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Burkina/Audit CNSS et BADF : Près de 17 milliards de FCFA de prêts non remboursés et environ un milliard de FCFA de primes en situation irrégulière

mercredi 7 février 2024.

 

L’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a audité la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Banque agricole du Faso (BADF) à l’instar des autres institutions étatiques contrôlées au pays des hommes intègres. Il ressort notamment du rapport annuel général d’activités 2022, tome 2, de l’ASCE-LC, des insuffisances dans la gouvernance, la gestion du patrimoine, la gestion comptable et financière, les procédures d’octroi de crédits au sein de la CNSS et de la BADF. Ainsi, à l’issue des audits, l’ASCE-LC a relevé au niveau de la CNSS, près de 17 milliards de francs CFA de prêts non remboursés, octroyés à des structures publiques. Concernant la BADF, ce sont 978 000 000 de francs CFA de primes et de gratifications accordées de façon irrégulière et sans base légale au personnel.

L’ASCE-LC a révélé des insuffisances majeures dans les domaines d’activité comme la gouvernance, la gestion du patrimoine, ainsi que la gestion comptable et financière, lors de son audit sur la CNSS et la BADF.

Audit CNSS

L’audit de la gestion de la CNSS concerne la période allant du 1er janvier 2019 au 25 mai 2022.
En matière de gouvernance, l’ASCE-LC note le non-respect des ratios de convergence de la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES), par branche d’activité. « Intimement liés à l’objet et à l’essence même de la CNSS, ces ratios non conformes sont relevés chaque année sans actions conséquentes et soutenues pour les mettre en conformité », a-t-elle affirmé.

Absence d’une politique d’informatisation

Aussi, l’Autorité supérieure de contrôle d’État relève la non opérationnalité de l’inspection technique des services pour faute d’effectifs. Elle mentionne également l’absence d’un manuel de procédures validé par le conseil d’administration. À cela, s’ajoute l’absence de politique d’informatisation et de gestion de l’information adéquate. Et ce, malgré les financements colossaux d’un montant global de près de 1,6 milliard de francs CFA. « Il y a une absence de biométrie, de digitalisation des opérations et de possibilité de production instantanée de la comptabilité », précise l’ASCE-LC.

Concernant la gestion du patrimoine, le rapport de l’audit soulève entre autres une incompatibilité des tâches dans la gestion des stocks au sein des directions régionales de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Il souligne que le responsable du service des approvisionnements est aussi le gestionnaire des stocks, ce qui est anormal.
De plus, il est mis en exergue une absence de preuves d’exécution des prestations d’entretien des immeubles administratifs.

Environ 17 milliards FCFA à rembourser

Sur le plan de la gestion comptable et financière, le rapport observe une absence de politique formalisée de gestion de la trésorerie. Ce qui ne permet donc pas à l’institution de prévoyance sociale, d’assurer une gestion optimale de sa trésorerie au regard des missions qui lui sont assignées.

Face à cette défaillance, l’ASCE-LC a enregistré 16 845 260 351 francs CFA de prêts non remboursés, octroyés à des structures publiques, auxquels s’ajoutent des évacuations sanitaires autorisées par le directeur général de la CNSS, non justifiées. Ces évacuations sanitaires au profit d’employés de la CNSS ont coûté 446 168 955 francs CFA, selon l’Autorité supérieure de contrôle d’État.

Audit BADF

Pour ce qui est de l’audit de la gestion de la BADF, il a concerné les exercices 2020, 2021 et la période de janvier à mai 2022. Au titre de la gouvernance, l’ASCE-LC a constaté des irrégularités dans le recrutement.

Le népotisme

Elle a observé en effet, que certains administrateurs de la banque y ont recruté leurs proches parents. Alors que cette pratique est en violation des dispositions de l’article 39 de la Circulaire n°01-2017/CB/C du 27 septembre 2017 relative à la gouvernance des établissements de crédits et des compagnies financières de l’UMOA.

En plus de cela, le rapport signale l’octroi de crédits à certains administrateurs dans des conditions irrégulières, n’ayant pas été soumis au conseil d’administration. Il est indiqué en effet que sur quatre prêts accordés aux administrateurs, trois ont violé les dispositions de l’article 26 de la circulaire de l’UMOA relative à la gestion des risques dans les établissements de crédits et des compagnies financières.

Environ un milliard FCFA de primes accordées sans base légale

L’ASCE-LC va plus loin en expliquant que le directeur général et son adjoint font partie des personnes ancrées dans cette mauvaise pratique. Elle confie que certains de ces prêts ont même été accordés sans convention de crédit, estimés à plus de 180 000 000 de francs CFA.

