Actualités :: Transports routiers : comment stopper les surcharges ?

Les surcharges sont une pratique courante sur nos routes en ville comme en campagne. Elles concernent tous les usagers que ce soit à deux ou à quatre roues. Non seulement, elles créent bien de désagréments dans la circulation mais elles sont parfois source d’accidents regrettables avec des dégâts difficiles à résorber.

Si du côté de la municipalité on commence à traquer les « taxis avec des charges hors gabarits », on se demande ce que font les autres structures telles que la police, la gendarmerie et les autres services techniques compétents pour lutter contre le phénomène. Constat sur le terrain.

Axe Ouagadougou-Fada. Il est environ 16h00 lorsque nous empruntons cette route internationale qui mène vers quatre pays, le Niger, le Bénin, le Togo et le Ghana. Les travailleurs ne sont pas prêts de descendre mais la route est fort encombrée.

Entre deux coups de klaxons et des invectives, des taxis, des mini-bus et même des camions se disputent la chaussée qui pour passer, qui pour décharger, débarquer ou embarquer des passagers. On ne semble pas se presser en dépit de l’agitation qui anime tout ce monde.

Entre ces « gros calibres » qui dégagent parfois de gros nuages de fumée, se faufilent les usagers sur des engins à deux roues trimbalant pour certains, sur les porte-bagages des charges qui débordent largement de part et d’autre.

Les mini-bus détiennent la palme

D’autres motocyclettes transportent parfois toute une famille : le père, la mère et deux enfants. Le père conduit avec des enfants entre les jambes et la mère accrochée derrière, porte un enfant en bas-âge au dos. Il y en a même qui pousse l’audace jusqu’à insérer un autre enfant entre le père et la mère portant le nombre de personnes transportées à cinq contre deux autorisées par les textes. En général, le miracle se produit et tout ce monde arrive à destination. Quelquefois, les choses tournent court et on n’a que les larmes pour se consoler.

La palme de la surcharge semble être pourtant détenue par les autres usagers de la voie publique à commencer par les mini-bus. Prévus pour transporter 18 personnes avec des bagages légers, ces « cercueils roulants », embarquent aisément une trentaine de passagers adultes et enfants confondus avec en plus des marchandises qui atteignent parfois deux mètres de haut au-dessus du toit du mini-bus.

« Les bagages, on prend ce qui n’empêche pas le mini-bus de rouler », indique un convoyeur que nous avons interrogé. Faut-il dire que vous ne tenez pas compte du poids autorisé à transporter pour votre véhicule ? « Vous savez l’essence coûte cher.

Il faut bien se débrouiller pour vivre. Mais nous n’exagérons pas tout le temps. Par exemple aujourd’hui, notre charge est raisonnable... », répond-il. Son porte-bagages contenait des effets dont la hauteur atteignait environ le mètre. Il y avait des vélos, des cartons de marchandises et des caissons vides servant à transporter la volaille. Faut-il qualifier cela de raisonnable ? Pour notre convoyeur, il n’y a pas de problèmes. Un coup d’œil à l’intérieur de son véhicule et nous dénombrons environ 23 passagers pour un mini-bus de 18 places. « Les enfants comptent pour moitié. Sur cette base, nous sommes en surcharge d’une personne.
Il y a pas de problème », lance notre interlocuteur, quelque peu agacé. On est en tout cas contraint de reconnaître qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat puisqu’il passera sans problème au poste de police. Ce qu’il n’a pas dit, c’est que lui-même voyagera sur le toit du véhicule accroché aux bagages. Mais pendant qu’il s’en va, arrive un mini-bus de la compagnie de transport qui fait le trajet Ouagadougou-Tenkodogo. Nous nous empressons pour arracher quelques mots au conducteur avant qu’il n’aille pour le contrôle de police. Etes-vous surchargés lui demandons-nous ? Après un sourire. Il réplique : « Nous ne pouvons pas nous amuser à ce jeu ». Nous constaterons tout de même qu’il y a au moins une vingtaine de passagers à bord.

« Ici au moins, on voyage à l’aise », soutient un passager. Sur ce, nous serons invités par les CRS du poste à aller voir un des adjoints du commandant de leur compagnie. Celui-ci nous reprochera de n’avoir pas au préalable demandé l’autorisation de sa hiérarchie avant de nous rendre à un de leurs postes de police. Malgré toutes nos explications, il nous priera de satisfaire à cette exigence avant de retourner sur les lieux. Le commissaire Simon Soubeiga n’étant pas sur place, nous avons dû replier avec la promesse de revenir. Plus tard, le commissaire informé nous joindra au téléphone pour nous indiquer que nous aurions pu travailler même sans l’avoir saisi.

Une circulaire du ministre de la Sécurité a du reste tranché sur la question. Le principe de constat est par ailleurs d’observer des situations nécessairement avec l’effet de surprise pour ensuite donner la parole aux acteurs pour expliquer les défaillances supposées ou réelles que les usagers ne comprennent pas toujours et qu’ils aimeraient bien voir régler. Poursuivant notre constat, nous verrons des camions transportant des marchandises avec des personnes juchées dessus circulant allègrement dans les artères de Ouagadougou. Si ce ne sont pas des marchandises, ce sont des animaux qui sont transportés dans la même configuration.

Des contrôles à renforcer

La situation n’est guère meilleure sur toutes les routes du pays. D’ailleurs les opérations de pesage à l’essieu ont montré des charges exagérées endommageant les routes, amortissant de façon accélérée des véhicules acquis chèrement et surtout endeuillant souvent des familles. Le phénomène semble avoir la vie si dure que lorsque les choses ne sont pas criantes, les usagers indélicats arrivent à passer allègrement les contrôles. Une souplesse que certains assimilent à de la faiblesse car lorsqu’un phénomène atteint une telle ampleur, la répression doit être instaurée. Les forces de l’ordre ont-elles les moyens de lutter contre le problème ? Ne faut-il pas revoir la stratégie de lutte et surtout les textes régissant le transport dans notre pays ? Beaucoup de questions ne trouveront sans doute pas réponses dans cet article mais il convient d’ouvrir le débat pour que des solutions soient trouvées car le tribut payé sur les routes pour cause de surcharges commencent à peser lourd.

Les autorités compétentes sont interpellées : municipalité, transport, police, gendarmerie, transporteurs etc. Nous leur donnerons la parole et dans deux semaines, vous pourrez lire leurs réponses face à ce phénomène.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
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