Actualités :: Taux de scolarisation des filles au Burkina : Des résultats encourageants, (...)

Depuis des années, le gouvernement burkinabè mène des actions de sensibilisation pour la scolarisation des filles. Des années d’efforts qui portent des fruits de nos jours, en témoignent les résultats de l’étude conduite par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, à travers sa Direction de la promotion de l’éducation inclusive des jeunes filles et du genre, grâce à l’appui de la Coopération canadienne à travers la Société d’accompagnement au renforcement des capacités.

Cette étude intitulée « Les écarts dans les apprentissages : analyse sexospécifique », présentée aux hommes de médias en marge de la cérémonie de lancement du nouvel appui du gouvernement du Canada à l’éducation, le 14 mai 2018 à Ouagadougou, donne des indicateurs qui montrent que les choses bougent. Avec pour objectif de proposer une stratégie d’amélioration de la qualité des apprentissages à partir de l’analyse sexospécifique des écarts dans les apprentissages, l’enquête a concerné quatre régions sur les treize que compte le pays à savoir la Boucle du Mouhoun, l’Est, le Sud-Ouest et le Sahel. Au total, 516 personnes dans 22 établissements ont été consultées.

Situation passable au primaire

Au primaire, l’étude révèle que les écarts entre les garçons et les filles s’accentuent au Cours moyen (CM). Dans les quatre régions, les garçons redoublent légèrement plus que les filles au CP1 (Cours primaire 1), CP2, CE1 (Cours élémentaire 1) et CE2. Cette tendance s’inverse au CM1 dans le Sahel, le Sud-Ouest et dans la Boucle du Mouhoun. Mais la différence entre garçons et filles demeure peu élevée (moins de 1%). Par contre au CM2, année charnière, il y a plus de filles qui redoublent, soit 2,52% à l’Est, 2,14% au Sahel, au Sud-Ouest 5,83% et 3,46% dans la Boucle du Mouhoun. Ces statistiques permettent d’en déduire que malgré une forte scolarisation des filles, l’environnement familial favorise toujours les garçons qui sont plus encouragés que les filles.

Les jours de classe, 88% des filles interrogées doivent réaliser des travaux ménagers

Et pour ne rien arranger, la différence de genre s’accentue au fil des années et devient plus importante chez les filles plus âgées à cause des tâches ménagères et des pressions sociales à l’approche de la puberté (les menstrues et les perspectives de mariage). Une puberté qui arrive vers la fin du primaire et qui expose ces dernières aux mariages arrangés et parfois aux enlèvements.

Pour ce qui est des tâches ménagères, une enquête de deux directions du MENA datant de 2005 révèle que 88% des filles interrogées doivent réaliser des travaux ménagers les jours de classe, contre 32% pour les garçons. Quantité et intensité des travaux domestiques oblige, les filles n’arrivent pas à apprendre convenablement. Toujours selon les enquêtés, la pauvreté, les grossesses précoces et les mariages sont les principaux facteurs contribuant à l’abandon des classes par les filles.

Des écarts significatifs au post-primaire

Au niveau du post-primaire, l’enquête révèle qu’il y a un écart entre les résultats des filles et des garçons. Si fait que celles qui éprouvent des difficultés sont plus souvent retirées de l’école que les garçons dans la même situation. Dans la Boucle du Mouhoun, l’Est et le Sud-Ouest, les redoublements sont plus élevés chez les filles tout au long du post-primaire, tandis que les garçons au Sahel redoublent plus en 5e et 4e.

Malgré cet état de fait, la fréquentation des filles au post-primaire et au secondaire est en augmentation. Entre 2011-2012 et 2015-2016, dans la Boucle du Mouhoun, le pourcentage des filles est passé respectivement de 42% à 47,2%, soit une hausse de 5,2%. Dans la région de l’Est le pourcentage a augmenté de 4,7% pour se situer à 44,8%. Au Sahel, le pourcentage est passé de 36% à 39,6% en 2015-2016. La plus forte hausse revient au Sud-ouest avec 5,9% de hausse et se situe maintenant à 41,9%.

La sexualité, les mariages et grossesses précoces sont en somme des causes et facteurs qui influencent l’écart des résultats

Pour ce qui est de la fréquentation scolaire des filles de 12 à 15 ans, la Boucle du Mouhoun est la seule des quatre régions à avoir atteint la parité entre filles et garçons. Aussi bien pour le taux brut d’admission en 6e que le taux brut et net de scolarisation. Alors que dans les trois autres régions, les garçons dominent toujours. La situation est particulièrement plus préoccupante au Sahel, où la parité est encore loin du compte.
Selon l’étude, les difficultés que les filles éprouvent au primaire s’accentuent au post-primaire avec la puberté.

Par exemple certains répondants ont souligné que les filles confrontées à leurs premières menstrues ne savent pas toujours comment se protéger efficacement pour pouvoir aller en classe sans tacher leurs vêtements et essuyer les moqueries de leurs camarades. Le sujet étant tabou, elles osent rarement en parler. La pauvreté, les nombreuses tâches ménagères, le manque d’encouragement, la peur de poser des questions, la sexualité, les mariages et grossesses précoces sont en somme des causes et facteurs qui influencent l’écart des résultats au post-primaire.

Plus de sensibilisation

Pour freiner cet écart entre les résultats des filles et des garçons, que ce soit au primaire, au post-primaire qu’au secondaire, l’étude suggère une stratégie basée sur trois piliers. Le premier pilier concerne la sensibilisation des parents à l’importance d’inscrire les filles au primaire et au post-primaire. Ainsi que de faire la promotion de modèles positifs féminin. Le second se rapporte au renforcement des capacités en introduisant dans les conférences pédagogiques de fin d’année du primaire de la pédagogie sensible au genre.
L’introduire également dans les formations continues des professeurs du post-primaire et du secondaire. Enfin, accompagner la sensibilisation et le renforcement des capacités par des mesures permettant de supporter directement les filles et de les motiver à poursuivre leurs études tout en s’investissant dans leur apprentissage.

Marcus Kouaman
Lefaso.net

Source : Résumé exécutif de l’analyse sexospécifique des écarts dans les apprentissages dans l’enseignement de base au Burkina Faso (décembre 2017)

Crédit photos : DR

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