Actualités :: Discours sur la situation de la Nation : « Le politique est un boxeur », (...)

Sans langue de bois et toujours avec la même verve, Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), s’est prononcé sur le grand Oral du Premier ministre sur la situation de la nation fait, il y a une semaine, devant l’Assemblée nationale. C’était ce jeudi 19 avril 2018 à Ouagadougou, à la Bourse du Travail.

Sollicité par les médias pour réagir au discours du chef de Gouvernement, Bassolma Bazié était hors de Ouagadougou. De retour, il a convié les journalistes qui le souhaitaient à le rejoindre à la Bourse du travail pour donner sa lecture du « message de confiance » livré par Paul Kaba Thiéba à l’Assemblée nationale. « C’est un devoir pour la CGT-B en tant que contre-pouvoir, de donner son point de vue sur ce discours », a-t-il noté de prime abord avant d’envoyer ses uppercuts.

« Confusion »

Le Premier ministre a mis trop de temps pour son discours. De 10h à 22h (y compris la séance des questions réponses). Pour Bassolma Bazié, l’exécutif a confondu vitesse et précipitation. « Ce n’est pas parce qu’un discours est long que son contenu est fort appréciable », a-t-il noté. Selon le SG de la CGT-B, à écouter le Premier ministre sur le fond, l’on se demande où va le pays ? « En 2017, il a dit que le Burkina est de retour et cette année, il nous dit que le Burkina est en marche. Ce qui est titillant, c’est que lui-même dans sa marche, il ne sait pas quelle est la position que le Burkina occupe sur les 188 nations. C’est hilarant mais c’est en même temps douloureux », a déploré Bassolma Bazié. Pour ce qui est de l’appel incessant de Paul Kaba Thiéba à l’union nationale et à la réconciliation, Bassolma Bazié tranche que cela ne peut se faire « dans le mensonge, l’hypocrisie et la démagogie ».

« Les chiffres doivent coller à la réalité »

Bassolma Bazié, SG de la CGT-B

« C’est bien beau d’égrainer des chiffres, mais les Burkinabè ne mangent pas les chiffres », a-t-il fait savoir au Gouvernement, pour paraphraser le regretté Salifou Diallo, ex-président de l’Assemblée nationale. « Je n’ai pas connu un Burkinabè qui a dit qu’après avoir écouté le discours du Premier ministre, il n’a plus faim parce que Paul Kaba Thiéba a évoqué tellement de chiffres. Il n’y a pas eu des gens qui ont quitté des hôpitaux parce que des chiffres ont été évoqués. Il n’y a pas eu de classes sous paillotes qui se sont transformées en vraies classes parce qu’il y a eu des chiffres », a lancé Bassolma Bazié, avant de rappeler que les chiffres avancés par le chef du gouvernement – un taux de croissance de 6,7 % en 2017 –doivent coller à la réalité du terrain.

« Manque de sincérité et de transparence »

« Quand on veut reverser tout ce qu’il y a comme maldonne, mauvaise gestion à ceux qui sont partis, mais la question qu’il faut se poser c’est de savoir d’où viennent ceux qui vous ont nommés-là ? Si vous rejetez tout ce qu’il y a de mauvais sur le passé sans avoir l’honnêteté intellectuelle de dire qu’on a une part de responsabilité, vous mentez au peuple burkinabè », a déclaré M. Bazié. Outre ce qu’il appelle « manque de sincérité » des autorités, il a également déploré le manque de transparence dans la création de la caisse de dépôt et de consignation. A l’entendre, les autorités « veulent mettre l’argent de la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO), de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et des caisses nationales d’épargne dans cette caisse. « Notre inquiétude, c’est que des retraités peuvent se lever un jour et ne pas avoir la pension. Aussi, il n’y a pas de représentants de travailleurs dans l’équipe qui doit gérer cette caisse-là », s’est offusqué Bassolma Bazié avant de mettre en garde : « Le 16 septembre 2016, j’avais dit que les gens croient qu’ils vont venir piller les ressources et avoir la chance de traverser les frontières comme les Blaise (Blaise Compaoré, ndlr) l’ont fait. Celui qui croit qu’il va piller le peuple et créer de la merdre et puis fuir, il n’aura pas ce temps-là ».

Pour une conférence sur les ressources et leur gestion

Sur la question de la conférence nationale sur le système de rémunération des agents de la fonction publique, Paul Kaba Thiéba avait déclaré que son gouvernement n’y allait pas pour imposer des décisions. Pour l’Union d’action syndicale dont la CGT-B est membre, au lieu d’organiser une telle conférence nationale qui s’apparente à du théâtre, le gouvernement devrait plutôt organiser une conférence nationale sur les ressources du pays et leur gestion, une rencontre qui mettrait sur la table de discussion les impôts, les fonds communs, les fonds noirs, le fonds de souveraineté, les mines, les institutions budgétivores, les factures impayées, le nombre des députés et des ministres, etc.

Selon Bassolma Bazié, la réadaptation des salaires se fait sur la base du coût réel de la vie et « si on devait suivre la progression de l’inflation, le SMIG devait se situer à 117 800 F CFA. Quand l’UAS a donné sa position, en voyant le piège venir, les autorités se sont permis d’envoyer des correspondances individualisées pour échanger avec les organisations sur la conférence. J’ai reçu cette correspondance et je n’ai pas daigné répondre. Ce ne sont pas des questions d’individus mais de mouvement syndical », a-t-il lancé.

« Le politique, un boxeur »

Sur la question du fonds commun servi aux agents du ministère de l’économie et des finances, Bassolma Bazié confie avoir reproché aux syndicats des finances une chose. « Il ne faut pas signer des accords avec des hommes politiques sans pouvoir être capable de les rendre publics car ça va vous rattraper toujours. Un politicien, c’est un boxeur. Quand il envoie la main gauche en train de tourner devant ta face, n’y prête pas attention. Le véritable coup viendra de la main qui est repliée », a-t-il prévenu. Et de poursuivre « Pourquoi le fonds commun a gonflé ? Ça a gonflé parce qu’ils (le gouvernement) ont voulu l’utiliser pour concasser et diviser les syndicats du ministère de l’économie et des finances. Ce n’est pas le fonds commun qui leur fait mal, c’est parce qu’ils ont tout fait pour diviser les syndicats sans succès. »

Pas de cahier de doléances cette année

Le 1er mai, fête du travail, c’est dans une dizaine de jours. Et Bassolma Bazié a annoncé que l’ensemble des structures de la CGT-B, sur le territoire burkinabè seront invitées à se mobiliser à travers, des conférences de presse, interviews et assemblées générales. Pour ce qui est du cahier de doléances 2017, il rappelle que jusque-là le gouvernement n’a pas encore fait signe aux syndicats. De ce fait, pour l’année 2018, aucun cahier de doléances ne sera soumis au gouvernement, a-t-il annoncé.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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