Actualités :: Inondations à Ouaga : Des dizaines de maisons sous les eaux

"La pluie annonce le beau temps", a-t-on l’habitude de dire. Au secteur 12 de Ouagadougou (Nemnin), ils sont désormais nombreux, ceux qui diront le contraire : l’averse qui a arrosé la capitale le week-end dernier, a fait des dégâts et pas des moindres. On n’a pas déploré de perte en vie humaine, mais la situation des riverains du barrage N°2 reste précaire.

8 h du matin à l’école Nemnin. Des pleurs d’enfants , des bruits de casseroles, des ronflements de mobylettes...On se croit être au beau milieu de l’année scolaire. Mais non. Ce sont plutôt des mères et pères de familles qui essaient de ranger ce qu’ils ont pu récupérer comme biens après cette grande pluie qui a arrosé la ville de Ouagadougou. La vieille Minata, qui ploie sous le poids de l’âge et de la fatigue n’en peut plus. Elle est assise à même le sol. La tête entre les mains. Après quelques va-et-vient entre sa maison qui s’est totalement effondrée et l’école, elle a décidé de " laisser le reste entre les mains de Dieu". Une phrase accompagnée de larmes. Elle aurait bien pu recevoir l’aide de ses voisins, mais ils étaient tous dans la même situation. C’était d’abord le sauve-qui-peut et ensuite les tentatives pour récupérer ce qui peut être sauvé.

Karim, l’un des sinistrés de la zone qui nous avait suivi des yeux depuis que nous avions franchi le grand portail de l’école, avance vers nous. Brèves présentations. " Ce n’est pas le moment de venir poser les questions aux gens. Où étiez-vous hier après la pluie ? Quand on a besoin de vous, vous n’êtes jamais là. Constatez vous-mêmes. C’est maintenant que vous venez, après avoir créé une situation pareille ?" a -il déclaré, nerveux. Nous n’avons pu l’amener à la raison qu’ après lui avoir fait savoir que nous sommes du privé. C’est à ce moment qu’il nous explique la situation : " Nous sommes venus ici à l’école Nemnin vers 2 h du matin. Notre maison s’est écroulée. Nous n’avions pas d’abri à part cette école. Et quand nous sommes arrivés, on avait refusé de nous ouvrir les portes des classes. Nous avons dû faire recours à la force". Aussi nous a-t-il invités à faire un tour du côté du barrage pour mieux constater les dégâts.

La mairie et l’ONEA mis à l’index

De ce côté-là, certains ont précipité leur déménagement. Le barrage s’est fait maître des lieux. Les maisons d’habitation inondées sont nombreuses. Les maisons en banco, plus nombreuses sur les lieux, n’ont pu résister aux assauts de l’eau. Celles qui ont pu "survivre" laissent entrevoir qu’elles succomberont certainement lors des pluies à venir. Celles qui ne se sont pas effondrées sous l’averse d’eau et "les vagues" sont pratiquement inaccessibles. Des camions ont été affrétés pour tout évacuer avant les prochaines pluies. Pas le temps de répondre aux questions de la presse. Nous avons plutôt été invités à patauger dans le prolongement du barrage pour mieux voir.

Ceux qui n’ont pu évacuer leur maison n’ont eu pour solution que de superposer leurs biens. Télévisions, appareils électroménagers sont superposés sur des tables. Les pots d’échappement de mobylettes sont bouchés pour empêcher l’entrée d’eau...
Les effondrements de maisons auraient fait au moins quatre blessés.

A qui la faute ? Pour certains sinistrés, cela incombe à la mairie et ce, pour plusieurs raisons : la nouvelle voie bitumée menant à Tanghin (initiative de la mairie) serait un obstacle au passage de l’eau. " Ils nous ont recensés depuis belle lurette, mais ils tardent à agir. On leur a dit que le barrage s’était ensablé mais ils ne l’ont pas curé. Ils sont plutôt allés curer le canal", nous fait savoir l’un de ceux qui ont trouvé refuge à l’école Nemnin. Dans la même lancée, on lie cette inondation au fait que les vannes du barrage N°2 n’aient pas été totalement ouvertes. Pour d’autres, c’est plutôt l’ONEA qui est responsable du fait qu’un de ses tuyaux de raccordement arrête l’eau du barrage et du canal central dans son avancée.

La mairie de Baskuy, elle, ne nie pas sa lenteur dans le processus de déguerpissement des populations riveraines du barrage. Pour le moment, elle a entrepris des démarches pour installer les sinistrés.

Par Alain DABILOUGOU


Paroles de sinistrés

Charles : " Les torts sont partagés"

Les problèmes ont commencé aux environs de 19 h 30. La pluie qui a débuté depuis le dimanche matin ne s’est arrêtée que vers 1 h du matin (Lundi matin NDLR). C’est lamentable parce qu’il y a des maisons qui se sont écroulées tout le long du barrage. Tous les murs mitoyens au barrage se sont écroulés. A ma connaissance, il n’y a pas eu de perte en vie humaine. Je crois que le problème est lié au fait que le barrage est plein et aussi à la réfection du goudron .

L’eau qui coulait dans le sens sud-nord est obligée de revenir vers le sud. Il semble qu’on a fermé les vannes du barrage. Ce qui fait que l’eau ne coule pas. C’est vrai qu’après la rencontre avec le maire, il est ressorti que les riverains du barrage devaient déguerpir des lieux. Mais vous connaissez notre situation : les gens sont réticents parce qu’ils veulent qu’on leur donne d’abord des terrains.

Où pourraient-ils aller s’ils quittent les lieux ?
Pour moi, le tort est partagé. D’une part, cela revient aux riverains. C’est quand même très proche du barrage. Et il y a certains qui ont occupé anarchiquement la zone et d’autres non. Je crois que la faute vient des deux côtés. L’administration a aussi sa part de responsabilité la dedans. Elle pouvait prendre des précautions le plus tôt possible. Quand on pressent le danger, il faut prendre les décisions à temps afin que les populations évacuent les lieux. .

Lassané Tapsoba, résident

" Le goudron de Tanghin y est pour quelque chose"

Ma maison est inondée et ma famille et moi n’avons pas fermé l’œil la nuit. C’est la première fois que je constate une telle situation. L’année passée, nous n’avons pas rencontré ce genre de problème. Je crois que cela est lié au fait qu’on n’ait pas ouvert toutes les vannes. Et encore le conseiller du secteur était de passage ici , ce matin. Il nous a fait savoir que ce n’était pas lié aux vannes. Il nous a dit que les vannes étaient ouvertes et qu’il y avait un autre problème lié à l’ ONEA : les tuyaux qui permettent l’évacuation de l’eau de Ziga à la ville.

L’eau du barrage n’a donc plus d’espace pour couler. Toute ma maison est pleine d’eau. Vers deux heures du matin, je ne pouvais même pas rentrer chez moi. Nous demandons aux autorités de voir notre situation. Qu’elles ouvrent les vannes ! Je crois que le goudron de Tanghin y est pour quelque chose aussi. Avant qu’on n’installe ce goudron, l’eau passait. Mais depuis que la voie a été bitumée, ça ne va plus.

Je sais que la mairie a rencontré les riverains du barrage pour voir leur situation. Si elle veut qu’ils déguerpissent, qu’elle le fasse. S’il y a autre solution, qu’elle l’applique.

Propos receuillis par A. D.
Le Pays

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