Actualités :: Ouaga, les pieds dans l’eau

Beaucoup d’habitants de la ville de Ouagadougou ont les pieds dans l’eau suite à la pluie du 10 juillet 2005 d’une hauteur de 75,7 mm. Les plus sinistrés sont ceux qui ont construit dans le lit des trois barrages et c’est sans surprise que des maisons sont tombées à Norghin, Dapoya, Nemnin...

Le service de la métérologie agricole, sis à Kossodo, a enregistré 75,7 mm de hauteur d’eau pour la seule pluie du 10 juillet 2005. Conséquence, cette pluie, ajoutée aux autres pluies qui ont arrosé la ville de Ouagadougou, a achevé de remplir les trois barrages. Une situation qui a causé des inondations dans tous les quartiers riverains des barrages, en l’occurrence Dapoya, Norghin, Nemnin, etc.

M. Tambi Ramdé, lui, est sur pied de guerre depuis la veille. Le 11 juillet à 9 heures, nous l’avons rencontré à l’école primaire de Norghin : « L’eau est venue aux environs de 23 heures, puis à 1 heure ce matin, la situation était intenable. Nous avons aussitôt sorti nos affaires et le délégué est allé voir le gardien de l’école afin qu’il nous ouvre les portes ». C’est en ces termes que M. Ramdé explique la nouvelle vie de sans-logis à laquelle est confrontée sa famille.

Dans la cour des Ramdé, toutes les six maisons sont à terre. « On a pu faire sortir l’essentiel. Cela nous était déjà arrivé il y a quelques années. Mais cette fois, nous avons beaucoup plus souffert parce que c’était la nuit », a ajouté M. Ramdé. Norghin, riverain du barrage n°2 est construit presque dans le nid de ce dernier. Avec l’arrivée de l’eau, à 50 mètres de la berge, les cours sont inondées. Tous les sans-abri se sont retrouvés dans les salles de classe avec tout ce qu’ils ont pu faire sortir (effets d’habillement, couchettes, etc.).

Le maire de l’arrondissement est allé rendre visite aux sinistrés. Mais à l’heure où nous le retrouvons, il n’avait pas encore « fait le tour de la question ». Le plus urgent pour lui, cependant, est de « déménager les gens des zones à risques dans un premier temps ». Par la suite, mettre en place des équipes de l’Action sociale pour faire un inventaire de tous ceux qui sont concernés, pour après prendre des mesures d’urgence : hygiène, restauration, couchettes... Au nombre des zones sinistrées, figurent Dapoya et Tanghin.

Cependant, d’une manière générale, les personnes sinistrées ont bâti leurs maisons sur des zones à risques. A Dapoya, des constructions sont mêmes faites dans les bas-fonds longeant le barrage n°2. Si la pluie continue sur cette lancée, beaucoup de maisons vont tomber. De l’autre côté du barrage, vers Tanghin, le Centre Delwendé est dans l’eau. Quatre bâtiments sur six en sont remplis. « Nous avons fait des ouvertures dans le mur de clôture pour laisser passer l’eau de pluie vers le barrage. Avec le cru de ce dernier, l’eau a pris la direction contraire », explique M. Ernest Tidogo, secrétaire du centre.

Effectivement le Centre Delwendé est assis sur le barrage. « Heureusement que le ciment qui a servi à la construction, à l’époque, était de très bonne qualité », s’est-il réjoui.

Mais en attendant, la centaine de pensionnaires ne sait plus à quel saint se vouer. Elles s’étaient engouffrées sous un hangar qui leur tient lieu de refuge, le temps que les eaux se retirent. Pendant que nous étions sur les lieux vers 9 h et demie, elles ont reçu une visite de réconfort du Père Vincent de Saint Camille. Celui-ci, dont l’institution participe à la gestion du Centre, affirme que depuis sa création, c’est la 4e fois que les « vieilles dames » sont confrontées à une telle situation d’inondation.

Plusieurs sinistrés ont laissé entendre que leur situation était due au fait que les vannes du barrage n°2 étaient fermées.

Des travailleurs de l’ONEA, trouvés sur les digues du barrage, ont démenti cette affirmation en disant que depuis des années déjà, les vannes sont restées ouvertes et les eaux des trois barrages se communiquent. « S’il y a inondation, c’est que les populations sont allées construire dans des zones inondables », a lancé M. Saïdou Sow, chef d’une équipe de l’ONEA en train de pêcher les saletés drainées dans les barrages.

Pour les jours à venir, le maire de l’arrondissement M. Marin Ilboudo, avec son conseil municipal, devrait s’atteler à la mise en place d’un dispositif devant aboutir à l’identification de tous ceux qui sont dans la zone inondable. Une équipe topographique est aussi mise à contribution pour déterminer la zone à risques. « A ce jour, nous sommes en train de faire l’évaluation de ceux qui sont concernés afin de connaître la valeur des investissements qu’ils ont réalisés », a dit M. Ilboudo. Cela est nécessaire parce que beaucoup de gens possèdent malgré tout des permis urbains d’habiter (PUH) dans ces zones inondables et il faudrait dédommager ceux-ci pour éviter certaines frustrations.

Souleymane SAWADOGO


Le maire de la ville de Ouagadougou sur les lieux

Pour le maire, Simon Compaoré, les sinistrés sont dans une zone dangereuse parce qu’ils peuvent y perdre la vie s’ils s’entêtent à rester. Pour se faire entendre, le maire Simon Compaoré n’a pas hésité une fois de plus à aller de concession en concession pour sensibiliser et inviter les résidants à rejoindre les écoles dégagées à cet effet.

A une dame qui préparait le repas dans une cuisine, le maire l’interpelle et lui rappelle que la maison peut s’écrouler sur elle d’un moment à l’autre.

« Tous ceux qui sont dans la zone dangereuse où les maisons sont atteintes par les eaux doivent rejoindre les écoles. Ces maisons sont susceptibles de tomber sur ceux qui y habitent », a prévenu le maire.

Il a rappelé à la presse que lors des années précédentes, il avait tenu les mêmes propos aux riverains.

Parmi ceux-ci, certains avaient dit au maire : « Nous vivons ici depuis si longtemps. Nous sommes nés et avons grandi ici. Il n’est pas question que nous bougeons ». Mais pour le maire, il s’agit de faire en sorte qu’il n’y ait pas de perte en vie humaine. C’est la raison pour laquelle il invite tous les sinistrés à rejoindre les écoles de Nemnin, Norghin, Ouidi et Kologh-Naaba.

A ceux qui sont réticents à ses avertissements, le maire a souligné : « Vous êtes dans la gueule du loup, comme tous ceux qui sont proches du barrage ».

A propos de l’emplacement de l’hôtel des Finances de Ouidi qui était également inondé d’eau mais seulement de l’extérieur, le maire a précisé que c’est une erreur de l’administration :

« Nous n’en sommes pas responsables mais l’administration est une continuité, donc nous en faisons partie ».

Aimée Florentine KABORE(kaborette@yahoo.fr)
Aoua COULBALY(stagiaire)
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