Actualités :: Faits divers : Un chômeur fait son "Wack" tout nu

Tourmenté par le chômage, Malick prend son courage à deux mains et joue au fou. Il se lave à 12 h 45 mn sur un carrefour à Zogona, au cœur de Ouagadougou.

Malick est jeune déscolarisé et chômeur d’une trentaine d’année. Depuis cinq ans, il ne sait où donner la tête. Les concours, il en passe ; les « deals » (entendez par là affaires) il en fait, le commerce, il en a tenté. Mais de toutes ces activités, rien ne réussit.

Après plusieurs lunes de réflexion et après avoir demandé conseil à tous ses amis et connaissances, en vain, Malick se décide d’aller consulter un voyant. Le voyant consulte longuement ses cauris, les tourne et les retourne sans trouver la moindre solution au problème de Malick.

A toutes les questions du voyant Malick donnait des réponses qui compliquaient davantage la situation. Le voyant décida de se débarrasser de son client devenu encombrant, son problème était un vrai casse-tête chinois. Il lui proposa de revenir le vendredi suivant c’est-à-dire deux jours plus tard. Malick poussa un grand soupir de désespoir et se lamenta : « encore deux jours, non monsieur, voyez ce que vous pouvez faire pour moi, car vous êtes mon dernier et seul recours ».

Le voyant opta de lui proposer quelque chose d’impossible pour avoir la paix. Il dit alors : « j’ai un produit pour toi si tu arrives à l’appliquer correctement les portes du bonheur te seront ouvertes d’ici une semaine ». Malick sourit enfin et dit : « enfin je serai sauvé ». Son hôte le demanda s’il pourrait. « Ne vous en faites pas, rétorqua Malick, quelles qu’en soient les difficultés et les conditions, je pourrai ».

Le voyant lui tendit une poudre noire en disant : « Prends ce produit, mets le dans une calebasse neuve et remplis la calebasse avec de l’eau de puits et va te laver sur le grand carrefour qui est à l’Est de votre concession, à une heure où la circulation y serait dense pourras-tu le faire ? » insista le voyant. « Oui je vous le prouverai dès demain » répondit Malick.

Le lendemain, c’était le 14 juillet 2005 à 12h 45 mn, l’heure où après une demi-journée de travail, les cyclistes, les motocyclistes et les automobilistes se bousculent pour rentrer chez eux ; Malick se présente au croisement de l’avenue du président Babangida à la rue 13/18 avec sa calebasse neuve contenant sa potion magique (eau de puits et produit noir). Il était en slip.

Il posa sa calebasse au milieu du carrefour, enleva son slip et se mit à se laver ; tout le monde le contournait, certains l’insultaient et d’autres louaient son courage et sa perspicacité. En tout cas il faut être Malick pour oser cela.

Alors comme un passager ce jour-là, nous aussi disons à Malick « Maximum de respect ». Avec une telle détermination de gagner sa vie Malick serait prêt à tout. Si le voyant lui avait conseiller d’amener une tête humaine Malick deviendrait un coupeur de têtes et tout le monde aurait crié au scandale ; c’est dire que le chômage et la pauvreté sont les causes de beaucoup de maux qui minent notre société. Voltaire ne disait-il pas : « le travail nous éloigne de trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin ».

Déscolarisés et désœuvrés ces jeunes battent des pieds et des mains, mais se noient toujours dans cet Océan de la cherté de la vie. La démographie galope dans notre pays et le chômage aussi. Donc aucun moyen ne doit être ménager pour juguler ces deux phénomènes. La terre est un pourvoyeur d’emplois.

Mais l’Etat devra valoriser la profession de cultivateur et inviter les jeunes à retourner à la terre. Jardinier, cultivateur, planteur, fleuriste, pépineriste sont des professions liées à la terre qui nourrissent bien leurs hommes. Mieux ils sont pourvoyeurs de revenus substantiels. Ceux qui ont opté pour ces métiers n’envient pas, un fonctionnaire moyen burkinabé. Mieux ils sont plus libres dans leurs actions et sont plus à l’aise.

Il faudra que l’Etat associe à la décentralisation en cours une politique de retour à la terre. Cela nécessitera la création de plusieurs points d’eaux et un réseau de distribution des produits sur le plan intérieur, et vers les autres pays. Dans cette politique, l’accent devrait être mis sur les cultures vivrières et sur la conservation des produits périssables à court terme. Les produits vivriers, même s’ils ne rapportent pas beaucoup d’argent permettront à leurs producteurs d’avoir leurs trois repas quotidiens.

La sécheresse est le principal handicap de cette activité, mais une campagne de reboisement massif et d’entretien rigoureux des arbres peut reverdir le Faso et stopper le désert. Il faut que les trois luttes : lutte contre la coupe abusive du bois, la divagation des animaux et les feux de brousse soient réactualisées et perfectionnées aux regards des échecs du passé. Ce retour des jeunes à la terre pourrait être associé à l’élevage. Ces deux activités s’enrichissent et se complètent.

Pour que les jeunes acceptent de bon cœur embrasser ces métiers, il leur faut avoir une nouvelle mentalité. Ils n’acquerront cette mentalité que par une réforme totale du système éducatif actuel ; dans les familles, il faut que le cultivateur soit présent comme la personne sans laquelle personne ne mange, et donc ne vit. Dès le bas âge l’enfant doit avoir à l’esprit que c’est le cultivateur qui fait vivre tous les hommes dans tous les cieux. Il ne faut plus que le cultivateur soit présent comme le paysan illettré sans hygiène et ignorant à tout point de vue.

Dans les écoles, l’agriculture doit être une discipline obligatoire sous une forme théorique et pratique. Le domaine scolaire même dans les villes doit comporter un champ collectif suffisamment grand pour l’expérimentation de toutes les classes. Au niveau du secondaire des collèges spécialisés dans l’agropastoral doivent être créés dans toutes les provinces. Les sortants de ces écoles et tout jeune scolarisé doivent pouvoir s’installer dans les zones aménagées. Ces zones aménagées doivent exister dans tous les départements.

L’école bilingue avec son programme de travail manuel répond mieux aux conditions de notre pays dont l’économie est dominée par l’agriculture et par l’élevage, de plus il permet de juguler en un temps record l’analphabétisme dans nos campagnes.

Par Job Lavoisier
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