Actualités :: Crises universitaires au Burkina : Le GDR ouvre les chapitres de (...)

A travers cette déclaration, le Groupe des démocrates républicains (GDR) remet en cause la gestion du CDP, parti au pouvoir, en ce qui concerne l’Education. Il évoque entre autres, la politisation du secteur de l’enseignement, l’échec du Programme décennal de développement de l’Education de base (PDDEB).

Il étale la politique universitaire du CDP sur deux périodes : celle d’avant et celle d’après la Constitution et affirme que l’élection présidentielle du 13 novembre est un "non-événement".

La situation socio-éducative du Burkina Faso tend à l’asphyxie générale. Le secteur de l’enseignement supérieur a été fortement politisé. La crise universitaire de 1997 a alerté les Burkinabè sur le danger de la politisation du campus. Celle de 1999-2000, sur le plan interne, a posé le problème de l’identité culturelle : elle a opposé des étudiants issus de la diaspora burkinabè à ceux qui ont tout fait sur le terroir national. Les universités de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso, devenues de grands lycées, produisent des diplômés sans culture générale et sans fibre patriotique. Les écoles supérieures privées ont cessé de démontrer leurs limites.

L’enseignement de base et l’enseignement secondaire ne répondent plus. Quant au secteur de l’alphabétisation, on pourrait se demander pourquoi le pouvoir (...) de la IVe République, au lieu de mettre en place une académie nationale qui sera chargée de réfléchir et de créer une langue nationale burkinabè à partir de la synthèse et de l’association des différentes langues locales, qu’on enseignera à l’école à côté du français, a choisi de favoriser l’émergence de quelques langues au détriment de notre richesse linguistique.

A la veille de la rentrée scolaire et universitaire, le Groupe des démocrates-républicains analyse quelques événements qui ont marqué notre université. On pourrait étaler la politique universitaire du CDP sur deux périodes : avant et après la proclamation de la Constitution.

La période d’avant la proclamation de la Constitution

Cette première période a duré de 1987 à 1991. Ce qu’elle a révélé nous autorise à affirmer que depuis l’accession à l’indépendance de notre pays, il n’y a jamais eu lame de fond plus importante dans les rapports entre l’université et le pouvoir. Cette lame de fond, on ne peut dénier au défunt Dabo Boukary, à l’ANEB et à l’aile progressiste des enseignants de l’université, le privilège de l’avoir répandue au point de noyer bon nombre d’idées reçues. Ergotée, sous le prétexte qu’ils étaient manipulés par le PCRV, ce qui était faux, la masse des étudiants s’est reconnue dans la contestation de mai 1990.

Les mots sont sans doute impropres. Il existait sur le campus universitaire de Ouagadougou des milliers d’étudiants pour qui la requête essentielle était de s’assurer les deux repas, qui ne pouvaient concevoir le gaspillage des ressources nationales par les dignitaires du régime en place. Leur vie, leur bonheur, leur liberté sont contenus dans une poignée de haricot ou de riz servie, dans le meilleur des cas, au restaurant universitaire, sinon dans la rue. On nous répliquera qu’il en existe qui ont également faim et, pis, ne possèdent ni toit, ni école, ni travail. Mais à qui la faute ? Le régime qui pourra leur donner à manger et où s’abriter sera pour eux objet d’espérance et non de répulsion.

Il appartient donc aux étudiants d’en prendre conscience et d’engager le combat par la contestation. Il n’y a pas deux manières d’analyser ce système pourri. L’étudiant, la génération d’étudiants qui, dans un éclair de lucidité, discernent la nature du danger que constitue le système en place, savent que s’ils acceptent de s’insérer dans ce système, celui-ci les broiera. Leur réflexe les a poussés à récuser toute solidarité avec un système qu’ils veulent changer. Selon toute analyse, il semble que la classe politique dans son ensemble et le gouvernement, en particulier, ont été surpris par les événements de 1990 à l’université, même si l’on s’accorderait que les partis progressistes authentiques comme le GDR l’ont été moins (nous employons le terme authentique à dessein).

En effet, les étudiants voulaient la réforme de l’université et luttaient contre l’injustice, la très grande inégalité dans la répartition des richesses nationales. Il s’agit là d’objectifs naturels de tout progressiste. Devant l’agitation générale à Zogona, l’affolement et l’incohérence ont caractérisé la démarche du pouvoir ODP/MT (CDP), réputé fort.

Les événements se sont déroulés pendant plusieurs jours sans que le pouvoir exerçât la moindre prise là-dessus. Leur aggravation de l’irréflexion d’un soi-disant chargé de mission à la présidence. Le campus de Zogona a été occupé alors qu’il ne s’y était déroulé aucun incident sérieux. A la répression brutale, a succédé la conciliation voulue par la société civile. Mais il était trop tard pour enrayer l’enchaînement de la violence.

La période d’après la proclamation de la Constitution

Rarement circonstance n’avait été aussi favorable pour régler définitivement le problème posé à l’université qu’en 1999. Mais l’université de Ouagadougou a été fermée et l’année blanche décrétée par le gouvernement. Des listes d’enseignants soupçonnés d’être de connivence avec le mouvement étudiant et risquant le renvoi ou la suspension ont circulé ; même la presse s’en était fait l’écho, à l’époque. Echec pour la stratégie. Jouer à mai 1990, dix ans après "l’ouverture" politique, n’était-ce pas la preuve de l’impossibilité des hommes du pouvoir à s’adapter ? Avec un souvenir comme celui de 1999-2000, une génération a de quoi infléchir le cours de l’histoire.

