La réunion d’échanges avec les maires et les décideurs sur la prise en compte du risque climatique dans le processus d’élaboration des schémas d’aménagement et de planification urbains s’est tenue le 24 mai 2018, à Ouagadougou. Cette activité organisée par l’institut 2iE, s’inscrit dans le cadre du projet Analyse multidisciplinaire de la mousson africaine à l’horizon 2050 (AMMA-2050). La chargée de mission du ministre en charge de l’Urbanisme, Fati Sanhouidi, a présidé la cérémonie d’ouverture.
Chaque année, dans les grandes villes du Burkina Faso notamment Ouagadougou et Bobo Dioulasso, l’on déplore des dégâts matériels et humains causés par les inondations. Ces extrêmes climatiques affectent également les moyens de subsistance des populations et jouent négativement sur le développement socio-économique du pays. Ces situations requièrent la mise en œuvre de stratégies durables pour une meilleure adaptation aux aléas climatiques. C’est ainsi qu’un consortium de quinze partenaires du Nord et du Sud parmi lesquels l’Institut 2iE a initié, en 2013-2014, le projet Analyse multidisciplinaire de la mousson africaine à l’horizon 2050 (AMMA-2050).
Avec l’appui financier du gouvernement britannique à travers le Département britannique pour le développement international (DFID) et le Conseil de recherche sur l’environnement naturel (NERC). « Améliorer la compréhension scientifique de la variabilité et du changement climatique dans les décennies à venir en Afrique de l’Ouest et contribuer à améliorer la prise de décisions pour soutenir un développement résilient au climat à moyen et à long terme dans la région », tels sont les objectifs du projet.
Pour ce faire, une étude sur les inondations en milieu urbain a pris pour site pilote l’espace « Grand Ouaga » du Burkina Faso qui est constitué de la commune urbaine de Ouagadougou et des sept communes rurales environnantes que sont Saaba, Pabré, Loumbila, Koubri, Tanghin-Dassouri, Komsilga et Komki-Ipala. Après deux ans de travaux scientifiques conduits par l’équipe du projet au Burkina Faso, il a été organisé une réunion avec les maires et décideurs impliqués dans la planification urbaine de cet espace avec pour objectif de leur communiquer les premiers résultats du projet AMMA-2050.
Ensemble, ils vont également échanger sur les pratiques/mesures actuelles de gestion des risques d’inondation dans l’espace « Grand Ouaga ». Il sera aussi question d’identifier les actions à entreprendre afin de mieux intégrer les connaissances récentes sur le changement climatique et les inondations dans la gestion des risques d’inondation. Pour finir, ils vont s’accorder sur les formats des produits finaux du projet, mais également échanger sur les éventuelles contraintes et préoccupations susceptibles d’entraver l’utilisation de ces produits.
Des avancées significatives
Pour le coordonnateur du projet AMMA-2050, Pr Harouna Karambiri, les résultats obtenus à mi-parcours sont satisfaisants. Il en veut pour preuve la création d’une série d’atlas pour fournir des informations pertinentes et actualisées sur les changements climatiques prévus en Afrique de l’Ouest en général et au Burkina Faso en particulier à l’horizon 2050.
A l’actif du projet de recherche, l’on note également la création d’une base de connaissances sur les évènements d’inondation avec pour support MS Access ; l’installation d’un réseau de suivi hydrométéorologique constitué des captures hydrologiques et météorologiques dans l’espace « Grand Ouaga ». Aussi, les besoins en informations météorologiques et climatiques des décideurs pour soutenir les prises de décision pour le développement ont été identifiés et en cours d’élaboration, entres autres.
Les experts invités à une analyse approfondie du contenu de la réunion
Visiblement satisfait des résultats, le Directeur général (DG) de l’Institut 2iE n’a pas manqué de remercier le DFID et le NERC qui, par leur appui financier au projet, ont rendu possible sa mise en œuvre et par conséquent la tenue de cette réunion. Poursuivant, Pr Mady Koanda a confié qu’AMMA-2050 mobilise une quinzaine de partenaires scientifiques du Royaume-Uni, de France, du Sénégal, du Ghana, de la Côte d’ivoire et du Burkina Faso à travers son institut.
A terme, « il devra permettre aux décideurs, lorsqu’ils voudrons prendre des décisions sur l’implantation d’un certain nombre de choses, de tenir compte de ce que la science a trouvé. Egalement dire que d’ici à l’horizon 2050, les risques sont de telle nature, de telles amplitudes, de telle importance et qu’il est plutôt risqué de faire cette activité à cet endroit ». Le DG de 2iE a conclu en invitant les experts à une analyse approfondie du contenu de la présente rencontre et à tirer le maximum de profits de l’ensemble des supports produits.
De son côté, la chargée de mission du ministre en charge de l’Urbanisme, Fati Sanhouidi, trouve une explication aux inondations récurrentes dans les grandes métropoles ouest-africaines : « Le changement climatique, conjugué à l’urbanisation galopante non-planifiée et très souvent mal maîtrisée, est à l’origine de ces inondations ».
Afin de prendre le problème à bras-le-corps, le département ministériel a entrepris des actions concrètes telles que la délimitation des zones inondables, le déguerpissement des populations des zones vulnérables, les curages des caniveaux, etc. En rappel, sur la période 1986-2016, 77 évènements d’inondations ont été reportés au « pays des Hommes intègres » avec des dégâts importants sur la population, l’économie et l’environnement.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net
