Actualités :: Les faits divers de Sakré : Dégringolade conjugale

Au début de leur vie conjugale, Honoré faisait de petits boulots qui rapportaient peu et son épouse Claire ne s’occupait que du ménage de la famille .Mais malgré sa relative pauvreté, Honoré mit un peu d’argent de côté qui servit à la femme à démarrer un minuscule commerce de condiments.

Puis Honoré trouva du travail dans une grosse boîte de la place, un boulot de manœuvre qui lui permit cependant d’améliorer et le quotidien de la famille et le commerce de Claire, son épouse.

C’est ainsi que des condiments, elle se retrouva à la tête d’un petit restaurant de bord de rue qui ne servait que du riz sauce. Les choses allaient donc bien dans le meilleur des mondes, lorsque la société qui employait Honoré plia bagages après avoir rempli le contrat pour lequel il avait ouvert ses portes. Honoré fut licencié après avoir reçu tous ses droits dont une bonne partie vint renflouer les activités de son épouse. Honoré chercha du travail en vain.

II s’enfonçait chaque jour davantage dans la galère alors que son épouse à l’image de son commerce, florissait : elle avait confié la vente du riz-sauce à une employée pour s’occuper de commerce de savon, de pommade, bref, de produits cosmétiques bon marché qui traduisaient cependant l’évolution de la personne.

Le couple et leurs trois enfants habitaient une zone non lotie dans la périphérie de Ouagadougou. Le lotissement fut annoncé et chaque résident devait verser 35 000 F CFA. Honoré n’avait pas cette somme. Claire murmura un peu puis versa les 35 000 Frs. Lorsqu’il reçurent leur nouvelle parcelle, Honoré était plus que jamais dans la dèche. Claire leur construisit une maison tout juste assez grande pour loger cinq personnes. Cette fois-là, elle ne murmura pas.

Elle prit des airs et les comportements d’un chef de famille, c’est ainsi que sans recueillir vraiment l’avis de son mari, elle décida un beau jour de se rendre désormais à Lomé au Togo où les nouveaux et petits commerçants burkinabè vont faire leurs emplettes pour ensuite les revendre à Ouagadougou. Honoré encaissa mal le coup, ceci d’autant plus que son épouse avait pris goût à une espèce d’indépendance qui l’éloignait chaque jour de son foyer.

Honoré voulut y mettre le holà. Son épouse grinçante lui fit remarquer qu’en fait d’homme dans la cour, il n’avait que son sexe pour faire la différence et là encore pour le reste, l’entretien de la famille, l’homme c’était bien elle. L’injure cingla comme un fouet sur sa dignité de mari pis, Honoré comprit qu’il perdait chaque jour un peu plus sa femme. Ainsi résolut-il de contre-attaquer.

Il alla trouver un propriétaire terrien dans une autre zone non lotie de la ville et grâce aux revenus de travaux ponctuels, il fit avec ce dernier l’acquisition d’une parcelle où il fit bâtir une toute petite maison en banco. Puis, il alla proposer à Claire de l’y rejoindre avec les enfants afin de mettre leur première maison en location, question d’améliorer les revenus de la famille. Claire refusa carrément : "comment-ça ?

Quitter une maison en zone viabilisée pour aller vivre dans une zone non lotie où il y a ni eau ni électricité ? Ça jamais ! " Autrement dit, retourner en enfer après avoir goûté au paradis et pour bien lui signifier son refus, elle se fit construire devant la concession une petite boutique qu’elle ne mit pas de temps à bourrer de marchandises. Honoré vivait donc seul dans son non lotie.

En proie au désespoir de l’impuissance, Honoré crut avoir trouvé l’idée qui sauverait son foyer pour ne pas dire qui le sauverait. Il se fit établir une fausse reconnaissance de dette de 500 000 F CFA. Puis il alla trouver son épouse pour lui dire qu’il leur fallait vendre la maison pour éponger cette ardoise afin de lui éviter la prison. Ce jour-là, sa femme l’humilia par des propos du genre " non seulement tu étais... un type pauvre mais tu deviens maintenant un pauvre type qui ne vaut absolument rien...." puis elle ajouta qu’il n’était pas question de vendre sa maison pour un malheureux 500 000 frs.

Le lendemain, Honoré qui comme d’habitude passait chaque matin pour voir ces enfants se vit remettre les 500 000 frs, il ne les prit pas cherchant à savoir d’où son épouse les tenait. Ce fut avec une joie cynique qu’elle lui répondit qu’elle les avait reçus de son homme de confiance, un homme qui ne puait pas la misère comme lui. Fou de rage, Honoré la battit .... pour son grand malheur Claire avait décidé à partir de ce moment de vivre comme elle l’entendait.

Elle prit des amants dont certains même venaient la chercher à la maison pour des sorties d’où elle ne rentrait que très tardivement. Honoré comprit qu’il venait de perdre son épouse et sa dignité. Il allait également perdre temporairement sa liberté. Dans sa soif de faire le plus de mal à son épouse, il vint très tardivement une nuit à son domicile. Il avait un bidon de pétrole.

S’étant assuré que tout le monde dormait, il aspergea la boutique de fortune de son épouse, construite de planches et de tôles et y mit le feu avant de fondre dans l’obscurité ; malheureusement pour lui, la partie incendiée était tapissée de paquets de sucre, de sacs de farine et de riz qui arrêtèrent l’avancée de l’incendie. Un incendie qu’un noctambule qui passait par là a aperçu et alerta Claire qui, aidée de voisins, parvint à circonscrire. Les dégâts furent insignifiants. Claire qui se doutait bien que l’incendie n’avait pu être allumé que par son chômeur de mari jaloux avertit la police.

Honoré reconnut les faits. Il fut enfermé durant des semaines puis relâché. Claire avait définitivement fait le choix de sa prospérité contre la stabilité de son foyer. Aujourd’hui lorsque vous rencontrez Honoré, il ne dit rien du tout et va rarement chez lui. Personne ne sait ce qu’il rumine mais on craint le pire. A- t- on peur de quelque chose lorsque l’on a tout perdu ?

Sakré Chédou OUEDRAOGO (seydou 2004@yahoo.fr)
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