Fidèles à une technique « éprouvée », les anciens CR, aujourd’hui grands dignitaires du régime au pouvoir, ont pourri par la provocation ce qu’ils n’avaient pu briser par la corruption et l’infiltration du mouvement étudiant. Au demeurant, le scandale se trouve dans l’injustice et non dans le désordre, nous semble-t-il. Que de Burkinabè ont été ahuris d’entendre ce Premier ministre, à l’époque, défendre de supposés « efforts » réalisés par son gouvernement dans le domaine de l’enseignement !

Nous répliquons tout simplement qu’à l’heure où des questions essentielles, notamment les dossiers de crimes politiques pendants en justice, étaient posées au pouvoir en place, le spectacle de ce chef de gouvernement qui s’accrochait à d’insignifiants « progrès » réalisés, sinon même des régressions était assez dérisoire.

Dans ce même registre, on rangera volontiers la sortie en 1997 du ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique pour lancer un ultimatum aux étudiants de reprendre les cours sous peine de fermeture de l’université. Précisons par ailleurs que la crise universitaire de 1997 était animée de l’intérieur du CDP par des meneurs politiquement engagés et engagés dans des groupes dissidents du régime au pouvoir.

Ces dissidents, (...), ont un étrange et solide appétit pour les postes juteux, et pour l’assouvir tous les moyens sont bons. Les uns voulaient le départ du ministre pour s’y substituer et prétextaient que leur région avait été défavorisée sous ce ministère, les autres étaient contre le projet de décentralisation de l’université à Bobo.

Ils ont conçu à l’égard des étudiants plus familiers avec la contestation dans les rues, un profond ressentiment. Faire d’une pierre deux coups résumait leur stratégie. Encore peut-on se demander s’il ne leur importait pas davantage d’abattre leurs ennemis de l’intérieur que de contenir les revendications estudiantines. Cela dit, leur audience auprès des étudiants était plus grande que celle de la CGT-B.

Conclusion

Depuis son arrivée au pouvoir en 1987 dans un bain de sang, qu’a pu faire le régime au pouvoir pour aborder et résoudre autant qu’il était possible les problèmes posés à l’éducation ? Comme on peut le constater, le CDP n’a pas de vision pour l’éducation. Le formidable échec du Programme décennal de développement de l’Education de base illustre bien la situation.

Sans doute, Blaise Comparé a-t-il estimé les problèmes de l’Education tellement subalternes qu’il les laissait à la merci de ses « hommes de main », ministres et autres sapeurs-pompiers, véritables pyromanes, pour s’occuper de la géopolitique française dans la région ? A propos de l’université, elle a changé 4 fois de recteur en moins de 10 ans (1995-2005). Cela témoigne de l’instabilité du système éducatif et de l’absence d’une politique du temps de l’instabilité gouvernementale. Quant au mouvement étudiant, précisons que la réforme des structures universitaires, y compris les bourses, a été un objectif à court terme.

A long terme, le mouvement étudiant a eu le mérite d’avoir remis en cause un système qu’il rejette. Il serait ingrat de ne pas reconnaître que pendant plusieurs années encore, le mouvement étudiant va faire figure de véritable force syndicale. Il est allé de succès en succès. Mais on pourrait toutefois déplorer qu’en 1997, il soit apparu comme la bouée de sauvetage des dissidents du système en place ; il s’est terminé dans la cacophonie générale.
Enfin, au moment où la dictature se tribalise, le groupe des démocrates rappelle que l’élection présidentielle du 13 novembre 2005 est un non-événement.

Pour le Bureau politique,
Le Secrétaire national

NDLR : Pour des raisons d’éthique et de déontologie, nous avons supprimé certaines parties et les avons remplacées par des points de suspension entre parenthèses.

Le Pays

Visite médicale annuelle des retraités : Des innovations (...)
Burkina : « Tilgré - Hewti Horem », la plateforme pour la (...)
Burkina/Situation alimentaire au postscolaire et (...)
Employabilité des jeunes : Plus de 14 000 jeunes des (...)
La Tente à Marie de l’hôpital Paul VI : Vers l’achèvement (...)
Burkina / One Health : Une session du conseil (...)
Burkina Faso, CNRST/INSS : Un repas collectif pour (...)
Ramadan 2024 : La Fondation Orange offre des vivres au (...)
Burkina : Ouverture du bureau du Centre pour le (...)
Burkina /Religion : Une rupture collective de jeûne à la (...)
Burkina/ Taekwondo : Moov Africa donne 2 000 000 de (...)
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet (...)
Gaoua : Les archers affutent leurs flèches pour la (...)
Détection précoce des épidémies émergentes au Burkina Faso : (...)
Burkina/ Accès aux services d’eau potable : WaterAid et (...)
Burkina / Petits métiers : Claire Tapsoba, l’aide-ménagère
Bureau international des droits des enfants : Des (...)
Situation nationale : Des OSC appellent le gouvernement (...)
Laurent Ghilat Paré : L’Abbé Emile Simboro apporte un (...)
Bobo-Dioulasso : Des outils innovants pour des soins de (...)
Nestlé aux côtés des jeunes candidats à l’entreprenariat au (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36267


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés