Actualités :: Santé : Qui veut liquider la CAMEG ?

Le développement et la bonne santé économique d’un pays reposent sur la santé de ses populations, qu’elles soient riches ou pauvres. Et comme on aime à le dire " la santé n’a pas de prix", c’est l’affaire de tous.

Conscient de la situation, l’Etat burkinabè a vite fait de trouver une solution aux problèmes liés au domaine, dans les villes et campagnes : les médicaments essentiels génériques (MEG) ; des produits " aussi efficaces que les spécialités" et dont les prix sont le plus social possible.

C’est la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) qui a eu pour mission la ventilation de ces produits à travers tout le territoire national ; et ce, depuis 1994. Après plusieurs années passées à asseoir la notoriété de ces produits devant la réticence des populations (scepticisme lié au prix bas des médicaments essentiels génériques), cette entité de droit privé a donné des résultats probants sur le terrain.

Selon des chiffres provenant du ministère de la Santé, la valeur totale des importations de médicaments essentiels génériques (MEG) s’élevait à 3,363 milliards de F CFA en 1997, la valeur totale de leur vente était estimée, quant à elle, à 5 milliards de F CFA en 1999. Pourrait s’ajouter à cela, le bond qualitatif au niveau du chiffre d’affaires de la CAMEG. De 2,4 milliards de F CFA en 1997, ce chiffre est passé en 1998, à 3,7 milliards de F CFA.

L’eau s’est avérée poissonneuse. Et cela ne peut que faire aujourd’hui l’affaire des "gros caïmans" friands et cupides.
Ces "gros caïmans" de la place, tenus en laisse par des multinationales ou autres firmes pharmaceutiques internationales, s’attellent aujourd’hui à déposséder la Centrale de son "quasi-monopole" (95% du marché du générique au Burkina Faso). Certains envisagent même le démantèlement pur et simple de cette institution pourtant véritable moyen de lutte contre la pauvreté. Il y a donc péril en la demeure...

Nous sommes dans un monde en perpétuelle évolution, où le libéralisme occupe de plus en plus du terrain. Cela justifie les privatisations par-ci et les libéralisations par-là. Mais l’Etat burkinabè se doit de garder un oeil sur ce domaine très sensible. Permettre à des aventuriers de tout acabit de se lancer dans l’importation et la vente, sur le territoire national, des MEG, représente une menace sérieuse pour les populations à majorité pauvres. Ce sont plus de 40% de Burkinabè qui pataugent dans la pauvreté absolue et qui ont profité de cette manne qu’est la CAMEG. Plus on est pauvre, plus on est exposé aux maladies.

Le démantèlement de cette institution n’aura pas seulement pour conséquence l’envoi au chômage de centaines de personnes. Il serait aussi synonyme d’anarchie dans la commercialisation des médicaments essentiels génériques. L’Etat et les associations de consommateurs présentent de nombreuses insuffisances en ce qui concerne les produits alimentaires périmés ou de mauvaise qualité qui font leur entrée sur le territoire.

Combien de fois ont-ils été interpellés pour la présence de produits non conformes aux normes sur le marché ? Quelles actions ont été menées sur le terrain pour mettre fin à de telles pratiques ?
L’Etat et les associations de consommateurs sauront-ils contrôler la filière des médicaments génériques, en cas de libéralisation de celle-ci ?

La concurrence , dans la pratique, est une bonne chose. Elle permet une meilleure desserte des consommateurs. Elle permet également une meilleure organisation des filières dans lesquelles elle a su s’imposer. Elle entraîne enfin, une baisse des prix des produits. Mais dans le cas d’espèce, laisser installer la concurrence dans la filière du générique, ne serait-ce pas ouvrir les portes aux produits génériques déclassés, émanant des grandes firmes occidentales ? Ou mieux, ne serait-ce pas exposer ces populations qui côtoient pauvreté et maladies à des risques d’empoisonnement ?

La maîtrise de la gestion des médicaments essentiels génériques constitue un des maillons essentiels pour la réussite des programmes de santé dans notre pays. Des prix sociaux ont été arrêtés par le gouvernement ; et des directives sont prises pour s’assurer de la bonne qualité des produits avant leur mise sur le marché. Le libéralisme sauvage en matière de concurrence dans le domaine des MEG s’annonce comme une véritable menace sanitaire pour les populations.

Le démantèlement d’une institution comme la CAMEG, dans un pays comme le nôtre (les associations de consommateurs sont atones et aphones), est une idée plus que suicidaire. Elle est même démentielle. Le domaine de la santé ne doit pas se prêter à une privatisation tous azimuts. La santé est une affaire bien trop sérieuse pour être laissée aux mains de gens qui ne sont sensibles qu’aux profits.

Le Pays

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