Actualités :: Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein (...)

Suffit-il de dire haut et fort que l’on est patriote pour l’être vraiment ? Ou faut-il effectivement faire montre de cette qualité dans les actes au quotidien et où besoin se fera sentir ? Tel est le questionnement qui, de plus en plus, nécessite de l’intérêt.

A la faveur de l’insurrection de 2014, et même bien avant, sous certains cieux, le « je suis Burkinabè », « je suis intègre » est de plus en plus employé au sein de la société burkinabè, sans pour autant qu’on sache ce qu’il comporte comme exigences (l’amour pour la patrie, le civisme, l’intérêt général avant tout, etc.) . Que ce soit par l’homme politique, pour bénéficier de faveurs auprès de l’électorat ; que par le citoyen lambda, pour afficher sa prétendue supériorité vis-à-vis d’autrui, il est prêché à tout venant, à tort ou à raison.

« La Police municipale, service le plus corrompu de l’administration publique burkinabè, est suivie de la Douane et de la Direction générale des transports terrestre et maritime (DGTTM) », c’est ce qui ressort du rapport 2017 sur l’état de la corruption au Burkina Faso, rendu public le 17 juillet 2018 par le secrétaire exécutif du Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC), Claude Wetta.

Au-delà de ce rapport du REN-LAC, les cas de malversations et de pratiques peu orthodoxes dans la gestion du bien public soulevés par la presse donnent encore à réfléchir. L’on ne peut s’empêcher de penser à cette affaire de « fraudes au recrutement » à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à cette affaire dite « audiences monnayées à la présidence du Faso » ou à bien d’autres dossiers plus ou moins médiatisés.

Un autre fait courant, l’incivisme, pour alors rappeler une situation. Vêtu du pagne traditionnel communément nommé « Faso Dan Fani », un adulte, pour ne pas dire un responsable, la quarantaine bien sonnée, au volant de son véhicule, s’est permis, en pleine circulation, de jeter par-dessus la vitre, un sachet noir dont nous ignorions le contenu.
Eh oui ! C’est au pays des Hommes intègres, notamment à Ouagadougou, que cette scène s’est produite. Surtout, quand on sait qu’à une certaine époque étaient institués des travaux d’intérêt public où fonctionnaires et autres mettaient la main à la pâte pour la propreté des lieux publics et la réalisation d’infrastructures.

Tous ces faits, comme plein d’autres remarquables au quotidien, sont devenus aujourd’hui banals pour le citoyen burkinabè. Et pourtant, ce dernier est prompt à se revendiquer « sankariste » (référence faite à l’idéologie du père de la Révolution). On va jusqu’à arborer des tee-shirts sur lesquels sont estampillées des mentions comme « Fier d’être burkinabè, Burkimbila… ».

Faut-il encore le rappeler, être Burkinabè ne se limite pas seulement au simple fait de porter des vêtements le mentionnant ou faire partie d’une quelconque ethnie ; c’est plutôt tout un état d’esprit. Lequel état d’esprit a été le cheval de bataille du père de la Révolution burkinabè dans ses campagnes de sensibilisation des peuples. Hélas, au regard de ces comportements observés çà et là, il semble que les valeurs du jeune capitaine n’ont pas trouvé de véritables adeptes, mais plutôt un bon nombre de prédicateurs.

Même constat de l’autre côté…

« A bas les politiciens et fonctionnaires véreux… », entendait-on le plus souvent dire à l’époque du jeune révolutionnaire, Isidore Noël Thomas Sankara. Aujourd’hui, le concept, perdant de sa valeur, parce que mal interprété, tend à « vive les politiciens et fonctionnaires véreux ! ». Comme pour dire que ce patriotisme, tant prôné durant une certaine période au Faso, n’est plus qu’un vieux et beau souvenir à raconter aux générations présentes et à venir.

C’est alors que la classe politique burkinabè se compose davantage de dirigeants et de partis politiques de toutes les couleurs, de toutes les races, qui peinent à convaincre par une idéologie politique claire, sans aucun plan de développement louable pour le Faso.
Toujours en train de faire passer les intérêts d’une minorité avant l’intérêt général. Quand vient cependant l’heure des élections (communales, législatives et présidentielles), ils se revêtent de leur veste d’acteurs, se faisant passer pour des historiens de l’époque et feignant de s’approprier lesdites valeurs.

La récente étude du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), dans le cadre du Présimètre, publiée en juin dernier, fait ressortir que plus de 70% des Burkinabè n’ont pas confiance aux hommes politiques. Ce chiffre illustre bien cette réalité.

Une imitation de la Révolution qui manque de volonté et de courage

Après le sursaut patriotique réalisé par le peuple burkinabè, les 30 et 31 octobre 2014, les dirigeants politiques actuels, dans une « mouvance d’insurrection », ont très vite mis en avance l’idée de faire valoriser les cultures du Burkina. Cela, en « demandant » à tous (Burkinabè) de préférer cette tenue traditionnelle fabriquée des mains de Burkinabè, à la tenue occidentale.

L’exemple parfois donné, les membres du gouvernement n’hésitent pas, à l’occasion des cérémonies officielles ou non, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, à se parer de ce vêtement local. Il est bien, dans l’intention de faire naître à nouveau cet esprit patriotique « sankariste », de demander à tout un chacun de faire la promotion des valeurs culturelles du pays. Seulement, cette intention, comme le dit couramment le Burkinabè, « c’est bon, mais ce n’est pas arrivé ».

Il faut davantage d’actes, de décisions et d’exemples qui vont contribuer à convaincre les uns et les autres de vraiment épouser ces valeurs « oubliées ». Cela peut commencer par le respect de la parole donnée, la réduction du train de vie de l’Etat pour plus rapprocher les dirigeants des gouvernés, etc.

Si l’on veut réellement continuer à vivre en s’inspirant du modèle de la Révolution comme on le prétend, que le Burkinabè connaisse à nouveau la considération qu’il avait auprès des autres peuples, nations ; il est grand temps pour le changement de comportements.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net
Crédit photo : google.com

Burkina : « La mission de cette transition n’est pas (...)
Burkina/Entrepreneuriat : Des étudiantes veulent (...)
Lycée des jeunes filles de Koubri : A 15 ans, Synthia (...)
Boucle du Mouhoun/Justice : Le TGI de Dédougou en (...)
Burkina/ Santé : La campagne de vaccination contre la (...)
Burkina Faso : Dr George Rouamba réalise une enquête (...)
Burkina : La CNAVC convie les Burkinabè à un meeting (...)
Burkina/Insécurité : Deux habitants de Djibo qui ont pris (...)
Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain (...)
Coupures intempestives d’électricité : L’Association des (...)
Projet « Weoog-Paani » : Les acteurs de l’Est et du (...)
Burkina : Les entreprises privées, les sociétés d’Etat et (...)
Police nationale : Le gouvernement autorise le (...)
Délestages à Ouagadougou : « Que les factures d’électricité
Burkina / Coupures d’électricité : L’incapacité de la (...)
Compétition “Voix de paix” : Le collège Sainte-Marie filles (...)
Burkina : L’interdiction de la marche du 1er mai ne (...)
Jubilé d’argent des Clercs de Saint Viateur au Burkina (...)
Journées des sciences de la santé : La 22e édition se (...)
Burkina/Education : Inauguration d’une crèche au profit (...)
4e Edition du Prix M. T. Kasalu : Salimata Kini, épouse (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36645


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés