Actualités :: André Compaoré : "Mon périple avec Jean Paul II"

Le pape Jean Paul II, durant son long pontificat, a gratifié le Burkina Faso de deux visites apostoliques. La première, c’était le 10 mai 1980 et il n’y a passé qu’une demi-journée. La seconde, c’était du 29 au 30 janvier 1990 et il a célébré des messes à Ouaga (Yagma) et Bobo-Dioulasso (place Tiéfo Amoro).

Notre compatriote M. André Compaoré, alors cadre à Air Afrique, a eu le privilège d’accompagner le pape lors de son périple africain en mai 1980. Un quart de siècle plus tard, il se souvient de ces 48 heures passées auprès du saint-père dans l’avion.

En quelques mots, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle André Compaoré. Je suis l’ancien directeur de cabinet du président Maurice Yaméogo. Après les événements du 3 janvier 1966, j’ai, durant quatre ans et demi, fait la prison.

A ma libération, je suis parti travailler pour la compagnie Air Afrique, où j’étais un cadre chargé des relations extérieures.

Avez-vous déjà vu le pape Jean Paul II ?

Oui, j’ai eu la chance de le voir, de lui serrez la main et même de faire une photo avec lui. C’était en 1980.

A quelle occasion cela s’est-il passé ?

J’ai été désigné par le P-DG de la compagnie à l’époque pour accompagner le pape durant son périple africain en mai 1980. Le saint-père devait visiter la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Burkina Faso (ex-Haute Volta).

C’est ainsi que j’ai eu l’honneur de l’accompagner à partir de la Côte d’Ivoire au Ghana, où il a passé une nuit. Le lendemain, il est arrivé au Burkina Faso. Il n’y a pas dormi.

Après la messe, il est reparti pour Abidjan, d’où il a continué sur Rome. Je l’ai accompagné durant tout ce périple. Il faut préciser que le pape voyageait à bord d’un avion d’Air Afrique, qu’il avait loué.

Il était donc seul à bord ?

Oui. Il était avec sa suite, qui était composée de ses proches collaborateurs et de journalistes. Il n’y avait aucun client à bord puisque l’avion avait été loué.

Comme c’était un périple africain, le pape a tenu à voyager à bord d’un avion d’une compagnie africaine.

Dans l’avion, Jean Paul II était-il facilement accessible ?

Non. On lui avait spécialement aménagé une sorte de cabine en première classe, où il était tout seul, isolé du reste de la délégation.

Comme on savait qu’il était un religieux, de surcroît le pape, on ne pouvait pas se permettre de le déranger si ce n’était pour lui demander ce qu’on devait lui servir comme rafraîchissement ou repas.

D’ailleurs, quand les stewards allaient débarrasser la table, on se rendait compte qu’il n’avait presque rien mangé.

Quel était votre rôle dans l’avion ?

C’était de m’assurer qu’il y avait le nécessaire à bord de l’avion, qu’il n’y avait pas d’incident à signaler. J’étais chargé d’enregistrer les éventuelles plaintes des passagers, et pour tout ce qu’ils voulaient, c’est à moi qu’ils s’adressaient. A chaque escale, je faisais un rapport à mes supérieurs.

Quand est-ce que votre mission a pris fin ?

Elle a pris fin à Rome, une fois que le pape est descendu de l’avion et a été accueilli par les autorités. Nous, nous avons continué sur Paris pour positionner l’avion, en vue des vols commerciaux.

Avez-vous eu l’occasion d’entrer en contact avec le pape dans l’avion ?

Oui. Une heure avant l’atterrissage à Rome, tout le personnel de l’avion, les hôtesses et les stewards surtout, est allé, chacun à son tour le saluer et lui dire au revoir.

A mon tour, quand je suis entré dans sa cabine, je me suis prosterné devant lui. Il s’est levé aussitôt, m’a pris par le bras et il a dit : « Allez, venez, on va faire une photo ». Nous avons fait la photo. J’étais très ému.

Je suis très fier de cette photo, que je garde jalousement jusqu’aujourd’hui. Je ne peux malheureusement pas vous la montrer parce qu’elle est encore dans mes bagages à Abidjan, cela parce que je n’ai pas encore fini de transférer toutes mes affaires au Burkina.

Quelle était l’ambiance dans l’avion ?

Bien entendu, on ne pouvait pas déranger le pape. Par contre avec la délégation papale, on devisait normalement. L’ambiance était franchement détendue.

Mais nous savions qu’il y avait le passager principal, le pape, qu’il ne fallait pas déranger. Il n’y a pas eu de problème particulier.

Dites-nous, vous qui avez eu l’occasion de voir le saint-père de si près, de le toucher et de faire une photo avec lui, qu’avez-vous ressenti à l’annonce de son décès ?

J’en étais très perturbé. D’abord sa maladie m’a tourmenté parce que je l’ai vu vraiment broyé par la souffrance, et on se demandait quand est-ce que cela finirait.

Je n’avais jamais eu l’occasion de m’approcher d’un pape auparavant. C’est le seul que j’aie pu approcher et je peux dire qu’il m’a bien traité.

Sa mort, bien qu’elle fût en réalité une délivrance-il souffrait beaucoup-, m’a terriblement bouleversé. On ne peut que prier pour lui.

Que retenez-vous de l’homme ?

C’était un grand pape, à mon avis. Mon opinion ne vient pas des journalistes ; ce ne sont pas des idées reçues du fait même que je l’aie approché. Vous savez, des personnages comme lui, quand on les regarde à travers les médias, on a souvent d’eux une image erronée.

Mais lui, je l’ai approché, il m’a tenu la main et on a fait une photo ensemble. Je me suis demandé comment cet homme, si haut placé à l’échelle mondiale pouvait également être si simple.

C’est donc aussi sa simplicité qui m’a le plus frappé. Et quand on était avec lui, vraiment on se sentait bien, on n’était pas intimidé par sa grandeur, justement parce qu’il savait faire preuve d’une grande humilité. C’est une qualité.

Sa maladie m’avait beaucoup marqué. Bien sûr, la mort, c’est toujours un malheur, mais moi je dis que pour ce qui concerne le pape, elle l’a soulagé et libéré. Nous pleurons sa mort parce qu’il a été un grand pape.

Propos recueillis par San Evariste Barro

Observateur Paalga

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