Près d’un mois après un article sur la peste porcine africaine paru dans nos colonnes, sous la plume du Directeur de la Communication du ministère des Ressources animales, le directeur général des services vétérinaires apporte la mise au point suivante. Pour lui, il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure parce que la peste porcine africaine ne se transmet pas à l’homme.
Suite à l’article intitulé : " Peste porcine africaine : attention au porc au four" paru dans "Le Pays" n°3356 du vendredi 15 avril 2005, je voudrais par la présente apporter quelques précisions pour lever toute équivoque sur la connaissance épidémiologique de la maladie.
Définition de la P.P.A.
La peste porcine africaine est une affection virale des suidés (porcs domestiques et phacochères). Elle est contagieuse chez les porcs et se caractérise par des taux de mortalité atteignant 95% à 100% lors des épizooties dans les zones nouvellement atteintes. Il n’existe ni médicament, ni vaccin contre la peste porcine africaine. Le seul moyen de lutte est l’application des mesures sanitaires. La peste porcine africaine n’affecte ni les êtres humains ni les autres espèces animales contrairement à ce que l’article stipule.
Situation de la P.P.A dans la sous-région et au Burkina Faso
La première épizootie de la peste porcine africaine de la sous-région s’est déclarée en Côte d’Ivoire en 1996. Cette situation a entraîné la mort et l’abattage de 92 455 porcs. En 1997 une épizootie de la peste porcine africaine a été signalée au Bénin avec pour conséquence la mort et l’abattage d’environ 106 000 porcs. Le Togo et le Nigeria ont été touchés par la maladie en 1998. En 1999 c’était au tour du Ghana d’être frappé par la maladie. Aujourd’hui la peste porcine africaine existe dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest.
Le Burkina Faso a connu son premier foyer de peste porcine africaine en août 2003 à la Kompienga, localité qui fait frontière avec le Togo. L’application des mesures sanitaires suivantes a permis de contrôler la maladie. :
abattage de tous les porcs de la localité estimés à 1 376 ;
renforcement de la surveillance épidémiologique ;
information, sensibilisation et formation des éleveurs et des charcutiers des régions de l’Est, du Centre-Est, du Centre, du Centre-Ouest, des Hauts-Bassins, du Sud-Ouest et de la Boucle du Mouhoun.
En août 2004, le chef- lieu du département de Saaba et la Commune de Ouagadougou ont connu leurs premiers foyers de P.P.A. Les mesures de lutte suivantes ont été prises.
Rencontres d’ information et de sensibilisation sur les mesures de lutte préconisées avec les éleveurs de porcs regroupés dans l"Association des éleveurs de porcs de Ouagadougou" et les charcutiers regroupés dans " l’association des abattants de porcs".
Prise de l’ arrêté n°176/MATD/PRAD/HC/CB du 24 novembre 2004 par le Haut commissariat du Kadiogo portant déclaration d’infection de peste porcine africaine dans la province. L’arrêté prescrit des mesures de police zoo-sanitaire pour le contrôle de la maladie dans les zones infectées pour éviter son expansion dans les zones indemnes. Le concours des départements ministériels de la sécurité et de la défense a été sollicité pour le contrôle des mouvements des porcs entre les zones infectées et les zones indemnes.
recensement des élevages porcins de la province du Kadiogo ; les exploitations qui ont connu des mortalités ont fait l’objet de désinfection ;
appui aux éleveurs pour la destruction des animaux morts.
Le mode d’élevage porcin divaguant et le non respect des prescriptions de limitation des déplacements des porcs entre les zones infectées et les autres localités considérées indemnes de la maladie rendent difficile l’élimination de la Peste porcine africaine.
L’épizootie de la Province du Kadiogo occasionné à la date du 6 mai 2005 la mort d’environ 4 000 porcins sur un effectif estimé à 149 588 têtes. Depuis fin mars on constate une accalmie due certainement à un début d’application des mesures de lutte par les acteurs de la filière. Nous invitons les éleveurs et les charcutiers à ne pas baisser la garde car le plus important pour le contrôle de la maladie demeure la surveillance qui permet la détection précoce de la maladie et la prise des mesures sanitaires rapides.
Nous saluons au passage l’implication des responsables des deux associations d’éleveurs et d’abattants de porcs aux côtés des services du ministère des Ressources animales pour la mise en oeuvre des mesures de lutte contre la maladie.
Consommation des viandes de porcs
La peste porcine africaine n’ est pas une maladie transmissible à l’homme. Cependant la viande issue des animaux malades de la peste porcine africaine est insalubre à la consommation et fait l’objet de saisies totales lors de l’inspection. Les carcasses saisies, les animaux malades ou morts de P.P.A. subissent une destruction sanitaire afin d’éviter la propagation du virus causal qui possède une très haute contagiosité pour l’espèce porcine.
Les services vétérinaires à travers le suivi des exploitations porcines et l’inspection des viandes veillent à ce que les produits livrés à la consommation soient sains et sans danger pour le consommateur. Cependant, nous sollicitons le concours des populations pour la répression des abattages clandestins qui constituent aujourd’hui un véritable problème de santé publique.
La Direction générale des services vétérinaires reste disponible pour toutes autres précisions en cas de besoin.
Le Directeur Général
Zacharie COMPAORE
Chevalier de l’Ordre national
