Actualités :: Décorticage d’arachides à Pouytenga : "D’énormes’’ risques pour des (...)

Pouytenga, situé à plus de 130 km à l’Est de la capitale aux allures d’une cité où tout bouge. Les affaires marchent, les initiatives aussi. C’est dans cette ambiance que s’est développé le métier de décortiqueur d’arachides. Ce jour-là, ils étaient une cinquantaine plongés dans le lit d’une rivière en plein centre de Pouytenga. Là, ils exercent leur métier.

Recouverts de débris de coques broyées, les décortiqueurs d’arachides sont en quête d’un mieux-être. Et ils sont donc nombreux à se lancer dans cette activité. Leur métier, débarrasser les graines d’arachides de leur coque. En contre-partie, ils perçoivent une rémunération.

Debout sous un soleil de plomb, assis sous des hangars de fortune, l’activité les emballe. Ni le soleil, ni la chaleur torride de ce mois d’avril, encore moins les capsules de coques qui "polluent l’air’’, n’ont donc raison de la volonté des décortiqueurs de vaquer à leur occupation. Alassane Konkobo et ses camarades transpiraient à grosses gouttes.

Devant des sacs d’arachides et leurs machines (les décortiqueuses) installées dans le lit de la rivière asséchée, chacun fait son travail. Les uns enfouissent des graines d’arachides dans des sacs, les autres font du vannage. D’autres encore et les plus nombreux, tournent les décortiqueuses à la main en vue de broyer les coques d’arachides. Ils affrontent le soleil pour leur survie. "Par jour, je peux décortiquer plus de 40 sacs en raison de 125 FCFA, l’unité.

Ce métier est pour moi un gagne-pain. Grâce à cela, je subviens parfaitement à mes besoins’’, dit Alassane. "Des familles entières tirent l’essentiel de leurs revenus de cette activité’’, renchérit Samuel Balma. Tous deux, vêtus de haillons, ne regrettent pas de s’être lancés dans le décorticage d’arachides. D’autant plus, avouent-ils, "ce métier éloigne de nous l’oisivité". Abibou Sandwidi, une dame à la cinquantaine, semble partager cet avis.

"Pour éviter de ne rien faire, je préfère me lancer dans cette activité", note-t-elle d’un air plutôt détendu. "A mon âge, il faut faire quelque chose", dit-elle, tout en ramassant des coques d’arachides décortiquées qu’elle s’apprête à vanner.

L’ambiance est donc au travail. Chacun vaque à ses occupations, sans trop se soucier de ce que fait l’autre. Les bêtes domestiques sont aussi de la partie. Moutons, ânes, chèvres, bœufs... autant d’animaux qui viennent à la place en quête de quoi brouter. Ils côtoient ainsi les décortiqueurs d’arachides de Pouytenga. A vue d’œil, l’on aperçoit une montagne de coques décortiquées. Preuve que le travail avance bon an, mal an.

Un métier ouvert

Il faut s’occuper. Tel semble le mot d’ordre chez les Pouytengaiens. Une maxime sinon une devise, qui contre vents et marée, apporte ses fruits. Le travail est là. Il suffit d’avoir de l’initiative et surtout du courage, a laissé entendre Alassane Konkobo. Issus de tous les divers horizons et d’âge différent, les décortiqueurs d’arachides bravent donc toutes sortes d’adversités pour se faire une place au soleil. Le métier, selon ses praticiens est ouvert à tous. Même si à l’origine se trouve un sourd-muet qui se présente comme "le père fondateur" d’un passe-temps qui fait le bonheur de nombreuses personnes.

Ce n’est pas le courage qui leur fait défaut. "C’est fatiguant. Mais que voulez-vous, rien n’est facile dans la vie. Il faut s’occuper et c’est l’essentiel", confie Abibou Sandwidi. Avec le décorticage d’arachides, tous les âges travaillent à Pouytenga. Des vieilles personnes en passant par les jeunes jusqu’aux petits, chacun s’y met. Et ce sont les frontières du chômage qui s’éloignent un peu plus de cette façon. A Pouytenga, le métier des décortiqueurs d’arachides est un travail de chaîne.

Des propriétaires d’arachides contractent avec des décortiqueurs qui, à leur tour, louent les machines (les décortiqueuses) à cet effet. Chacun à son niveau arrive à tirer son épingle du jeu. Une véritable solidarité dans l’action s’impose pour cela. L’entraide mutuelle est donc de mise. "On s’aide et se soutient", s’est empressée de déclarer Adjara Lompo, propriétaire de sacs d’arachides. "Quand je fais décortiquer de l’arachide, les jeunes ou les femmes m’aident ensuite à les enfouir dans des sacs destinés à la vente", a-t-elle indiqué d’une voix calme.

Elle semble préoccupée à mesurer et à enfouir ses arachides dans des sacs entassés à proximité d’un hangar. L’informel s’exprime et se développe en effet dans cette localité du Burkina.

Le prix de la santé

Le vannage expose les décortiqueurs à d’énormes risques... Sans gants, sans aucune protection, exposés à tous les dangers, les décortiqueurs d’arachides font montre d’une ténacité pour le moins "indéfectible". Ils respirent à longueur de journée, des débris de coques qui se répandent dans l’atmosphère. Poussière, vent, soleil semblent être aux devants du calvaire que vivent ces gens-là.

Même s’ils affirment être conscients des dangers liés à cette activité. Ils n’entendent pas pour autant lâcher du lest, ils veulent continuer à exercer ce métier. Qui plus est, constitue pour beaucoup, un gagne-pain. "Nous avons peur surtout pour la santé des enfants, mais que voulez-vous, nous faisons avec", regrette un autre décortiqueur, déçu, mais fier d’avoir un métier.

Les enfants sont donc mis à contribution dans l’activité de décorticage des arachides. Ils apprennent auprès des "grands" à faire quelque chose. Si pour certains ce métier est un passe-temps, pour d’autres par contre, c’est autre chose ! Les avis en la matière divergent. "Je viens travailler pour avoir de l’argent", lance d’un ton amical, un décortiqueur préoccupé par ses activités.

A l’instar de toute œuvre, des difficultés existent. Les décortiqueurs en rencontrent chaque jour. Les couacs ne manquent donc pas. "Il arrive que l’on vienne nous déguerpir du lit de la rivière. Mais, nous ne cherchons qu’à exercer notre métier", s’est indignée Mariam Yago, une quinquagénaire. Son travail consiste à vanner les coques de manière à récolter par la suite, les graines d’arachides. Pourtant relève-t-elle, "ça me plaît de faire du vannage.

En plus, ça rapporte de l’argent. Outre le problème de site, je ne vis pas de difficultés particulières", s’est félicitée Mme Yago. Elle avoue travailler du matin au soir. Ce, pour au bout du compte, récolter un salaire misérable. Même si la grande majorité note que leur métier est pour eux un gagne-pain, il n’en demeure pas moins que le fruit de leurs efforts est maigre.

Pour ce faire, seuls les bras valides peuvent tirer un profit de ce jeu. La course contre la montre demeure leur leitmotiv. "Il faut aller vite et bien si tu veux gagner quelque chose", disent-ils. Une course qui leur impose en permanence de lutter contre la pauvreté sinon leur pauvreté. En se donnant du travail, ces jeunes, ces vieux et ces enfants contribuent à leur manière à la lutte pour un mieux-être. Quand bien ce travail est encore manuel. Signe que l’informel se développe dans les 4 coins du pays. Et c’est le développement qui gagne. Mais à quel prix ?

S. Nadoun COULIBALY (:coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
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