Actualités :: Geneviève Zabré, lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes (...)

Le 27 septembre 2017 avait lieu à Lausanne en Suisse, la finale internationale du concours « Ma thèse en 180 secondes » organisé par L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). La lauréate, Geneviève Zabré, docteure au sein du laboratoire de physiologie animale de l’Université Ouaga I Pr-Joseph-Ki-Zerbo, a été primée parmi 18 candidats venus de nombreux pays. Dans cet entretien qu’elle a accordé à votre journal Lefaso.net, elle revient sur le concours, mais également sur la pertinence de sa thèse « Utilisation des plantes médicinales dans la lutte contre le méthane émis par les ruminants : cas des ovins » qui a séduit le jury. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Vous avez été lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes », pouvez-vous revenir sur cette finale ?

Geneviève Zabré (G.Z.) : La finale s’est bien passée de façon générale. Elle s’est tenue à l’Université de Lausanne, le 27 septembre dernier. C’est un concours qui a regroupé 18 pays dont le Burkina Faso et ce sont 18 doctorants évidemment dans les domaines de la recherche, pas forcément du monde scientifique. Il y avait pas mal de thématiques, des littéraires, des scientifiques, etc.

Lefaso.net : A votre avis, qu’est-ce qui a fait pencher la balance de votre côté lors de cette finale ?

G.Z. : Ce que je pourrais dire, c’est que c’est d’abord un coup de cœur ; c’était ma diapositive. Le jury, après délibération, m’a fait savoir qu’il avait beaucoup aimé ma diapositive, parce qu’elle présentait le problème : il y avait le mouton, il y avait la bombe et il y avait la planète qui pleurait.
En regardant ma diapositive, ils ont tout de suite compris ce dont je vais parler. Et en bas, il y avait une solution qui n’était rien d’autre qu’une plante médicinale que j’avais matérialisée et qui éliminait ces bactéries qui faisaient pleurer la planète. Donc en gros, disons que ma diapositive a été pour beaucoup.

Ils ont aussi aimé le côté humour, parce qu’ils disent que j’ai réussi à les captiver, j’ai réussi à leur transmettre le message de façon simple et ils ont bien compris le message.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui vous a motivée à vous intéresser à ce thème, notamment l’utilisation des plantes médicinales dans la lutte contre le méthane émis par les ruminants, les ovins en l’occurrence ?

G.Z. :
Vous savez comme moi qu’aujourd’hui, on ne fait que parler de changement climatique. L’élevage contribue énormément au réchauffement climatique, parce que les animaux émettent du méthane. Le méthane n’est rien d’autre qu’un gaz qui est produit dans la panse du mouton et qui est rejeté dans l’atmosphère lorsque le mouton rote.
En fait c’est un phénomène naturel, le mouton n’a pas trop le choix, il est obligé d’émettre ce gaz dans l’atmosphère. Ce gaz va se cumuler avec les autres gaz à effet de serre que nous avons dans l’atmosphère et va contribuer à réchauffer davantage notre climat.

Pourquoi j’ai choisi ce thème ? Nous avons nos plantes médicinales, nos plantes locales qui sont déjà connues et utilisées par les éleveurs. Moi je teste l’efficacité de ces plantes sur les nématodes gastro-intestinaux. Et je me suis dit, si nous sommes dans un contexte de réchauffement climatique, pourquoi ne pas tester ces mêmes plantes sur les bactéries méthanogènes qui contribuent au réchauffement climatique ? Voilà un peu ce qui m’a attirée vers ce thème.

Lefaso.net : Pouvez-vous résumer en quelques mots votre thèse ? Que doit-on en retenir ?

G.Z. : Ce qu’il faut retenir, c’est très simple. Nos plantes médicinales ont la capacité de réguler les gaz à effet de serre libérés dans l’atmosphère et du coup réduire le réchauffement climatique.

Lefaso.net : Après cette reconnaissance sur le plan international, quelle est la suite ?