En outre, l’Autorité supérieure de contrôle d’État divulgue que des primes et gratifications ont été irrégulièrement octroyées et sans base légale sur la période de mai 2018 à mai 2022. Selon l’Autorité de contrôle, la BADF a reversé à son personnel, des primes de motivation et d’encouragement, d’ancienneté, de treizième et quatorzième mois, pour un montant total de 978 299 892 de francs CFA.

S’agissant des « apporteurs d’affaires », l’ASCE-LC les définit dans son rapport comme étant toute personne apportant des sommes d’argent afin de les placer à la BADF pour une durée plus ou moins longue, en vue de permettre à la banque de constituer et consolider sa structure financière. Et ces personnes sont alors censées être rémunérées par la banque sur la base d’un contrat suivant un barème.
Cependant, l’ASCE-LC fait remarquer que cinq personnes dites « apporteurs d’affaires » ont bénéficié de 378 000 000 de francs CFA, alors qu’elles n’ont absolument rien apporté à la BADF.

Au regard des graves manquements révélés par la mission d’audit, l’ASCE-LC a donné une suite judiciaire. En effet, la question des « apporteurs d’affaires » a fait l’objet d’enquête judiciaire et les résultats ont été transmis à la justice.

Hamed Nanéma
Lefaso.net



Messages

  • Est-ce que la CNSS est une banque pour faire des prêts et se retrouver avec 17 milliards de prêts non remboursés ? Depuis de longues années, qu’est-ce qui a été fait pour améliorer les conditions de vie des retraités ? C’est toujours des prêts et des cités CNSS ?

    • Vous imaginez cotiser pour la retraite se retrouver avec de la misère et parfois succomber faute du manques de ressource financière !! pendant que les autres se sucrent sur le fruit et la sueur des autres !
      L’enfer va être plein.

  • Au diable tous c’est rapports que l’on arbores pour tromper l’opinion des pauvres et damnes de la terre que nous sommes ! Et que l’on ranges dans les tiroirs ! Nous ne sommes pas dupes ! Sauf les wayiyans Paagataze barbacue activer et autres moutons de Panurge !!!

    PS : Webmaster Laisse passer y’a en marre que l’on prennent les enfants du bon DIEU pour des canards sauvages.

  • Deux mesures, pour la CNSS et surtout pour la BADF qui est censée être une banque mais qui se conduit comme un cartel.
    1. Prendre toutes les dispositions pour faire rendre gorge aux fraudeurs et à leurs complices. Pour lutter contre le vol en bande organisée, il est crucial qu’aucun criminel ne jouisse des fruits de son crime. La prison c’est du folklore et ça ne marche pas. En plus de rembourser jusqu’au dernier dénier, vous payerez une amende équivalente au tort causé à l’ensemble du pays. Pour avoir détourné 100 000 000, vous payerez 1000 000 000 plus une pénalité pour le préjudice causé.
    2. Rétablir la peine de mort pour certaines catégories de crimes économiques. Un procès en bonne et due forme, condamnation et exécution par balle cumulé à la saisie de tous les biens acquis illégalement.
    Ce niveau de malgouvernance, c’est une guerre contre le Burkina et ses intérêts. J’ai du mal à trouver la différence entre ceux qui sèment la mort juchés sur leur moto partout dans le pays et ces gens qui font pareil à partir de leurs bureaux climatisés. Je suis formel, ces gens ont fait plus de mal au Burkina que les terroristes en 10 ans.

  • La mauvaise gouvernance était devenue monnaie courante , c’est pourquoi il faut sévir vigoureusement et sans état d’âme

  • La CNSS prête 17 milliards sur quoi ? Y a t il eu audit sur son rôle de sécurité sociale auprès de ses affiliés ? Est ce que les veuves et les orphelins ont réellement ce à quoi ils ont droit auprès d’elle ? L’audit est il allé jusque là ?

  • Il ne suffit pas de faire des rapports, il faut que les commanditaires de ces dits rapports fassent un bon usage. Si rien n’est fait, les autres agents dans leurs services respectifs vont répéter les mêmes actions.
    .La corruption tue au même titre que le terrorisme et il faut la combattre avec la dernière Energie.

  • Hayi mais c’est toujours comme ça. Chaque nouveau régime vient sortir des trucs pareils. Quand le MPSR passera ça sera pareil. Ce sont des déclarations qui ne chatouillent plus le commun des burkinabè. On montre patte blanche au départ pour finir par se servir.
    Demandez à Daouda Simboro, et Lassané Sawadogo où ces sommes sont passés. Quand Diabré s’est promené avec le rapport de l’ASCE qui accablant Lassané lors de sa nomination à la CNSS, les gens se sont moque de lui, le traitant de jaloux,... Aujourd’hui le rapport de l’ASCE sur la gestion de Lassané étonné qui ?