A l’occasion de Pâques, fête chrétienne célébrée cette année le 27 mars prochain, Sidwaya a pu échanger avec l’Archevêque de Bobo-Dioulasso. Monseigneur Anselme Titianma Sanou a bien voulu parler de cette fête en révélant l’importance qu’elle revêt pour le chrétien.
Sidwaya (S.) : Quelle est la signification littérale de Pâques ?
Monseigneur Anselme Titianma Sanon (Mgr A.T.S.) : Dans l’orthographe française, vous trouverez Pâques et Pâque ou bien faire ses pâques pour les baptisés catholiques. Le terme vient de "Pécha" ou "pasqua" qui, au départ veut dire transition, passage. En se référant à l’Irak, on pourrait dire que c’est le passage d’Abraham de l’Irak actuelle à l’Egypte. Abraham lui-même, c’est ce grand migrant au nom de la foi et jusqu’à ce que ses petits fils (la génération qui lui était promise) arrivent jusqu’en Egypte et ressortent de ce pays pour atteindre la Terre promise. On voit d’abord toute la migration d’Abraham et, entre-temps, son sacrifice que les musulmans commémorent à une autre date. Le passage de la mer des roseaux (Mer Rouge) constitue également la Pâque. C’est en même temps le passage de l’ange du Seigneur qui épargne les fils des Hébreux. C’est aussi cette marche à travers le désert jusqu’à ce que les fils d’Abraham, guidés par Moise aillent offrir le sacrifice en réplique au sacrifice d’Abraham et continuent la marche au désert. L’exode est considéré comme une Pâque jusqu’à ce qu’ils arrivent à la Terre promise. Pâques peut alors signifier passage, transition, délivrance. Jésus a inséré sa propre tradition dans cette coutume et il a anticipé le repas de Pâques avec ses disciples (Jeudi saint), sa mort, son immolation le Vendredi qui précédait le grand Sabbat et le lendemain du grand Sabbat, il a achevé sa transition de la mort à la délivrance. Cela paraît comme un roman, mais la vérité des faits est beaucoup plus tragique parce qu’il s’agit d’un prisonnier de droit commun finalement qui a été arrêté, bafoué et mis à mort. Le lendemain de la tradition juive, ses disciples viennent avec un certain nombre de faits en main et des témoins en disant "Il est dans le monde des vivants". Pâques pour les chrétiens, c’est cet événement de Jésus-Christ.
S. : Quelle importance doit avoir cette fête pour les chrétiens ?
Mgr A.T.S. : En fait, pour les chrétiens, c’est la seule fête. L’évangélisation missionnaire et un certain nombre d’éléments (période des récoltes, année nouvelle) ont fait croire que Noël était la grande fête des chrétiens, leur première fête. Dans la tradition pourtant, la fête de Noël est venue trois siècles après tandis que l’Eglise les chrétiens naissent de Pâques. Comme dit un texte : "A quoi cela nous aurait servi qu’il soit né s’il ne nous avait pas racheté et s’il n’était pas ressuscité ?" Pâques, c’est la fête des fêtes, la première fête, le grand jour des chrétiens et de la foi chrétienne. De même l’exode fondait le peuple d’Israël, de même la pâques chrétienne fonde la foi, la vie et le devenir des chrétiens et donc de l’Eglise. Alors, on ne peut pas comparer la fête de Pâques à d’autres fêtes parce que c’est à partir d’elle que le reste, petit à petit, s’est organisé. Dès le départ, ce soir de Pâques, ce dimanche après le Sabbat, les témoins et d’autres personnes ont retrouvé courage pour se rassembler au point d’affronter les mêmes autorités qui étaient là alors que quelques jours avant, c’était la panique. L’année suivante, ils ont recélébré l’événement. En l’espace d’une année à partir de la Pentecôte, on a retrouvé des croyants jusqu’à l’autre bout du monde connu de l’époque. Venus pour la Pâque et la Pentecôte des Juifs, ils ont reçu le message et ils sont repartis répandre cette nouvelle foi. Ils ont pris les trois jours de veillée (le tridium) comme un tout, ensuite, ils ont pris la semaine (ce que nous appelons la Semaine sainte), puis les quinze (15) jours, puis les trois (03) semaines et quarante (40) jours du carême jusqu’à la Pentecôte, c’est-à-dire cinquante (50) jours après Pâques. Ce n’est qu’après qu’on a cherché la date de naissance de Jésus et qu’on la mise en valeur.
