Le samedi 2 avril 2005, le Vatican a officiellement annoncé dans l’après-midi, le décès du pape Jean Paul II. Nous avons approché des fidèles catholiques du diocèse de Ouahigouya dont Monseigneur Philippe Ouédraogo, évêque de Ouahigouya. Voici les sentiments qui les animent.
"Le Pays" : Quel est votre état d’esprit après la disparition du pape Jean-Paul II ?
Monseigneur Philippe Ouédraogo : Merci de l’intérêt que vous portez à la vie de l’Eglise et à l’entrée du Saint Père dans la vie. Comme dirait Sainte Thérèse, " je ne meurs pas, j’entre dans la vie". C’est cela l’espérance des chrétiens. Alors, c’est certainement un événement très important, très douloureux, non seulement pour les chrétiens et les catéchumènes, mais aussi pour l’ensemble de l’humanité. Parce qu’il était vraiment "tout à tous" .
Il était l’homme du monde entier. Il aimait cette humanité et lui voulait du bien. Et c’est pour cela d’ailleurs qu’il disait ce qu’il avait à dire aux uns et aux autres, et même au prix de certaines incompréhensions. Il a fait son travail, il a mené le bon combat. Son décès nous afflige certes, mais nous rendons grâce au Seigneur pour nous avoir donné un tel pape et nous le remercions pour ce qui lui a été donné de faire pour le bien de l’humanité et pour le bien de l’Eglise.
Voilà un peu notre foi et notre espérance en cette circonstance douloureuse. Aux fidèles chrétiens, je dirai que la vie est une continuité, tout appartient au Seigneur. Les obsèques sont prévues pour vendredi, le Burkina Faso va voir comment y participer. Pour cela, il y a une réunion du Conseil permanent de la Conférence épiscopale cet après—midi (ndlr, dimanche 3 avril).
Nous allons essayer d’encourager les chrétiens à prier , partout dans les églises, dans les villages, dans les familles... pour le Saint Père ; et de mettre toute notre confiance, notre espoir, notre abandon dans le Seigneur et bien entendu prier pour que nous ayions un successeur , un pape qui prendrait le relais pour le bien de l’Eglise , pour le bien de l’humanité. Alors, persévérons dans la prière, avec foi, avec confiance.
Mgr, on disait du pape Jean Paul II qu’il était très conservateur. Et selon certains ce pape est irremplaçable. Qu’en dites-vous ?
Il y a des prophètes de malheur. C’est l’Esprit Saint qui guide l’Eglise. Avant les hommes, c’est l’Esprit Saint, et Jésus a promis d’être avec l’Eglise jusqu’à la fin des temps. Je ne pense pas que Jésus laissera son Eglise aller dans la déchéance comme certains le pensent. Certes, il y a des difficultés. Des difficultés inhérentes à toute existence humaine, familiale, communautaire.
Mais nous vaincrons ; et Jésus ressuscité est toujours présent dans son Eglise et son esprit assiste l’Eglise ; Nous pensons qu’il assistera les cardinaux qui ont la mission de nous choisir le nouveau pape, et ils choisiront l’homme qu’il nous faudra pour les temps que nous vivons. C’est notre espérance et nous prions à cet effet-là.
Vous savez, les appréciations sont souvent subjectives ; chacun est dans sa tour d’ivoire avec ses points de repère propre, et tant qu’on ne va pas dans ce sens, c’est mauvais. Je pense alors que le pape avait d’autres points de repère.
Et ces points de repère fondamentaux c’est l’Evangile, c’est la fidélité au Christ, c’est la fidélité au dépôt de la foi dont il avait la mission de conserver et de promouvoir. Maintenant, avec les nouveaux problèmes qui surgissent , il faut trouver des réponses nouvelles : lui, il a essayé de donner les réponses qui lui paraissaient les plus opportunes, en fonction de ses points de repère, essentiellement l’Evangile.
Quand vous prenez tout ce qui touche la vie , tous les problèmes de l’avortement, les mariages homosexuels, etc. Que l’Eglise aille contre la vie ? Notre point de repère c’est l’Evangile d’abord. Toute vie humaine est sacrée. Alors, sur des questions litigieuses de ce genre, je ne vois pas comment le pape peut se conformer et donner des réponses simplement pour faire plaisir à cette humanité.
Bon, il y a des points beaucoup plus délicats, des recherches comme la manipulation génétique avec ses dangers, etc. la fécondation in vitro qui reste une chance à certaines conditions pour des couples qui, vraiment vivent des tragédies et qui n’arrivent pas a avoir la prématernité, donc la procréation, ceci étant, on doit manipuler la vie, on doit aborder les questions de la vie avec un très grand respect, parce que la vie humaine est sacrée. Donc le pape, on ne peut l’accuser d’avoir été un conservateur ; ce n’est pas lui qui invente Jésus. Le pape n’invente ni Jésus, ni l’Evangile.
Et il ne faut pas que le monde s’attende à ce qu’on invente un nouvel évangile pour simplement donner les réponses que les gens attendent de recevoir. Je pense que le pape a fait son travail et nous sommes fiers de ce qu’il a fait ; nous rendons grâce au Seigneur de ce qu’il a fait, nous souhaitons seulement qu’il ait un successeur valable pour accompagner cette humanité qui, souvent aussi, vit des dérapages très certains et qui a besoin d’être aidée.
Propos recueillis par Lassina SANOU
Sidwaya
