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Burkina/Enlèvement de citoyens : "Il faudrait laisser la justice dire ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, et le cas échéant, punir ce qui est punissable", recommande Yoporeka Somet

mercredi 21 février 2024.

 

Ceci est une tribune du secrétaire national en charge du panafricanisme, de la diaspora et des relations extérieures du Mouvement SENS, Yoporeka Somet, sur la situation nationale marquée par "des enlèvements de citoyens et gardés au secret en dehors des procédures légales".

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« On a prêté à Monsieur François Compaoré, le frère de l’ancien président Blaise Compaoré, l’idée selon laquelle « il n’est pas normal qu’un simple article (de loi) puisse empêcher un homme d’avancer ». Je ne sais si François Compaoré a vraiment prononcé ces mots, mais je ne doute pas un seul instant qu’il a défendu cette idée étant donné qu’il fut l’un des partisans (et pas des moindres) du projet de modification de l’article 37 de la Constitution qui aurait octroyé à son frère une présidence à vie…

Et puisque l’article 37 de la Constitution empêchait cette possibilité, il fallait l’enjamber en la modifiant. Ce qui fut, plus qu’une erreur, une faute politique fatale.
Comparaison n’est pas raison, mais quiconque a suivi un tant soit peu l’actualité politique sur le continent ces dix dernières années ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec ce qui se passe actuellement au Sénégal. Voyant arriver le terme de son deuxième mandant, le président Macky Sall a tout entrepris, en se servant de l’appareil de l’Etat, y compris de la justice (ce qui ne l’honore guère) pour écarter son principal adversaire politique et essayer de se frayer un chemin vers un troisième mandat.

La vigilance du peuple sénégalais l’ayant amené à reculer sur ce point, il lui fallait alors trouver rapidement une stratégie pour que le pouvoir ne lui échappe pas et que l’alternance n’ait pas lieu. Mais malgré l’élimination de son principal challenger, Monsieur Ousmane Sonko, de la course, ainsi que l’incarcération de son adjoint Bassirou Jomaay Faye dont la candidature a pourtant été validée, le président Macky Sall n’était toujours pas assuré de voir son propre dauphin remporter l’élection présidentielle du 25 Février 2024 : d’où finalement son report.

Ce qui est une erreur qui, comme dans le cas des frères Compaoré, pourrait, elle aussi, lui être fatale…

Ceci me permet de revenir au cas du Burkina où les événements de ces derniers mois en particulier indiquent que le pays s’achemine inexorablement vers l’anomie jadis prônée par François Compaoré, simplement dans le but de permettre à son clan de conserver le pouvoir : si une loi t’empêche d’avancer, alors enjambe cette loi car « il n’est pas normal qu’un simple article puisse empêcher un homme d’avancer » …
En effet, après plus d’une dizaine de citoyens enlevés et gardés au secret en dehors de toute procédure légale et de toute norme connue, l’ancien juge et avocat Guy Hervé Kam vient de subir, à son tour, le même sort. Enlevé à sa descente d’avion dans la nuit du 24 au 25 janvier 2024 alors qu’il revenait de Bobo-Dioulasso où il s’était rendu pour des raisons professionnelles, il serait depuis gardé à la Sûreté de l’Etat.

Au moment où nous écrivons, aucun avocat n’a été autorisé à le voir, en dépit de nombreuses démarches dans ce sens. Ajoutons que Me Guy Hervé Kam est par ailleurs une figure politique nationale puisqu’il est le Coordonnateur National du Mouvement SENS (Servir et Non se Servir), un mouvement politique véritablement panafricaniste prônant la rupture et la refondation politique au Burkina et ailleurs en Afrique.

À la liste déjà impressionnante des personnes enlevées dans des circonstances similaires, et après l’enlèvement manqué de Moussa Diallo, Secrétaire Général de la CGTB, il faut désormais ajouter les noms de Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, tous deux militants du Balai Citoyen.

Comment doit-on comprendre ces arrestations extra-judiciaires toujours opérées par des personnes anonymes, le plus souvent en tenue civile et/ou visages masquées et agissant en dehors de tout cadre légal ? De qui répondent-elles en dernier ressort ? Et que vaut encore l’institution judiciaire dans notre pays, où, paradoxalement, la Constitution qui vient d’ailleurs d’être modifiée est toujours restée en vigueur ? Si l’on pense, comme jadis François Compaoré qui avait lui au moins le courage de ses idées funestes, qu’il faut se passer de la loi pour mieux opérer, alors il vaudrait mieux en informer solennellement les citoyens que nous sommes, afin que nous sachions que désormais la loi n’existe plus pour nous protéger.

Mais si, au contraire, quelque chose comme le droit, la légalité et les obligations qui y sont habituellement attachées existent encore dans notre pays et s’appliquent indifféremment à tout citoyen, quel qu’il soit, alors nous ne devons nous en remettre qu’à cela seul. C’est le principe même du droit et de la balance de la justice, que les Anciens appelaient Maât : c’est elle seule (et pas même Pharaon, si puissant fut-il) qui évaluait les faits et actions de chaque être humain en fonction des coutumes, normes et règles sociales.