G.Z. : Ce concours n’est pas qu’un simple concours, c’est une formation, c’est aussi un partage d’expériences. Et ça a été aussi l’occasion pour moi de collaborer avec d’autres chercheurs qui venaient d’autres universités et d’autres pays.
Avec l’Université Félix-Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, on a gardé un bon contact et bientôt on verra comment travailler ensemble dans le domaine des plantes médicinales. Il y a mon collègue du Cameroun qui travaille aussi sur les plantes médicinales, mais dans le soin des maladies. Dans un futur proche, on espère valoriser ces collaborations.

Lefaso.net : Quelles sont vos perspectives ?

G.Z. : Je souhaiterais faire un post-doctorat pour confirmer in vivo le travail que j’ai fait sur le méthane, parce que c’était un travail in vitro. Ce serait bien de pouvoir le confirmer in vivo. Déjà, je sais que ces plantes ne sont pas toxiques, je les ai testées sur les souris de laboratoire, jusqu’à 2 500 milligrammes par kilogramme de poids corporel. Donc ces plantes ne sont pas toxiques par voie orale. Et dès lors que ce n’est pas toxique, je pense qu’on pourrait les valoriser pour les éleveurs.

Lefaso.net : Quel est votre ressenti aujourd’hui en tant que lauréate du concours international « Ma thèse en 180 secondes » ?

G.Z. : C’est un sentiment de joie, mais aussi de reconnaissance, parce que derrière ce travail, ce n’est pas moi, c’est un travail d’équipe. Ce texte, c’est vrai que je l’ai écrit, mais on a travaillé ensemble, surtout dans le laboratoire de physiologie animale, tous les doctorants ont apporté quelque chose. Disons que ce sont de petites pièces collées qui ont finalement donné un beau texte apprécié par le jury. Donc c’est véritablement un travail d’équipe.

Lefaso.net : Un dernier mot ?

G.Z. : Un mot de fin, c’est de remercier l’AUF (Agence universitaire de la francophonie) pour les formations. Avant tout on a été formé. Avant même la finale nationale, pendant la finale nationale et après la finale nationale, on a eu pas mal de formations. Je voudrais remercier aussi l’IRD, ainsi que le Pr Bonzi. Elle a beaucoup œuvré pour que les femmes sortent de leurs coquilles, parce que ce n’était pas évident que les femmes puissent participer. Je tenais vraiment à lui dire merci.

Merci également aux autres partenaires, l’ambassade de France, le FONRID. Je remercie aussi mes encadreurs, parce qu’en fin de compte, le travail, c’est eux. J’ai un directeur et un co-directeur de thèse, donc c’est l’occasion pour moi de leur dire merci pour tout l’accompagnement qu’ils m’ont apporté. Merci aussi aux autres doctorants qui m’ont encouragé de quelque manière que ce soit.

Pacôme Zongo
Justine Bonkoungou
Lefaso.net

Allocation et gestion des ressources des collectivités (...)
Paques 2024 : Le message de la Fédération des Eglises et (...)
Visite médicale annuelle des retraités : Des innovations (...)
Burkina : « Tilgré - Hewti Horem », la plateforme pour la (...)
Burkina/Situation alimentaire au postscolaire et (...)
Employabilité des jeunes : Plus de 14 000 jeunes des (...)
La Tente à Marie de l’hôpital Paul VI : Vers l’achèvement (...)
Burkina / One Health : Une session du conseil (...)
Burkina Faso, CNRST/INSS : Un repas collectif pour (...)
Ramadan 2024 : La Fondation Orange offre des vivres au (...)
Burkina : Ouverture du bureau du Centre pour le (...)
Burkina /Religion : Une rupture collective de jeûne à la (...)
Burkina/ Taekwondo : Moov Africa donne 2 000 000 de (...)
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet (...)
Gaoua : Les archers affutent leurs flèches pour la (...)
Détection précoce des épidémies émergentes au Burkina Faso : (...)
Burkina/ Accès aux services d’eau potable : WaterAid et (...)
Burkina / Petits métiers : Claire Tapsoba, l’aide-ménagère
Bureau international des droits des enfants : Des (...)
Situation nationale : Des OSC appellent le gouvernement (...)
Laurent Ghilat Paré : L’Abbé Emile Simboro apporte un (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36267


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés