Actualités :: Assassinats d’Ignace Garcia et de Boureima Gnangaté : Louis Aimé Sanou (...)

Louis Aimé Sanou, un élève de 19 ans du collège de Tounouma assassinait, le 6 février 2004, le frère Ignace Garcia, directeur dudit collège. Le 6 mars de la même année, il mettait également fin à la vie d’un de ses camarades Boureima Gnangaté élève de 1re dudit établissement. Louis Aimé Sanou a été jugé le 24 juin 2005 et condamné à la peine capitale. Récit d’un procès plein d’émotions.

Le 6 février 2004, le directeur du collège de Tounouma, Ignace Garcia a été retrouvé mort dans son bureau baignant dans une mare de sang. Le collège n’avait pas fini de pleurer ce frère religieux que le 6 mars 2004, on découvrait le corps d’un élève du même établissement vers le lycée Ouezzin Coulibaly. Il s‘agissait du corps de Boureima Gnangaté, élève de la classe de première au collège Tounouma.

Ces deux meurtres ont été commis par une seule et même personne, Louis Aimé Sanou, âgé au moment des faits, de 19 ans, parce que né en 1985 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il a été arrêté et a fait l’objet de deux chefs d’accusation : « Assassinat » et « assassinat et vol aggravé ». Louis Aimé Sanou a été jugé par la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Bobo qui tenait sa première session.

Appelé à la barre pour répondre des faits qui lui sont reprochés Louis Aimé Sanou dira à la Cour : « J’ai toujours rêvé de devenir un mercenaire. J’ai tué le directeur du collège de Tounouma parce qu’il refusait de me remettre l’argent que m’envoyaient mes parrains européens. Il m’empêchait de dépenser les sommes qu’on m’envoyait.

C’est pour cela que j’ai décidé de l’éliminer ». En fait, l’argent que le directeur remettait à M. Sanou était utilisé à d’autres fins que celle de payer ses scolarités. Louis Aimé Sanou était parrainé par une sœur religieuse française et c’est le père de Louis Sanou qui explique ce partenariat : « j’ai travaillé en Côte d’Ivoire chez une sœur religieuse. Elle est rentrée chez elle après la fermeture de la société où je travaillais.

Mais elle a décidé de prendre en charge mes enfants. C’est pour cela qu’elle envoyait de l’argent à mon fils par l’intermédiaire du directeur du collège qui gérait cet argent. C’est elle qui a confié Louis Aimé Sanou au collège de Tounouma ».

Quant au deuxième assassinat, Louis Aimé Sanou s’explique ainsi : « l’idée de tuer Boureima Gnangaté m’est venue de l’hôpital où j’ai été admis pour cause de maladie après avoir tué le directeur du collège. Après les études je lui ai demandé de venir me chercher. Nous sommes du même groupe d’étude. Il devrait m’accompagner chez un ami au secteur 25.

Mais en cours de route, je lui ai indiqué le chemin de la cité, vers la clôture du lycée Ouezzin Coulibaly. Et c’est là que j’ai commis le meurtre parce que je voulais sa mobylette, une P50 Ninja et les chaussures qu’il portait ». Et c’est en voulant refaire la peinture de la mobylette chez un mécanicien qu’il a été appréhendé. Suite à cette arrestation, il a avoué être l’auteur de l’assassinat de Ignace Garcia.

Louis Aimé Sanou n’était pas seul à cette audience. Il était assisté par deux avocats commis d’office. Pour ces avocats, il faut se départir des sentiments pour faire valoir le droit. Louis Aimé Sanou, pour sa défense a reconnu les assassinats, mais il n’était pas conscient des actes qu’il posait parce qu’une personne normale ne peut pas agir ainsi. L’acte de Louis Aimé Sanou a été posé dans un état de démence, selon ses avocats qui ont étayé leur propos par une expertise psychiatrique. Ils ont alors demandé à ce qu’il soit relaxé purement et simplement « parce qu’il n’y a pas de délit ». Ils ont également demandé que Louis Aimé Sanou soit placé dans une maison de rééducation pour être suivi.