C’était une façon sûre de rendre la justice en se préservant de l’arbitraire, de l’injustice ou encore de la vengeance. Nos Ancêtres ont ainsi été, non seulement les inventeurs de la balance comme instrument de mesure (servant à donner à chacun ce qui lui revient), mais aussi comme symbole de la justice, et mieux encore, de l’idée qu’il vaut mieux être gouverné par les lois que par les hommes…

Par conséquent, tous ceux qui rejettent le principe de la justice au motif qu’elle serait une invention occidentale, voire coloniale, se fourvoient lourdement. Le colonialisme est plutôt précisément la négation même de cette valeur. Si donc les lois de notre pays ne sont pas suspendues et qu’elles sont toujours en vigueur, alors il faudrait laisser la justice seule dire ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, et le cas échéant, punir ce qui est punissable. Dès lors, si quoi que ce soit de répréhensible est à reprocher à Guy Hervé KAM ainsi qu’à tous les autres compatriotes enlevés et à quiconque vivant sur le territoire burkinabe, cela ne devrait être signifié que par la justice et par elle seule.

Il est encore temps de revenir à ce qui fait sens en société en privilégiant le culte de la loi et de la norme au lieu de glisser inexorablement vers l’anomie ».

Yoporeka SOMET
Secrétaire National en charge du Panafricanisme, de la Diaspora et des Relations Extérieures du Mouvement SENS (Servir et Non se servir).



Messages

  • Vous dites de laisser la justice faire ceci ou cela.
    Nous sommes dans un état de droit certe. Mais nous devons savoir aussi que pour récupérer tout le pays et pour réorganiser les choses, on doit savoir née pas déranger le travail abattu.
    Le pays est au dessus de tout.
    Il faut arrêter de penser comme nos énemis veulent que vous pensez.

    • Tanga
      C’est pas de ta faute
      Le niveau est trop élevé pour toi
      C’est un autre level

    • visionnaire

      Elle est faite de quoi votre vision ??
      Car pour nous autres aveugles, même avec la bonne foi, elle nous apparait plus dans l’affect donc, possiblement subjective, sans bases solides qu’un fruit d’un examen objectif sans compromission aucune. Mais qui sait ?? Vous allez pouvoir nous éclairer j’espère !!
      Vu que le niveau est élévé pour Mr Tanga, il l’est certainement pour beaucoup d’entre nous. Et tout ça sans prétention !!! ;-)

    • On ne comprend pas. soyez plus précis. Merci

  • Tout st dit. Il n’y a rien à ajouter. Il n’y a rien à enlever.
    .

  • C’est tellement bien dit !
    Et c’est d’un niveau intellectuel tellement élevé
    Ainsi parla le premier egyptologue du Burkina Faso, du haut niveau, limpide et clair !

  • Mr. Somet, servez-vous de votre énergie Pour autre chose de précieux et laissez les enlèvement se poursuivent car qui cherche trouve .Même vous Soumet vous n’êtes pas encore a l’abri si vous transgresses la loi .Un pays se construit dans la discipline et non dans le désordre donc arrêtez vos lamentations stériles qui ressemblent à des prêches dans le désert. Toute personne résident sur le territoire et qui refuse de se conformer à la loi du pays doit être arrêté et rendre des comptes c’est de cela qu’il s’agit.

  • "Tempora mutantur et nos, mutamur in illis" (les temps changent et nous, avec !) dit cette citation latine ! Le temp (le Dieu Chronos de l’antiquité grecque) finira par indiquer à chacun sa vraie place et donnera à chacun son vrai bonnet ! Bon courage !

  • Dieu que cette thèse serait belle en tant de paix !dommage l ère terroriste commande la manœuvre au point que même le mouvement sens commence a SE servir en défendant becs et ongles seulement ses membres par des mouvements désordonnés !enjamber la loi comme vous dites n ayant pas été efficace pour blaise et francois ,l option de clouer le bec aux subversifs est logique et soutenable pour plus d efficacité dans cette lutte contre l hydre terroriste

  • Dieu que cette thèse serait belle en tant de paix !dommage l ère terroriste commande la manœuvre au point que même le mouvement sens commence a SE servir en défendant becs et ongles seulement ses membres par des mouvements désordonnés !enjamber la loi comme vous dites n ayant pas été efficace pour blaise et francois ,l option de clouer le bec aux subversifs est logique et soutenable pour plus d efficacité dans cette lutte contre l hydre terroriste

  • Toujours dans le faux-fuyant ! Quelqu’un qui a été probablement impliqué dans une tentative de destabilisation de l’Etat, je dis bien probablement car je n’ai aucune preuve de cela.... Néanmoins ceux qui l’ont arrêté et qui le gardent jusqu’à présent ne l’ont pas fait parce qu’ils voulaient arrêter un ex juge devenu avocat, devenu président d’OSC, devenu chef de partí politique. Ils l’ont fait parce qu’ils veulent en savoir plus sur son implication avérée ou pas dans un fait gravissime qui relève du Secret Defense. Votre champion est un excellent avocat ; il saura se defendre si toutefois ses droits ont été brimés durant toute SA detention et obtiendrait Justice. Pour cela, il faudrait d’abord qu’il soit blanchi....

