que nulle ne dit de ne pas éliminer les vulnérabilités ! Au contraire !

    Les opérations se poursuivent donc !