S. : Quel est votre message pour les chrétiens de l’archidiocèse de Bobo et ceux du Burkina ?
Mgr A.T.S. : C’est d’abord d’admirer cet événement qu’est Pâques. Le chrétien qui prend conscience de sa foi, d’où il est né ne peut qu’admirer la main de Dieu. Comme on dit : "Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie". On le dit du dimanche, mais Pâques est le premier dimanche, jour du Seigneur. Deux mille (2 000) ans après l’événement, je dis d’admirer ce que la résurrection du Christ a apporté dans le monde. Il s’agit de la réflexion sur le respect de la personne humaine, le respect des droits de la personne, même du prisonnier le plus coupable qui soit, le respect de la vie, ... Quand nous voyons aujourd’hui, tous ces cris qui montent de la terre et qui semblent perdus, on se demande quelle est la porte d’issue. Cela me donne la même impression lorsque les apôtres se sont trouvés impuissants devant Ponce Pilate,un gouverneur lâche, un parti religieux intolérant (les pharisiens), des intellectuels (les scribes) qui falsifiaient (Jésus le leur avait dit) la Parole de Dieu, une justice qui se contentait de trop peu, sans faire d’enquête. Tout était sans issue, mais c’est cette mort de l’Innocent qui a permis à cette société juive de se remettre en cause et malheureusement cela ne s’est pas fait à temps. En l’an 70 en effet, Jérusalem est détruite et le problème perdure jusqu’aujourd’hui avec Israël par rapport aux Palestiniens.
Aujourd’hui, nous vivons les mêmes situations et ce n’est pas sans issue. Je m’adresse à ces enfants soldats, objet de trafic, à ces veuves dont les enfants sont là et meurent de pauvreté. Je dis que cette souffrance n’est pas vaine si elle rejoint sa source. Mais en même temps, aujourd’hui, on peut revendiquer ses droits et tout humain qui le fait a en lui la force de la résurrection qu’il soit chrétien ou non.
Il n’y a que la paix qui peut sauver le monde. Jésus lui-même dit : "Je vous donne la paix, non pas comme le monde la donne par la guerre", mais par ce service, ce sacrifice qui permet à l’humanité de ne pas mourir, de reprendre vie.
La résurrection n’est pas l’apparition d’un fantôme et c’est là la croix de l’intelligence humaine et du croyant. Comment ne pas chercher parmi les morts ensevelis celui qui est revenu à vie ? Le monde de la résurrection qui fait frontière avec le monde de mort et de vie que nous connaissons et le monde de vie en Dieu, les apôtres ont vécu cette expérience pendant quarante (40) jours et c’est cela la base de la foi chrétienne.
Propos recueillis par
Urbain KABORE et Clarisse HEMA
Sidwaya
Programme Cathédrale Notre Dame de Lourdes
Bobo-Dioulasso
Jeudi 24 mars 2005 (Jeudi saint)
18h15 : Messe présidée par l’archevêque
Vendredi 25 mars 2005 (Vendredi saint, la Passion du Christ)
15h00 : Chemin de croix
18h15 : Messe
Samedi 26 mars 2005 (Samedi saint)
8h30 : Régularisation de mariages
21h00 : Messe et baptême des adultes présidés par l’archevêque
Dimanche 27 mars 2005 (Pâques)
8h30 : Messe et baptême des enfants
Lundi 28 mars 2005 (lundi de Pâques)
8h30 : Messe d’action de grâce des néophytes (nouveaux baptisés) et bénédiction des alliances.