L’avocat de la famille de Gnangaté n’a pas du tout partagé ces arguments. Pour lui, Louis Aimé Sanou était bel et bien conscient des actes qu’il posait. Des actes bien réfléchis et minutieusement préparés. Il était guidé par l’envie de posséder une mobylette. Mais les méthodes utilisées pour l’avoir sont inadmissibles. L’avocat a alors souhaité que la sanction soit à la hauteur de l’acte. La famille de Gnangaté, constituée partie civile a demandé 1 F symbolique de dommage et intérêt, tout comme la congrégation des écoles chrétiennes de Bobo.

Pour le procureur général, Louis Aimé Sanou ne bénéficie d’aucune excuse, ni d’aucune circonstance atténuante. Il a rejeté en bloc l’idée de folie parce que l’assassin a des mobiles quand il commet ses crimes. Il a alors demandé que Louis Aimé Sanou soit condamné à la peine de mort, souhait qui a été suivi par la Cour. Dans son verdict, la cour a condamné Louis Aimé Sanou à la peine de mort. Il a été également condamné à verser à la famille de Gnangaté et à la congrégation des écoles chrétiennes 1 F symbolique de dommage et intérêt.

Adaman DRABO


Les autres aspects du procès

Première session de la Chambre criminelle

La première session de la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Bobo a commencé le 24 juin et doit prendre fin le 30 juin prochain. Elle aura à traiter de 15 dossiers relatifs à des assassinats, des vols aggravés, de recel d’objets volés, de mutilation de cadavres, etc. C’est dans le cadre de cette première session qu’a été jugé le dossier de Louis Aimé Sanou.

Hé Dieu !

C’est la salle de mariage de la mairie de Dafra qui abrite la première session de la Chambre criminelle de la Cour d’appel. Le palais de justice est en réfection. La salle s’est avérée petite pour le procès de Louis Aimé Sanou. Et lorsque celui-ci accompagné des GSP a été introduit dans la salle, une femme n’a pas pu s’empêcher de crier « Hé Dieu ».

Les larmes du procès

Le procès de Louis Aimé Sanou a été plein d’émotions. La salle à un moment donné était devenue tellement calme qu’on entendait les bourdonnements des mouches. Des âmes sensibles n’ont pas pu retenir leurs larmes. A la lecture des circonstances et de la manière dont Louis Aimé Sanou a tué des victimes, surtout le petit Gnangaté un homme a fondu en larmes dans la salle. Beaucoup de ceux qui étaient présents ont sorti leur mouchoir. Une femme, en larmes a carrément quitté la salle pour ne plus y revenir. C’était émouvant.

Le matériel de Louis Aimé

Lors du procès de Louis Aimé Sanou, on a montré à l’assistance les outils qu’il utilisait pour commettre ses crimes. Une machette, un pied de biche, un marteau, des sacs... tout ce matériel était dans un carton.

Sécurité renforcée

La sécurité a été renforcée pendant le procès. La mairie de Dafra a été gardée par les policiers, les gendarmes et les GSP. L’entrée da la salle était filtrée.

Oui sur toute la ligne

Retirée pour leur délibération, la Cour qui devait décider du sort de Louis Aimé Sanou a eu à répondre aux questions qui devaient guider son choix. Ces questions étaient. : A -t-il donné la mort ? Son acte était-il prémédité ? Est-il coupable ? Le vol de la mobylette P50 Ninja est-il avéré ? Y a-t-il eu violences nouvelles ? Bénéficie-t-il de circonstances atténuantes ? Souffre-t-il de démence ? A toutes ces questions la Cour a répondu par « oui » à la majorité pour les cinq premières questions et « non » à la majorité pour les deux dernières. Le verdict qui s’en est suivi est alors sans équivoque : la peine de mort.

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