Madi est un jeune de Ouagadougou qui avait pris goût à la facilité. Il ne voulait faire aucun effort pour obtenir ce dont il avait besoin. Issu d’une famille pauvre, notre Madi avait donc fait du vol sa profession principale.
Il avait réussi à obtenir son brevet d’études du premier cycle (BEPC) grâce à l’aide de son grand frère qui n’avait pas hésité à investir pour sa réussite. Entrepreneur de son état, le grand frère ne voulant pas laisser Madi dans le chômage l’embaucha dans son entreprise où il était mieux traité que les autres. Mais il fallait compter avec l’esprit de facilité qui poussait Madi à toujours prendre ce qui ne lui appartient pas.
Madi faisait disparaître les matériaux si bien que son frère fut obligé de le mettre à la porte. Rien de précieux ne pouvait plus rester sur les chantiers. Son frère, en le mettant à la porte, prit le soin de lui donner une certaine somme pour lui permettre de se débrouiller.
Madi ne se fit pas prier pour investir cet argent dans les 3B de Laurent Bado. L’argent fini, notre Madi dépourvu de moyens et ne pouvant plus retourner chez son frère élit domicile dans le non-loti de Bogodogo pour le malheur de ses habitants. Il parcourait le non-loti dérobant tout ce qu’il apercevait. Il avait fait plusieurs victimes si bien qu’il finit par être connu dans la zone.
En 2003 Madi se présenta au concours de recrutement d’agents de police et réussit. Tout le quartier était dans l’étonnement. Très vite Madi avait réduit ses actions et on croyait qu’il avait définitivement raccroché mais c’était un temps de repos pour savourer la réussite. Il reprit ses activités avec encore plus d’efficacité dans l’exécution.
Une nuit il rendit visite à un magasin dont le propriétaire avait loué les services d’un homme d’un certain âge, venant du même quartier que Madi et qui donc connaissait très bien ce dernier. Il maîtrisa le gardien et dévalisa le magasin. Le propriétaire du magasin, après constat, imputa la responsabilité au gardien en disant qu’il était le principal auteur du vol.
Ainsi notre gardien est conduit au commissariat où il est gardé à vue pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, Madi continuait tranquillement ses activités. Son voisin venait d’acheter une porte métallique pour sa maison. Dans la même soirée, notre Madi s’introduisit dans la cour de son voisin où il s’empara de la porte. Le lendemain matin pendant que son voisin partait au boulot il aperçut un jeune portant sur sa tête sa porte volée. Il arrêta le porteur de la porte qui déclara qu’il avait acheté ladite porte avec un policier.
Conduit au même commissariat où le gardien du magasin était gardé, les enquêteurs exigèrent que le porteur de la porte fasse venir le policier qui la lui avait vendue. L’acheteur de la porte amena Madi au commissariat. A la vue de Madi, le gardien qui était en train de désherber la cour du commissariat clama à qui veut l’entendre son innocence et indexa Madi en disant : "Voici notre voleur, c’est lui qui a dévalisé le magasin".
Questionné sur le problème qui l’avait conduit au commissariat, il reconnu avoir vendu la porte de même que le vol commis au magasin. Tout le monde était stupéfait. Son grand frère fut sollicité pour rembourser tout le matériel volé. Madi reprit le chemin de l’école de police, mais il paraît qu’aux dernières nouvelles, il a été remercié.
Kibsa Karim
L’Hebdo
