Actualités :: Fraternité des prisons : Favoriser la réinsertion

La semaine de prière en faveur des prisonniers, débutée le 10 avril 2005 a pris fin le 17 du même mois, à Ouagadougou. L’objectif était seulement de prier pour que Dieu les touche mais aussi qu’il touche les cœurs de tous les citoyens afin qu’ils visitent et prennent soin des prisonniers. Et cela en vue de faciliter leur réinsertion à leur sortie de prison.

Au dernier jour de la semaine de prière, les différents pasteurs réunis pour la circonstance, ont dit que la plupart des prisonniers ont été touchés au plus profond d’eux-mêmes de savoir que la nation entière s’est mobilisée pour leur cause. Ensemble, les prisonniers ont partagé l’amour de Dieu et du prochain, à travers l’Évangile, la séance de réconciliation avec des victimes, une réception pour les anciens prisonniers et leurs familles, une visite aux responsables de l’administration pénitentiaire et aux familles des prisonniers....

Les serviteurs de Dieu et les fidèles ont particulièrement prié pour les victimes de crimes afin que Dieu apaise leur douleur et leur donne la force et le courage de pardonner à ceux qui ont commis le forfait . Ils ont également intercédé pour que la justice soit administrée avec indulgence et pour que les législateurs promulguent des lois qui mèneront à la restauration des contrevenants et l’harmonie dans la société.

Tout au long de la semaine, de 13 h à 14 h 30, les prisonniers ,toutes religions confondues, se retrouvaient à l’église de la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) pour écouter l’évangile et bénéficier des prière dites en leur faveur. Bien plus, ces moments de prières ont éveillé chez de nombreux citoyens le goût de rendre visite aux détenus et de leur apporter leur soutien moral, matériel, financier et surtout spirituel.

De l’avis du Pasteur Abel Roamba qui côtoie quotidiennement les prisonniers, le bilan de la semaine spirituelle est très positif. Il a expliqué que l’être humain ne pouvant rester insensible devant tant de marques d’affection, des prisonniers ont éclaté en sanglots, secoués par l’émotion : "Je ne peux pas comprendre que quelqu’un puisse m’aimer et venir à mon secours dans la prison", a dit l’un d’eux .

Et un autre de renchérir : "Comment des gens peuvent -ils venir jusqu’ici et prier pour moi ? Je n’arrive pas à comprendre que je puisse encore avoir de l’importance, à ce point là". Pour le Pasteur Abel Roamba, même si aux yeux du monde, le prisonnier perd sa dignité, il faut prendre soin de lui parce qu’il a été créé à l’image de Dieu et Dieu ne rejette personne.

La triste réalité de la prison

"L’homosexualité règne dans la prison. La faim aussi. Et il faut "donner son corps pour avoir à manger", a révélé un ancien prisonnier. Et un autre de soutenir que la violence règne et les faibles sont les victimes des plus forts . Ce que confirme Monsieur Éric Kalga, un ex-prisonnier du bâtiment C de la prison de Yopougon (Côte d’Ivoire), où mille deux cent (1200) prisonniers partagent un local prévu pour abriter quatre cent (400) personnes. Monsieur Éric Kalga soutient aussi que grâce à la prière, des prisonniers ont été restaurés dans leur dignité d’enfant de Dieu et devenus des serviteurs de Dieu.

La prison, source de libération

Pour le Pasteur Simon Poda, "les fois les plus profondes sortent des prisons". De son point de vue, la prison, contrairement à ce qu’on pense, libère. "Elle libère de la prison extérieure qu’est le monde et ses penchants. A quoi sert d’être libre et être prisonnier à l’intérieur de soi-même si l’on n’a pas la paix du coeur ? Il n’y a que la guérison intérieure et la libération interne qui puissent affranchir l’être humain" ,souligne-t-il. Dans cette perspective, il a dit qu’à partir des prisons, le royaume de Dieu peut s’étendre grâce à l’Évangile.

Le Pasteur Philippe Monné abonde dans le même sens en soutenant que "des gens sont sortis de la prison et ont changé l’histoire du monde" . Il a cité en référence Nelson Mandela, qui a passé 27 ans en prison. Devenu président de l’Afrique du Sud par la suite, il donne un exemple de démocratie en quittant volontairement la présidence.

Insistant sur la nécessité de prendre soin des prisonniers avant et après leur sortie de prison, le Pasteur Monné a insisté sur ce que Nelson Mandela a dit au gouvernement sud-africain le jour de sa libération, le 11 février 1990 : "Je vous salue tous au nom de la paix, de la démocratie et de la liberté pour tous. Je me présente devant vous non comme un prophète mais comme un humble serviteur du peuple.

Si je suis ici aujourd’hui, c’est grâce aux sacrifices héroïques que vous avez consentis sans relâche : c’est donc entre vos mains que je remets les années qui me restent à vivre".

Nelson Mandela a su faire, selon lui ,preuve de pardon et d’humilité et s’est laissé envahir par la grâce de Dieu. Le Pasteur Philippe Monné invite, de ce fait, tout le monde, puisque chacun est prisonnier à sa façon , à imiter l’exemple de Nelson Mandela.

Aimée Florentine KABORE (kaborette@ yahoo.fr)
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