  • Tous ceux qui crient partout que l Afrique n’a pas besoin de démocratie, voilà ce à quoi ça conduit : les dérives autoritaires sans respect des règles de droit, de justice et de transparence. On ne rejette pas la démocratie parce que c’est un mot qui vient de l’occident. C’est l’esprit qu’il y’a derrière qui compte. Nos ancêtres pratiquaient la démocratie, puisqu’ils réglaient les problèmes sous l’arbre à palabres. J’espère que tout cela va rentrer dans l’ordre pour l’unité et la reconciliation au burkina. Vive la paix au Burkina, au sahel, en RDC, et partout dans le monde.

  • Que loi soit notre seule boussole qui nous guide ! on arrête pas le chaos par le chaos ou l’arbitraire mais par la justice et la réconciliation. Que la paix revienne au Faso !

  • M. Somet tu as bien " on a preté à M. Francois Compaoré" ce qui veut dire que c est pas sûr qu il ait dis ca. Quel que chose qui n est pas sûr pourquoi utilisé ca dans ton ecrit ? C est ce que je ne comprend pas. Vous les burkinabes vous êtes tellement hypocrite et c est cette hypocrisie qui est en train de detruire le pays. Y a un fait qui est là : les enlevements des individus qui ne suivent aucune regle juridique, tu veux denoncer tu denonces avec les mots qu il faut. Tu n as pas à partir d’ un fait dont tu n es meme pas sûr de la veracité pour denoncer. Si c est dans les pays où les lois sont respectés Francois Compaoré peut poser une plainte contre toi. Ca c est de la diffamation. Au BF marchandage que vous avez fait sur BC, FC et le CDP, c est ce qu on est en train de payer actuellement. Moi ce qui me fait mal c est que c est les innocents qui payent. C est les pauvres paysans qui aujourd hui sont contraints de payer et vous etes a ouagadougou et autres en train de boire vos bieres et autres. Si tu veux denoncer les enlevements denonce et laisse FC loin de ca. Si BC avait modifier l article 37 et aujourd hui on etait en paix et y avait pas PDI et tous ces morts quoi de plus beau. Depuis 2015 combien de gens avons nous perdus ? Combien de villages ont disparu de la carte du BF ? En 2011 jusqu en 2014 c est le Mali qui venait faire la courbette au BF, aujourd hui c est le contraire. Vous pensez que nos ancetres meme sont content de nous. Moi je dis tant que chaque burkinabe ne reconnaitra pas sa part de responsabilité dans ce qui nous arrive pour qu on puisse avancer ce pays a encore du chemin a faire. Toujours en train d accuser FC, BC, Gilbert Diendere et autres alors que qd eux ils etaient au pouvoir on avait la paix. Ajourd hui que vivons nous ? Le terrorisme qui ne fait que s accentuer, les enlevements , les restrictions de liberté et vous etes encore là a parler toujours de FC, BC, et autres tout ca pour detourner l attention des gens sur la realité. Ayons honte qd meme. Aujourd hui Ibrahim traore a nomme son grand frere haut representant de l etat et ce dernier accapare tous les postes pour ses amis pourquoi vous n en parler ? FC au moins c est la vieille ecole et un homme tres instruit bardé de diplome et il n etait que simple conseiller de BC. On dit que qd Dieu veut vous punir c est des gens sans vergogne il vous envoies pour vous diriger. C est ce que le BF vit actuellement.

  • Monsieur Y. SOMET, quelle digression ! Allez droit au but au lieu de tourner en rond. Vous voulez denoncer l’enlèvement arbitraire de votrec allié ou collègue politique. Ce qui est normal. Nous condamnons tous cette nouvelle méthode du régime actuel. Mais pourquoi forcément faut-il que vous mentionnez le nom de François Compaoré ? Vous l’avez chassé du Burkina Faso depuis 10 ans. De grâce laissez le Monsieur tranquille. Lui au moins défendait un pouvoir qui nous securisait. Les vrais responsables de ce que le pays connaît comme dérive et difficultés actuelles se connaissent.
    Quant à Macky Sall, il gouverne un peuple responsable et les institutions de son pays fonctionnent bien. Un burkinabè ne doit rien reprocher à Macky.
    Malgré le sectarisme, l’arbitraire, le mensonge les manipulations orchestrés par certains depuis 2014 pour foutre le Burkina dans cette situation délicate, je souhaite de tout cœur que Me Kam soit libéré. Mais qu’il sache que tout se paie sur terre. Certains etaient contents de faire emprisonner des innocents en 2015 pour voir leur mentor accéder au pouvoir. Voilà ça !
    Que bon Dieu intercéde pour que tous les burkinabè enlevés recouvrent la liberté.